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« Maradona n’est pas mort, ils l’ont tué »

Par Georges Quirino-Chaves à Buenos Aires
« Maradona n’est pas mort, ils l’ont tué »

Plusieurs milliers de personnes se sont réunies ce mercredi à Buenos Aires et dans plusieurs villes d’Argentine pour réclamer « Justice pour Diego ». L’appel à la manifestation, lancé par des fans, avait été relayé par les filles de Maradona, convaincues que la mort de leur père aurait pu être évitée. L’équipe médicale et l’entourage sont pointés du doigt. Nous étions aux côtés de l’incontrôlable « peuple maradonien ».

Il y a quelques jours, Dalma Maradona avait demandé à tout le monde de se réunir « en paix et avec des masques ». Ce mercredi à Buenos Aires, un peu plus de trois mois après le décès de son père, la fille aînée de Diego, 33 ans, a une nouvelle fois constaté, aux côtés de sa sœur Giannina et sa mère Claudia Villafañe, à quel point l’amour passionnel des Argentins pour son père, même mort, était resté intact. Et surtout ingérable.

Négligence dans le traitement

L’appel à la manifestation avait été lancé la semaine dernière sur les réseaux sociaux. Il a donné lieu à des mobilisations massives à l’obélisque au cœur de la capitale, mais aussi à Rosario, Mar del Plata ou encore à Mendoza au pied de la Cordillère des Andes. À l’origine, plusieurs collectifs de fans du Pibe de Oro dont le « peuple maradonien » composé en partie d’anciens fidèles de l’Église maradonienne. La date n’avait pas été choisie au hasard. Le 10 mars, date raccourcie à « 10-M » en Argentine. 10-M comme 10-Maradona. Objectif : réclamer « Justice pour Diego » derrière ce slogan : « Il n’est pas mort. Ils l’ont tué. »

« Ils », ce sont notamment les sept personnes visées par l’enquête du parquet de San Isidro censée déterminer si la disparition de l’idole aurait pu être évitée. Toutes étaient chargées du suivi médical du champion du monde 1986 décédé le 23 novembre dernier d’un œdème pulmonaire aigu et d’une insuffisance cardiaque chronique. La justice cherche à savoir s’il y a eu négligence dans le traitement du numéro 10. Une commission médicale réunie depuis ce lundi devrait le déterminer d’ici deux ou trois semaines.

Condamnation sociale

Depuis le début de l’investigation, c’est le docteur Leopoldo Luque qui attire le plus l’attention des enquêteurs et des médias. Le neurochirurgien – qui a opéré l’ancien joueur du cerveau deux semaines avant sa mort – est régulièrement mis à mal par les nombreuses fuites d’éléments de l’enquête dans la presse. La dernière en date : un échange avec un membre de l’entourage de Maradona lui demandant de ne pas laisser la légende entre les mains de sa fille Giannina après l’opération. « S’il part avec elle, on le perd », écrit Maximiliano Pomargo, le mystérieux homme à tout faire du Diez : « C’est le travail de tout le monde qui est en jeu. Si on peut éviter ça, il y aura de l’argent pour tous. »

Et la santé dans tout ça ? « Maxi » obtiendra gain de cause, lui qui a été placé dans la Diego’s House of Cards par son beau-frère, Matías Morla, l’avocat, administrateur des biens du Pibe de Oro. C’est ce dernier, avec son patron Victor Stinfale, qui centralise toutes les attaques des filles Maradona. Parce qu’il les aurait empêchées d’accéder à leur père jusqu’aux derniers jours de sa vie et aurait choisi la garde rapprochée de la légende, dont le docteur Luque. « À tous ces gens, je vous souhaite ce que vous avez fait à mon papa. Et même si je crois en la justice, il existe aussi la condamnation sociale », prévenait Dalma Maradona sur Instagram au moment de confirmer sa participation à la manifestation de ce mercredi.

« Diego a besoin de nous »

Pendant que Messi envoyait un missile dans la lucarne de Keylor Navas, ils étaient des centaines, puis rapidement des milliers à se réunir au crépuscule sur l’avenue du 9 Juillet en plein centre de Buenos Aires. C’est ici, au pied de l’obélisque, que les Portègnes s’étaient naturellement rassemblés pour pleurer la disparition de leur héros. Les maillots de l’Argentine, les tambours, les parrillas, les drapeaux à la gloire de Pelusa sont ressortis pour l’occasion. Certains chants aussi. « Diego n’est pas mort ! Diego n’est pas mort ! Diego vit dans le peuple la put*** de sa mère qui l’a mis au monde ! » crie un petit groupe déjà bien alcoolisé au fernet-coca. Mais la tristesse de novembre dernier a laissé place à la colère. Emiliano, 33 ans, est venu de Ciudadela, dans la banlieue ouest de la capitale. Quand il a appris que les enfants de D10S allaient venir, il a compris que c’était sérieux. Alors il est là « parce que Diego a besoin de nous », dit-il : « Nous sommes son peuple. Il nous a donné tant de joie. Il faut qu’on essaie de lui rendre un peu de ce qu’il nous a donné. Son entourage de merde l’a tué, alors on est présent pour demander justice. »

Maillot vintage de Boca sur les épaules, Cristian, 40 ans, avait lui pris le bus depuis Temperley dans le sud pour tenter d’apercevoir « les filles de Dieu » et « les soutenir dans leur lutte ». Dalma et Giannina ne viendront finalement qu’une dizaine de minutes. Le temps de s’afficher avec leur mère derrière la banderole « condamnation sociale et judiciaire pour les coupables » avant d’être littéralement exfiltrés en raison d’une foule de fans (et journalistes) incontrôlables, sans distanciation sociale ni masque anti-Covid. À l’inverse du jour de l’enterrement, l’impressionnant dispositif policier ne bougera cette fois-ci pas une oreille. Au contraire.

Diego, le dernier fils du Pibe

Orphelines de tribunes depuis un an, les barras bravas de Boca, Racing, Almirante Brown ou Nueva Chicago s’occupent de tout. Et pas que de l’ambiance. Ils assurent la vente de produits dérivés spécialement préparés pour l’occasion (des T-shirts, des casquettes, des masques) ou carrément la sécurité de Diego Fernando Maradona, 8 ans, le dernier fils du Pibe de Oro. Sur les épaules de sa mère, Veronica Ojeda, « Dieguito » observe la foule. « C’est fou comme il ressemble à son père ! » s’émeut une manifestante en l’apercevant. Le matin même, l’enfant avait pris la décision d’aller à la manifestation en parlant avec sa psychologue. « Il est content parce qu’ils chantent tous des chansons qui parlent de son père, alors il commence à comprendre qui était son papa », pense savoir à ses côtés son beau-père et avocat Mario Baudry.

Non loin de là, alors que les premiers débordements commencent à éclater aux abords de l’obélisque au rythme des sonos qui crachent inlassablement La Mano de Dios de Rodrigo, Caty, 66 ans, tient toujours fermement sa banderole au-dessus de sa tête. Impassible au milieu du chaos. C’est un drapeau de l’Argentine recouvert des noms des « coupables » de la mort de « notre Diego ». « Je veux qu’ils payent tous », clame-t-elle les yeux rougis : « En tuant Maradona, ils ont tué un peu tous les Argentins. Je ressens de la douleur, de l’impuissance, alors que Diego, c’était de la joie et de la passion. Tant qu’ils n’iront pas tous en prison, on reviendra encore et encore. Ici et partout ailleurs ! »

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Par Georges Quirino-Chaves à Buenos Aires

Tous propos recueillis par GQC

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