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Maradona, une nuit d’angoisse avant le soulagement
Le Pibe de Oro a été opéré avec succès d’un hématome sous-dural au cerveau hier soir au terme d’une journée où l’état de santé du Diez a tenu en haleine toute l’Argentine. Immortel Diego.
« Merci ! Merci ! Merci ! » Au diable la distance sociale. Gabriel, maillot de l’Argentine 1986 floqué du 10, ne peut s’empêcher d’enlacer l’homme en blouse médicale en train de remonter les marches de l’entrée de la clinique Olivos. Il est 23h20. Ce médecin est le nouveau héros national : Leopoldo Luque, un brun de 38 ans à la barbe bien taillée. Tout un pays était suspendu à son bistouri ce mardi soir. Comment ne pas trembler, ne serait-ce qu’un petit peu, au moment d’ouvrir le crâne de Diego Armando Maradona, opéré en urgence pour un hématome sous-dural au cerveau ? Après près d’une heure vingt d’intervention, le neurochirurgien met fin à l’angoisse générale : « Tout s’est bien passé ! » Cris de joie et chants des fans du Diez au milieu de la meute de journalistes et caméramans agglutinés devant l’hôpital situé au nord de Buenos Aires. « On a pu évacuer l’œdème. Diego a bien toléré la chirurgie. Il est réveillé. Tout va très bien. » Ouf.
Masterchef, drapeaux et poèmes
C’est pourtant lui, le médecin personnel de Maradona, qui avait mis le stress à tout le monde au cœur de l’après-midi argentine. Alors qu’il avait annoncé la veille que l’hospitalisation du Pibe de Oro à la clinique de la Plata n’avait pas de raison d’inquiéter, voilà que l’ancien numéro 10, après analyse approfondie, doit désormais être opéré et transféré d’urgence vers un établissement de la capitale. L’ancienne compagne de Diego, Veronica Ojeda, l’apprend en direct à la télé. Son ex-femme, Claudia Villafañe, abandonne la cuisine de Masterchef en plein enregistrement de programme. Les filles de Maradona, Giannina, Dalma et Jana, accourent pour accompagner l’ambulance de leur père. Préoccupant.
Le monde du foot se mobilise sur les réseaux sociaux. Tévez, Mascherano, Boca Juniors ou encore la Fédération mettent le #FuerzaDiego en trending topic.
Certains proches comme Fernando Signorini, le préparateur physique historique, ne cache plus leur inquiétude. « Je suis très triste et angoissé », reconnaît el Profe sur Tyc Sports. Il y a de la gravité dans l’air. Les fans l’ont bien compris et arrivent en masse avec les drapeaux, les banderoles et les chants à la gloire du champion du monde 1986. « On est là pour envoyer de bonnes ondes à Diego. Dans les bons et encore plus dans les mauvais moments. S’il va bien, on va bien », explique Gabriel, membre de l’Église maradonienne. « Diego, je ne te demande qu’un dribble de plus », dit un message de soutien scotché au mur de l’hôpital. Sur les marches de l’entrée, une femme, maillot de Boca sur les épaules, prie. Des poèmes à la gloire de Maradona sont récités pour se donner du baume au cœur. « Tout va bien se passer, Diego ! Tout va bien se passer ! » crie un supporter espérant être entendu par l’idole.
« S’il y a de l’amour autour de Diego, il ira bien »
Après plus de trois heures d’attente dans la fraîche soirée portègne, le soulagement. Pablo, maillot du Napoli époque Buitoni sur le torse, pleure de joie. Maradona vient encore de dribbler la faucheuse. « Diego est immortel ! Il est invincible ! » dit-il en sanglots. « Je viens de sortir de la clinique et je veux remercier tous ceux qui ont témoigné leur amour pour mon papa, ma sœur et moi », tweete Dalma, la fille du D10S. « Après une opération neurologique, le réveil est très important », prévient le Dr Luque qui a vu le Diez montrer de bons signaux après l’opération.
Le Pibe de Oro devrait rester hospitalisé plusieurs jours. Son job d’entraîneur de Gimnasia la Plata, qui joue ce dimanche face à Vélez Sársfield, est mis entre parenthèses pour le moment. La santé avant tout. « On espère qu’il va faire le ménage dans son entourage. Ils le maintiennent dans une prison dorée, mais ne s’occupent pas de lui », estime Gabriel, dont la pensée était largement répandue hier soir en Argentine : « On veut que ses filles se rapprochent de lui. S’il y a de l’amour autour de Diego, il ira bien. » Son biographe, journaliste et ami, Daniel Arcucci nous avait prévenus la semaine dernière : « La chose centrale avec Maradona, c’est comprendre que sa vie est faite de morts et de résurrections permanentes. » Une de plus.
Par Georges Quirino Chaves à Buenos Aires