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Marama Vahirua: « La Grèce connaît désormais la pagaie »

Propos recueillis par Thomas Porlon.
Marama Vahirua: «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>La Grèce connaît désormais la pagaie<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

En 2001, le FC Nantes devenait champion de France avec un petit attaquant de poche en guise de joker, Marama Vahirua. Douze ans plus tard, Tahitigoal pagaye désormais en Grèce, du côté du FC Panthrakikos, un modeste club englué dans les profondeurs du championnat grec. Entretien avec le Tahitien le plus aimé de l'Hexagone... après Mareva Galanter.

Tu as quitté la France par la petite porte. Comment tu t’es retrouvé en Grèce ?Un peu par hasard. Au départ, je ne comptais vraiment pas venir ici. J’étais parti pour faire une saison complète avec Nancy, mais le club, et plus exactement Jean Fernandez, m’ont fait comprendre dès la rentrée qu’ils ne souhaitaient pas me garder. À partir de là, je me suis mis à chercher un club. Je ne pouvais pas rester en France vu mon salaire et l’étranger s’est présenté. J’ai fait un test en Chine, mais ma femme était enceinte, alors je suis revenu à Nancy. Deux jours avant la fin du mercato grec, le club m’a contacté et je suis tombé d’accord avec tout le monde.

Tu as atterri en Grèce par défaut ?Non, non. J’avais eu quelques contacts. L’avantage de ma situation, c’était qu’il me restait un an de contrat à Nancy. Je me suis dit : « Au pire, je reste ici et comme je passe mes diplômes d’entraîneur, je ferais une pierre deux coups. Même si je suis à la cave. » Je me suis dit que j’allais faire une dernière année. J’étais parti dans cette mentalité-là. Et puis finalement, un nouveau challenge s’est présenté, la Grèce. Je ne suis jamais sorti de France donc je me suis : « Allez banco ! » J’ai déjà joué avec quelques Grecs donc je connais un peu la mentalité. Et puis surtout, on m’en a dit que du bien. Depuis, je ne regrette pas.

Justement, tu n’as jamais joué ailleurs qu’en France et en Ligue 1. Comment tu t’adaptes dans ce cas-là ?Je me suis adapté assez vite. Le niveau n’est pas du tout le même. Ici, il y a quatre ou cinq clubs qui sortent du lot et les autres jouent tous le maintien. Mais on s’adapte facilement. Ils ont une mentalité similaire à la mienne. Ils ne se prennent pas la tête. C’est une vie simple que j’adore. Je n’ai pas eu de difficultés à m’adapter, c’était un peu un retour aux sources.

Tu as une carrière en forme descendante. Tu as commencé au top à Nantes. Puis au fil des années et des clubs, tu as moins joué et moins marqué. Comment tu l’expliques ?C’est surtout que j’ai changé de poste. Quand j’étais à Nantes, je jouais avec de très grands joueurs et j’étais un vrai attaquant. Mon but, c’était de marquer. Quand je suis arrivé à Nice, la première année, je bats mon record de buts sur une saison (record de buts inscrits en championnat uniquement avec 10 pions, ndlr). L’année suivante, Frédéric Antonetti est arrivé et il m’a dit qu’il ne me voyait pas dans ce rôle-là. Il m’a repositionné en deuxième attaquant, voire en numéro dix et finalement, j’ai tout de suite adoré. Je me suis rendu compte que j’avais les mêmes sensations, la même joie lorsque je faisais une passe décisive. C’est peut-être pour cela que j’ai moins marqué au fil des années. C’était plus par défaut que par envie.

Panthrakikos est un petit club qui lutte dans les dernières places. L’objectif, c’est le maintien, c’est ça ?C’est un club qui vient de monter en première division (en 2008, ndlr) donc l’objectif, c’est d’y rester, mais ce n’est pas évident. Apparemment, ici, le classement est pratiquement fait d’avance. Dès l’entame du championnat, l’Olympiakos est assuré d’être champion. C’est une autre différence avec la France. Un petit club comme Évian qui reçoit le PSG aura envie de le battre. Ici, non ! Si on joue l’Olympiakos, ça va être : « Oh ils sont forts, on va surtout penser au match d’après, parce qu’on a perdu d’avance. »

Cela ne te gêne pas ?Je déteste ça ! On est deux ou trois Européens dans l’effectif, on leur a montré que nous nous laisserons pas faire et ils ont compris. Pour nous compétiteurs, ce n’est pas compatible.

Parlons de la Grèce. Tu ressens la crise ?Oui, on la sent vraiment. Surtout au niveau des clubs, on entend que certains ont du mal à payer leurs joueurs et que d’autres ne les payent plus du tout. Par exemple, le Panathinaïkos, un des grands clubs d’Europe, est en grande difficulté et cherche un repreneur. Ce n’est pas évident pour ces clubs-là. J’ai la chance d’être dans un petit club qui parvient à payer tout le monde. Et puis ça ne me concerne pas, car Nancy me paye mon salaire.

Et plus généralement ?La vie est complètement différente, mais elle est surtout beaucoup moins chère qu’en France. On se rend compte qu’on a pas forcément besoin de certaines choses, de produits qu’on achetait avant uniquement pour le plaisir. Sinon le café est très important ici, ça m’a choqué (rires).

Pourquoi ?Ils prennent le temps de vivre. Il y a le travail, mais il y a surtout l’heure de la pause. Les gens sont tellement en difficulté financière que c’est leur seul plaisir parce qu’un café coûte deux euros ici. Ils appellent ça le frappé. C’est leur plaisir. Ils passent deux heures à le boire tranquillement.

« J’ai bientôt 33 ans et en France, dès que tu atteins la trentaine, tu es considéré comme un vieux »

Et le regard des gens sur vous, les footballeurs, il est comment en Grèce ?C’est aussi ce que j’aime par rapport à la France. Ici, il n’y a pas ce jugement-là. Chacun mène sa vie comme il l’entend et si tu réussis, tant mieux pour toi. Moi, je l’ai ressenti comme ça. Quand un joueur touche un gros salaire, ils sont contents, au contraire.

Tu dis que tu te sens bien là-bas. Tu as envie de rester, de t’engager définitivement avec ton club ?Avec mon club, je ne sais pas parce qu’ils ont aussi du mal financièrement, je ne sais pas s’ils pourront me garder l’année prochaine. En tout cas, pourquoi pas prolonger l’aventure ici. Ma famille se sent très bien. Aujourd’hui, je ne me fixe pas d’objectifs, j’attends et on verra ce que l’avenir me réservera.

Tu te vois revenir en France ?Je ne pense pas. J’ai bientôt 33 ans et en France, dès que tu atteins la trentaine, tu es considéré comme un vieux. Ça m’étonnerait que je revienne. C’est pas l’envie qui manque, mais je suis lucide, en France, dépassé la trentaine, c’est mort.

Sinon, tu t’es mis au grec ?Un tout petit peu. Ça fait cinq mois que je suis là, c’est difficile. Mais je le comprends en tout cas. Quand on arrive dans un club étranger, la première chose que l’on apprend, c’est le langage du foot, « Viens » , « ça vient » , « tu es seul » , et puis surtout les gros mots.

Par exemple ?(Il rigole) Ils aiment bien dire « malaka » comme on dit « putain » dans toutes les phrases. Apparemment, ça veut dire « trou du cul » .

Tahiti jouera la Coupe des confédérations au Brésil en juin prochain et la Nouvelle-Calédonie était toute proche d’une qualification en Coupe du monde. Il y a quelque chose qui se met en place dans le Pacifique. Comment tu juges cela ?Cela montre que les petites fédérations du Pacifique ont mis quelque chose en plus dans leur football pour justement essayer d’y arriver. Pour mon pays Tahiti, ça fait quelques années qu’ils travaillent. Ce n’est pas le fruit du hasard. La Nouvelle-Calédonie s’est presque qualifiée, ce n’est pas anodin non plus. Il y a quinze ans, une qualification en Coupe du monde était impossible pour ces fédérations-là parce qu’il fallait passer par plein d’étapes, c’était impossible. Tandis qu’aujourd’hui, ils ont simplifié la qualification donc automatiquement ça motive davantage les fédérations.

Sinon tu pagayes encore ?Oui, c’est à vie ça ! Cette année, j’ai marqué six buts et j’ai fait quelques passes décisives, je suis content. Tout le monde me demande d’où ça vient. Maintenant, la Grèce connaît la pagaie (rires).

http://www.youtube.com/watch?v=mz7ZjL-yPQo

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