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Marcelo Moreno Martins, rendez-vous en terrain connu

Par Thomas Allain
7 minutes
Marcelo Moreno Martins, rendez-vous en terrain connu

Ce vendredi soir, Marcelo Moreno Martins a rendez-vous avec son histoire. L’attaquant de pointe de la sélection bolivienne va disputer à São Paulo le match d’ouverture de la Copa América face au Brésil. Son Brésil.

Marcelo Moreno Martins est le fruit de l’union entre une Bolivienne et un joueur de football professionnel brésilien. Né en Bolivie en 1987, il découvre le Brésil à l’âge de deux ans au moment où son père signe pour le club de Palmeiras, basé à São Paulo. La famille passe plusieurs années dans la ville brésilienne et ne revient en Bolivie qu’une décennie plus tard lorsque la figure paternelle décide de raccrocher les crampons. Ado passionné par le ballon rond, Marcelo brille avec les catégories jeunes du club local, l’Oriente Petrolero. Âgé de 17 ans et sans contrat professionnel, il effectue des débuts remarqués en Liga bolivienne en inscrivant deux buts en cinq rencontres. Il ne le sait pas encore, mais ces cinq apparitions seront les seules de sa carrière dans le championnat andin. Au Brésil, Vitória de Bahia (3e division) lui fait les yeux doux et l’Oriente Petrolero accepte de prêter sa pépite en cours de saison. De retour dans le pays de son enfance, Marcelo s’éclate. Triple M devient titulaire dans son nouveau club et claque 12 buts en 30 matchs. Le début d’une longue histoire d’amour avec le Brésil.

L’ultimatum

Le public brésilien découvre un jeune joueur doté d’un bon jeu de tête et d’une intelligence de déplacement bien au-dessus de la moyenne. Son éclosion à Bahia lui ouvre les portes du prestigieux club de Cruzeiro où il compense ses lacunes techniques par son excellent sens du but. Au fil de la saison, il devient titulaire et fini par être sélectionné dans les catégories jeunes brésiliennes. Cette convocation est perçue d’un mauvais œil en Bolivie, mais qu’importe, l’opportunité est trop belle. « La Bolivie sera toujours dans mon cœur, mais j’ai choisi la sélection brésilienne, se permettra de déclarer le principal intéressé. Je me sens aussi brésilien que bolivien. » En acceptant cette proposition, Marcelo se refait un nom : l’état civil brésilien priorisant le nom de famille maternel, Marcelo Martins est contraint de laisser de côté le nom de son père au détriment de celui de sa mère. Désormais, appelez-le Marcelo Moreno.

Le jeune espoir devient le premier joueur « étranger » à revêtir la tunique de la Seleção depuis 63 ans, toutes catégories confondues. Au fil des mois, il repousse les convocations venues de Bolivie et préfère briller avec les équipes U18 puis U20 auriverde, inscrivant 11 buts en 15 sélections. Le journaliste bolivien Roberto Acosta se souvient de l’ultimatum posé par le pays andin à l’époque : « Au bout d’un moment la Fédération a décidé de le convoquer avec les A, ce qui n’était pas encore arrivé avec le Brésil. » Le joueur doit trancher et, le cœur divisé, fini par accepter l’invitation. « Je crois qu’avec son père, ils ont dû se dire qu’il n’aurait peut-être jamais l’occasion de jouer avec la Seleção » , suppose Acosta. Marcelo Moreno redevient Marcelo Martins et choisit la sécurité plutôt que de se risquer à attendre une éventuelle convocation du pays quintuple champion du monde.

Délicate adaptation

Du haut de ses vingt ans, il devient la tête d’affiche de la sélection bolivienne et ne tarde pas à exploser aux yeux du continent sud-américain. En l’espace de quelques mois, il inscrit un doublé face au Venezuela et à l’Uruguay, fait trembler les filets paraguayens, participe pleinement à la victoire historique contre l’Argentine de Maradona et Messi (6-1) et, cerise sur le gâteau, inscrit un but face au Brésil. En club, Triple M ne faiblit pas et termine meilleur buteur de la Copa Libertadores 2008 avec Cruzeiro (8 réalisations). Ses bonnes prestations attirent l’œil du Vieux Continent, et le jeune joueur se laisse finalement séduire par la proposition du Chakhtar Donetsk. À seulement 20 ans, il s’engage contre 9 millions d’euros et devient le joueur le plus cher de l’histoire du pays andin.

En Ukraine, la transition est difficile. Le climat, la langue et le style de jeu sont autant de facteurs qui perturbent l’ascension du jeune prodige. Barré par une grosse concurrence au Chakhtar, il assiste du banc de touche à la victoire de son club en Coupe UEFA. Dans la foulée, l’attaquant est prêté au Werder de Brême puis à Wigan. Le bilan est maigre, et son passage en Europe est un échec, Marcelo s’est brûlé les ailes. En perdition, il accepte de revenir dans un pays qui ne l’a pas oublié : le Brésil. En 2012, il retrouve la confiance avec le club de Grêmio. Après un passage à Flamengo, il signe son retour dans le club de ses premières amours, Cruzeiro. Alors que le pays doit accueillir la Coupe du monde, Marcelo réalise l’une des plus grandes saisons de sa carrière et emmène son équipe sur le toit du championnat brésilien. Pour le journaliste bolivien Roberto Acosta, la carrière de l’attaquant est à son apogée. « En 2014, il a eu des regrets, car je crois que cette année, il aurait été titulaire avec le Brésil, analyse-t-il. La Seleção n’avait pas de numéro 9 de sa qualité, Martins aurait eu toutes ses chances, mais il avait déjà choisi la Bolivie. » Après une année couronnée de succès, il prend le risque de quitter un pays où tout lui réussit pour partir à la conquête du continent asiatique et plus précisément du championnat chinois.

Nul n’est prophète en son pays

Si Marcelo Martins fait l’unanimité au Brésil, c’est paradoxalement loin d’être le cas sur le territoire andin. Ses débuts prometteurs en sélection ont été freinés lors de son passage à vide en Europe. Celui qu’on surnomme El Flecheiro peine à entrer dans le cœur des Boliviens. En 2015, il décide de se retirer de la sélection tant que le technicien Baldivieso en sera le sélectionneur. Une nouvelle décision qui ne passe pas. « En dehors des frontières boliviennes, Martins est un joueur respecté, admiré pour sa carrière et sa trajectoire, mais ici ce n’est pas le cas » , rapporte Acosta. Le joueur est même rejeté par une partie du public qui n’a pas oublié son choix initial de défendre les couleurs brésiliennes. « Il n’a joué que très jeune avec l’Oriente Petrolero et les gens ne l’ont pas suivi comme au Brésil où ils ont pu découvrir tout son potentiel. »

Depuis, Martins est revenu par la petite porte en sélection et évolue toujours en Asie. Sans club entre juillet 2018 et mars 2019, il a signé avec une nouvelle équipe de seconde division chinoise, le Shijiazhuang Ever Bright. Ce nouveau contrat lui a permis de retrouver le chemin des filets, et ses appels du pied dans les médias boliviens auront finalement été entendus par le nouveau sélectionneur qui a décidé de le convoquer pour cette Copa América. Mis de côté en sélection depuis six mois, Martins était titulaire en amical face à la France, la faute à un manque de concurrence sur le front de l’attaque bolivienne. Ce vendredi soir, pour ce rendez-vous si spécial, celui qui compte 17 buts en 73 sélections (à trois réalisations du record de la Verde) sera sous le feu des projecteurs dans la ville qui l’a vu grandir, São Paulo. Lors du dernier affrontement entre les deux pays en 2017, El Flecheiro s’était incrusté sur la photo de l’équipe auriverde, histoire de se remémorer le bon vieux temps. Quoi qu’il en soit, à quelques jours de fêter ses 32 ans, Marcelo Moreno Martins aura à cœur de jouer l’une des plus belles partitions de sa carrière pour lui permettre, qui sait, d’atteindre son dernier rêve : rejouer sous les couleurs de Cruzeiro.

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Par Thomas Allain

Propos de Roberto Acosta recueillis par TA. Photo : FIFA

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