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Marcelo Bielsa à Leeds, la flamme qui ne s’éteindra pas
Le couperet est tombé ce dimanche sur les coups de midi après une quatrième défaite consécutive : Marcelo Bielsa n'est plus l'entraîneur de Leeds. La décision paraissait inévitable au regard de la pente glissante sur laquelle les Peacocks étaient engagés. Mais elle n'enlèvera rien à l’immense travail accompli par l'Argentin dans le Yorkshire.
Les histoires d’amour finissent mal, en général. Celle liant Marcelo Bielsa à Leeds fut intense et sincère. L’Argentin était arrivé en juin 2018, pour sortir les Peacocks de leur torpeur et les remettre sur le devant de la scène. Une mission accomplie haut la main. La lourde défaite contre Tottenham samedi à Elland Road a néanmoins été celle de trop. « Je dois agir dans le meilleur intérêt du club et je crois qu’un changement est nécessaire afin de garantir notre place en Premier League. Les récentes performances n’ont pas répondu à nos attentes », commentait le président Andrea Radrizzani dans son communiqué. Après 26 journées, Leeds n’est que 16e, avec deux points d’avance sur la zone rouge, et le statut peu envié de plus mauvaise défense de Premier League. Suffisant pour sceller la fin de sa collaboration avec Leeds, mais presque insignifiant à l’heure d’évoquer son bilan. N’en déplaise à ceux qui le qualifient de loser.
— Kalvin Phillips (@Kalvinphillips) February 27, 2022
The Revival
Comme l’a justement souligné Patrick Bamford ce dimanche après-midi, Bielsa restera « l’homme qui a tout changé pour tout le monde » à Leeds. Dès sa saison inaugurale, il mène ses troupes jusqu’en play-offs. Pour la première fois depuis la relégation de 2004, Leeds peut croire à un retour dans l’élite. Les Peacocks tombent en demi-finales contre le Derby County de Frank Lampard et Mason Mount, mais les premières pierres de l’édifice sont posées. Ce nouveau souffle porte le LUFC au sommet du championnat en 2019-2020. Au bout d’un interminable marathon de 46 journées : un total de 93 points synonyme de titre de champion et d’accession en Premier League. Leeds n’avait plus soulevé le moindre trophée depuis 1992, et regardait la PL d’en bas depuis 2004. Le club avait même passé trois saisons en League One de 2007 à 2010. Autant de « repères » joyeusement balayés par Illan Meslier, Ben White, Kalvin Phillips ou encore Patrick Bamford, tous propulsés dans une autre dimension par le technicien sud-américain.
De retour dans l’élite, Leeds tient tête au champion Liverpool à Anfield dans un thriller haletant (4-3). Le ton est donné. Marcelo Bielsa fait souffler un vent de fraîcheur sur la Premier League avec une équipe combative, audacieuse et agressive. Il y aura des gifles 5-1 à Old Trafford, 7-0 à l’Etihad ou 6-0 à Anfield. Mais il y aura aussi des victoires face à Manchester City et Tottenham, ainsi que des nuls contre Chelsea, Liverpool, Arsenal et Manchester United. Neuvièmes du championnat la saison passée, les Peacocks atteignent leur meilleur classement depuis l’exercice 2001-2002. « Pour le monde du football, ce n’est que du bonheur, louait son disciple Pep Guardiola au printemps dernier. Il respecte les adversaires, il joue pour les spectateurs, il joue la gagne de la même manière à domicile et à l’extérieur. Il rend toujours ses joueurs meilleurs et c’est la preuve qu’un entraîneur est bon. » D’emblée, Bielsa s’est mis les fans dans la poche avec son cocktail habituel : passion, sincérité et intensité.
Droit au cœur
Au-delà du visage affiché par son équipe sur le terrain, si Marcelo Bielsa a conquis son monde et laissé une trace indélébile dans l’histoire du LUFC, c’est aussi par sa personnalité. Un homme simple, toujours en jogging, que l’on peut croiser en train de faire ses courses au supermarché, ou installé à une table du Costa Coffee. Un homme obsédé par les détails. Parfois trop, en témoigne le « spygate » qui avait mis Lampard en rogne. Un homme tourné vers le collectif, qui n’hésitait jamais à glisser un mot sur les personnes travaillant en cuisine ou chargées de l’entretien du centre d’entraînement. Un homme, enfin, qui a toujours témoigné un immense respect aux fans. L’Argentin avait notamment envoyé ses joueurs ramasser des déchets pendant trois heures pour leur faire comprendre à quel point leurs supporters travaillaient dur pour pouvoir se payer une place au stade.
Marcelo gets a great reception as he’s mobbed by the #LUFC fans on arrival pic.twitter.com/eemBY8Q0Ku
— Leeds United (@LUFC) July 11, 2019
« Depuis son arrivée, Marcelo a eu un impact énorme sur le club, à une échelle que je n’avais jamais vue auparavant. Il a créé un héritage, en supervisant les améliorations majeures des infrastructures de Thorp Arch, en unissant les supporters et les joueurs, et en donnant une voie claire pour les jeunes joueurs dans la perspective d’intégrer l’équipe première », soulignait le directeur du football de Leeds, Victor Orta. Il n’y a qu’à voir les messages de remerciements fleurir ces dernières heures : El Loco a réveillé un géant endormi et offert d’inoubliables émotions à des supporters qui ne demandaient que ça. Il y a huit jours encore, avant la réception de Manchester United, un drapeau géant en son honneur était déployé à Elland Road, accompagné de trois mots : « Professeur. Visionnaire. Légende. » Le club a précisé dans son communiqué qu’il étudiait l’idée d’un hommage permanent à Elland Road. Parce que Bielsa et Leeds, c’était beau, et que dans le Yorkshire, on ne l’oubliera pas de sitôt.
Par Quentin Ballue