- Supercoupe
- Finale
- Barça-Athletic Club (2-3)
Marcelino, le coach qui fait vaciller les gros d’Espagne
Entraîneur de l’Athletic Club depuis le 3 janvier 2021, Marcelino García Toral vient de remporter la Supercoupe d’Espagne en éliminant successivement le Real Madrid et le FC Barcelone. Mieux encore : le technicien espagnol a remporté deux trophées sur ses quatre dernières rencontres passées sur un banc de touche. La preuve que sa tactique est l’une des plus redoutables de son pays ? Oui, mais résumer Marcelino à cela serait trop réducteur.
Depuis le 25 mai 2019, Séville a des allures de terre promise pour Marcelino García Toral. Une ville où tous les rêves, même les plus fous, comme celui de battre le FC Barcelone deux fois consécutivement en l’espace de deux finales, deviennent accessibles. Que ce soit avec le FC Valence en Coupe d’Espagne au stade Benito-Villamarín (2-1) ou dans l’enceinte de la Cartuja aux commandes de l’Athletic Club ce dimanche soir (3-2), Marcelino est allé au bout de ses idées pour réaliser les deux plus belles œuvres glorieuses de sa carrière d’entraîneur. À 55 ans, le voilà détenteur de deux trophées nationaux sans jamais avoir entraîné le Barça, le Real ou l’Atlético de Madrid, du jamais-vu depuis l’époque où Javier Irureta faisait flamber son Super Depor au tout début des années 2000.
Valence, 4-4-2 et l’univers impitoyable
Et si Marcelino incarnait la meilleure alternative possible à la domination nationale des grosses écuries de Liga ? S’il est encore un peu tôt pour répondre à cette question, il est en tout cas certain que Marcelino a réussi une adaptation éclair dans son nouveau club. Quinze jours après l’arrivée de l’Asturien de naissance au Pays basque, l’Athletic Club, monument historique du football espagnol, ajoute un nouveau trophée à son armoire. L’homme en est-il à son coup d’essai ? Pas du tout. « C’est quelqu’un qui est humble, mais ça ne l’empêche pas d’être très confiant, expliquait Geoffrey Kondogbia en février 2018 dans le numéro 153 de SO FOOT. Et c’est un entraîneur qui respecte les gens. À Valence, il place tout le monde sur le même plan : joueurs, kinés, intendants, cuisiniers… Il est aussi très ouvert. Par exemple, il peut discuter avec un joueur et admettre qu’il a eu tort. Alors il revient sur son opinion et on passe à autre chose. À côté de ça, il a une vraie autorité naturelle. »
Dans un 4-4-2 à plat construit pour presser haut l’adversaire, le FC Valence est parvenu à renaître de ses cendres pour installer le club dans le top 4 européen et ambitionner le meilleur lors de la saison 2018-2019, année du centenaire du club. Ce sera chose faite avec le trophée de la Coupe du Roi glané face au Barça d’Ernesto Valverde. Valence a trouvé son capitaine de bateau, tous les ingrédients semblent alors réunis pour que le FC Valence soit à nouveau considéré comme un grand d’Espagne. Le souci, c’est que Marcelino n’a pas rencontré que des collaborateurs intègres ces dernières années. Au FC Valence, l’entraîneur se retrouve limogé en septembre 2019 par son président Peter Lim alors qu’il vient d’offrir au club un trophée attendu depuis onze ans. Comme un retour de karma, cette ingratitude se paie désormais très cher pour le boss des Murciélagos. Quatorzième de Liga à trois points du premier relégable, Valence joue à se faire peur en championnat, et Kondogbia, désenchanté à la suite du départ du guide dans le vestiaire, s’est tiré à l’Atlético de Madrid.
Marcelino : « Les joueurs sont des éponges »
De son côté, Marcelino a sagement patienté pendant quatre mois pour qu’un projet suffisamment intéressant se profile à l’horizon. Qualifié pour la Supercoupe d’Espagne sans avoir joué la finale de Coupe du Roi contre la Real Sociedad par respect du public basque, l’Athletic Club représentait le défi idoine pour remonter en selle et prouver encore une fois sa capacité à faire tomber les géants. À Bilbao, Marcelino entamait l’année 2021 uniquement contre les cadors : le Barça, l’Atlético de Madrid, puis le Real Madrid et encore le Barça en Supercoupe.
Le voilà avec un bilan positif de deux victoires et une défaite, le match contre l’Atlético ayant été reporté à cause de la tempête Philomène. Mais la tornade passée à Séville s’appelle bien Marcelino. « Le mérite revient aux joueurs, avouait-il en conférence de presse après la victoire d’hier. L’an passé, ils ont mérité de se qualifier pour ce tournoi et leur mérite est majuscule. Je souhaite me souvenir d’Aduriz, San José et le staff de l’époque qui étaient là pour participer à ce succès.(…)Nous sommes venus avec beaucoup d’humilité pour inculquer les concepts que nous souhaitons apporter. Les joueurs sont des éponges, c’est incroyable. Ils sont volontaires pour tous les ateliers, ils s’arrachent à chaque exercice, et leur rendement en découle. » Et dire que l’Athletic Club et Marcelino ne sont qu’au tout début de leur idylle…
Par Antoine Donnarieix