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Marcelino : faites entrer l'accusé
Plus que le parfum d’un huitième de finale européen, c’est celui d’une revanche face à Marcelino qui embaume la cité phocéenne, à l’heure de recevoir Villarreal en huitièmes de finale de Ligue Europa.
Le virage Depé sera à huis clos, et c’est sans doute une bonne nouvelle pour les tympans de Marcelino. Mais la sévère sanction de l’UEFA – pour quelques fumigènes – n’adoucira qu’à peine les acouphènes de l’Espagnol, de retour au Vélodrome cinq mois et demi après avoir quitté le navire phocéen en pleine tempête, alors qu’il n’était pas visé par la fameuse réunion du 18 septembre. Marcelino avait tout juste été qualifié de « chips » et « d’entraîneur de DH » après un début de saison marqué par le fiasco du Panathinaïkos. Si le Vélodrome l’attend de pied ferme ce jeudi, pour le huitième de finale aller de Ligue Europa entre l’OM et Villarreal, c’est davantage à cause des sorties médiatiques de Petit Marcel, plus prompt à critiquer Marseille et son public qu’à s’interroger sur son propre bilan provençal.
L’erreur de casting
Quoi que l’on dise, personne ne pourra enlever le bénéfice du doute à celui qui a – déjà – rebondi du côté de Villarreal. Arrivé le 1er juillet à la Commanderie, avant de la quitter le 20 septembre, Marcelino n’a coaché que cinq rencontres officielles de championnat avec le survêtement phocéen sur le dos. D’un point de vue comptable, le bilan est honnête : 2 victoires, 3 nuls. Ce serait omettre le fiasco de l’élimination contre le Panathinaïkos en tour préliminaire de Ligue des champions. Certes, ce soir-là, l’OM avait bénéficié d’un arbitrage douteux, et de faits de jeu contraire. Toujours est-il que le dernier clou du cercueil avait été l’entrée de Ruben Blanco pour la séance de tirs au but, lui qui n’en avait arrêté qu’un sur 30 en carrière jusque-là. Dans la séance qui avait suivi, l’Espagnol n’avait pas amélioré ses stats de quatrième pire gardien européen en la matière, et avait scellé le sort des Marseillais. Outre cette déroute, les premiers pars de l’OM version Marcelino s’étaient révélés plus que poussifs.
Dans le 4-4-2 signature de l’Espagnol, les Marseillais se révélaient amorphes, sans idées et incapables de changer de rythme. Nommé tardivement, histoire de ne pas trop passer pour du copinage – raté –, l’ami fidèle de Pablo Longoria n’avait pas eu le temps de faire infuser ses préceptes. Ni d’établir une préparation physique digne de ce nom, ce que Gennaro Gattuso avait vite compris. Des lacunes physiques que l’OM a d’ailleurs longtemps traînées cette saison. « Marcelino a essayé de changer beaucoup de choses et on n’a pas eu le temps de s’adapter », résumait Leonardo Balerdi à La Provence, en octobre. Aurait-ce été le cas sans la crise de septembre ? Impossible à dire. L’Espagnol aurait en tout cas eu du mal à faire pire que Gennaro Gattuso et avait, lui, au moins, des idées de jeu claires. À l’inverse de l’Italien, en revanche, Marcelino n’a jamais brillé dans sa communication, lui qui se réfugiait systématiquement derrière la malchance en début de saison. Plus que son sens tactique, c’est d’ailleurs ses mots qui ont envenimé sa relation avec l’OM.
Un sous-marin dangereux
Lors de son court passage, Marcelino n’a jamais dragué le public phocéen, à travers ses prises de paroles tièdes. Trois semaines après son départ en catimini – qui a laissé l’image d’un lâche pas taillé pour le costume marseillais –, l’Espagnol a sorti la sulfateuse. « C’est un club où créer un projet est absolument impossible. Parce qu’un club aussi grand ne peut pas être manipulé par quelques-uns. […] L’OM est un club qui, au lieu d’évoluer, régresse. […] Ce n’est pas un club aussi grand que ce qu’il voudrait être. Certains supporters radicaux qui veulent influer en permanence sur les événements l’empêchent d’être un grand club », avait notamment taclé l’Espagnol dans L’Équipe, tout en rappelant que lui avait gagné deux titres ces dernières saisons, contrairement à l’OM.
Des sorties restées en travers de la gorge du public, mais pas que, à en croire Amine Harit : « On sait que ça va être chaud, notamment par rapport aux récentes déclarations qu’il a pu avoir. Honnêtement, ça nous a donné encore plus d’envie de faire un gros match jeudi, et il va falloir qu’ils soient tous prêts, car on ne va pas leur donner un match facile », a promis l’international marocain au micro de Téléfoot. De son côté, le technicien espagnol a minimisé le contexte : « Pour moi ce n’est pas spécial. […] Nous savons que nous allons affronter une bonne équipe dans un match difficile, mais nous sommes optimistes, comme toujours. » D’autant plus que Marcelino revient au Vélodrome avec une équipe qui a repris des couleurs dernièrement, avec une assise défensive retrouvée depuis son retour en novembre, et avec une puissance offensive certaine (Sorloth, Moreno, Pino, Guedes…). Car si Marcelino n’évoque pas d’heureux souvenirs aux supporters marseillais, il a de quoi les tendre encore un peu plus après cette double confrontation.
Par Adrien Hémard Dohain