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Maradonny, el pibe de Oranje
Lors de cette semaine internationale, Donny van de Beek va probablement ouvrir son compteur sélection, face à la France ou à la Bulgarie. Une récompense pour le milieu de 20 ans, meilleur joueur de l'Ajax actuellement, digne remplaçant de Davy Klaassen dans l'entrejeu comme dans le cœur des fans du club.
Cet été, l’Ajax Amsterdam a entamé sa saison avec une double confrontation face à l’OGC Nice lors du troisième tour préliminaire de la Ligue des champions, quelques semaines seulement après avoir échoué en finale de Ligue Europa contre le Manchester United de José Mourinho. Entre-temps, le club amstellodamois a perdu deux de ses meilleurs soldats : Abdelhak « Appie » Nouri, à qui l’on promettait monts et merveilles dans l’entrejeu ajacide, fauché par un malaise cardiaque, et Davy Klaassen, parti muscler son jeu du côté d’Everton. Et pourtant, lors du match aller à l’Allianz Riviera, c’est comme si les deux hommes étaient encore sur le terrain ce soir-là. Dans un milieu à trois composé des habituels Ziyech et Schöne, un blond multiplie les courses en avant, les passes à la précision chirurgicale et maintient ses coéquipiers à flot. Plus tard dans le match, il marque le but de l’égalisation – grâce à une belle sortie casquette de Cardinale, il est vrai – et le signe d’un 3+4 avec ses doigts, en référence au numéro que portait Appie. Pour sa première sortie dans la peau d’un titulaire, Donny van de Beek vient de synthétiser la saison qui attend l’Ajax : plus rien ne sera jamais pareil et en même temps, la continuité est une valeur sûre dans les périodes de doute.
Le meilleur joueur de l’Ajax depuis la reprise
Mieux, le joueur vient d’être sélectionné pour la première fois dans le groupe Oranje qui s’apprête à affronter la France puis la Bulgarie. S’il n’a que quelques matchs dans la peau d’un titulaire avec l’Ajax, sa place au sein de la sélection de Dick Advocaat n’est absolument pas usurpée. En un petit mois, Donny van de Beek a fait oublier le capitaine courage Klaassen à Amsterdam. Son influence dans l’entrejeu ajacide est indéniable et ses stats le confirment : 84% de passes réussies, trois buts et une passe décisive en sept matchs toutes compétitions confondues. S’il n’a pu empêcher le naufrage face à Rosenborg en Ligue Europa, l’Ajax aurait néanmoins pu sombrer plus d’une fois durant le mois d’août sans Van de Beek. Lors de la troisième journée d’Eredivisie, c’est notamment lui qui débloque le match face à un VVV Venlo accrocheur sur un terrain synthétique qui a bien emmerdé les joueurs de la capitale, plantant un but puis offrant une passe décisive pour David Neres. Aujourd’hui, le nummer 6 est considéré comme le meilleur Ajacide et, pour être tout à fait honnête, l’un des rares espoirs pour les Godenzonen de retrouver leur football, en perdition depuis le départ précipité – et compliqué – de Peter Bosz pour le Borussia Dortmund.
Dans l’ombre du « bâtonnet de fromage » Davy Klaassen
Dès lors, s’il est si fort, pourquoi Donny van de Beek n’a-t-il pas plus joué à l’Ajax les saisons passées ? D’abord, parce qu’il vient à peine d’ajouter une vingtième bougie sur son gâteau d’anniversaire. Même si le championnat des Pays-Bas a tendance à sortir des joueurs clé en main à l’âge de 22 ou 23 ans, 20 ans, c’est encore jeune. Depuis son premier match joué en janvier 2015, Van de Beek a dû se satisfaire de bouts de match pendant deux saisons et demie. Processus idéal pour arriver en pleine possession de ses moyens quand une place de titulaire se libère. D’autant que le joueur est arrivé au club à l’âge de dix ans et que cette éducation au Toekomst a fini de faire de lui un Ajacide pur souche, capable de sortir du moule sans coller sur les bords. Ensuite, Davy Klaassen était encore là, tout simplement. Les comparaisons viennent forcément de quelque part et seul un départ du club aurait poussé Kaastengel ( « bâtonnet de fromage » , son surnom) Klaassen, pilier des formations de Frank de Boer puis capitaine sous Peter Bosz, à laisser sa place au milieu. Demeure une question désormais : si Klaassen est aussi fort en sélection qu’en club, comment faire évoluer son doppelgänger à ses côtés avec les Oranje ?
Appie + Maradonny = BFF
Van de Beek a lui aussi un surnom : Maradonny, pour ses qualités techniques. L’instigateur de ce surnom ? Abdelhak Nouri. « Au début, je n’imaginais pas qu’il puisse être aussi technique. Il est toujours dans la relance, même quand il est cramé » , avait déclaré le nummer 34 de l’Ajax dans l’une de ses dernières interviews, accordée au Volkskrant. Bien qu’Appie soit arrivé au club quelques saisons avant VdB, les deux joueurs ont développé une véritable amitié pendant près d’une décennie, évoluant côte à côte dans toutes les équipes du centre de formation ajacide. Appie et Maradonny, c’est à la vie à la mort. Forcément, quand la faucheuse s’est approchée d’un peu trop près du premier, le second a beaucoup pleuré, probablement plus que tous les autres, et refuse encore aujourd’hui d’évoquer le sujet en conférence de presse. Parce qu’en parler à tout le monde, c’est probablement formaliser et donc normaliser la chose, alors que Van de Beek préfère probablement garder Nouri comme son moteur personnel, celui qui lui fait parcourir le kilomètre de plus que les autres. Et si le milieu de l’Ajax vient à marquer pour sa première sélection en équipe nationale, nul doute qu’il dédiera son but à Appie.
Par Matthieu Rostac, à Amsterdam