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Maradona hospitalisé : l’Argentine s’inquiète
Diego Armando Maradona a été hospitalisé la nuit dernière dans une clinique de la Plata où il devrait rester au moins trois jours. « Il va bien, mais ça pourrait aller beaucoup mieux », assure son médecin personnel. L’état de santé du Pibe de Oro, apparu très affaibli vendredi dernier pour ses 60 ans, inquiète les Argentins.
Ce devait être un lundi soir tranquille. La plupart des émissions sportives avaient prévu de revenir sur la première journée de la Coupe de la Ligue professionnelle, enfin le retour du football en Argentine après plus de sept mois d’absence. Et puis le visage grave de Sebastián Vignolo est apparu à l’écran à 18h57. En deux phrases, le présentateur star du programme Fútbol 90 sur ESPN a pourri le début de soirée de millions d’Argentins : « Nous avons une information de dernière minute. Diego Armando Maradona va être hospitalisé. »
« Le pays retient son souffle », titre sobrement en rouge écarlate, clignotant, police 350, la chaîne d’information Crónica TV passée en breaking news comme l’ensemble des canaux. Alors que les caméras s’installent à peine devant la clinique Ipensa de la Plata, les informations les plus farfelues circulent déjà. « Diego aurait fait une sorte d’AVC », balance un journaliste en direct après avoir discuté avec « un avocat qui se dit proche de Maradona ». D’autres annoncent un transfert imminent du Pibe de Oro vers un hôpital de Buenos Aires corroborant l’hypothèse d’un état de santé préoccupant. « Diego est au deuxième étage dans la chambre 214. Les patients atteints de la Covid sont au quatrième », précise un journal local. À 20h30, Leopoldo Luque, médecin personnel du Diez, finit par sortir de la clinique pour freiner la folie médiatique : « Il faut rester tranquille. Il n’y a pas d’urgence. Diego va bien, mais pourrait aller beaucoup mieux. » Pas de coronavirus, ni d’accident vasculaire cérébral. Aucune raison de s’alarmer, assure le doc. Juste un check-up complet, décidé avec Maradona, pour trois jours au moins, afin d’être certain que tout va bien : « Ils vont l’hydrater, analyser son sang, contrôler son taux d’hématocrite parce qu’on le trouve un peu jaune. Ça va lui faire du bien. »
Une célébration d’anniversaire qui tourne au malaise
Tout le monde était inquiet depuis plusieurs jours. Personne n’osait vraiment le dire. Vendredi dernier, à la surprise générale, le champion du monde 1986 apparaît très affaibli pour célébrer ses 60 ans en prélude de la rencontre entre Gimnasia La Plata, l’équipe qu’il entraîne, et Patronato. Sur la pelouse du stade Juan Carmelo Zerillo, Diego marche péniblement. Plus que jamais. Deux gardes du corps l’aident dans chacun de ses pas. Parfois, leur présence semble même essentielle pour ne pas voir Maradona s’écrouler. L’un d’entre eux ne cesse de rajuster le masque de l’ancien numéro 10 au-dessus de son nez. Le Pibe de Oro, le bras gauche comme anesthésié, paraît incapable de le faire seul. La grande fête prévue se transforme en malaise. Malgré le trône installé pour lui sur le bord du terrain, le Diez ne reste pas pour le match qui verra sa formation s’imposer 3-0. Une décision, fait savoir son entourage, pour ne pas l’exposer au risque de contagion au coronavirus. Logique. Mais alors qu’une « Diego cam » ne rate aucun de ses faits et gestes sur le banc depuis son retour en Argentine, la réalisation ne montre ce soir-là aucune image de son départ du stade. Quelque chose cloche.
C’est l’une de ses filles, Giannina, 31 ans, qui va en quelque sorte valider l’hypothèse sur les réseaux sociaux. « Ça me brise le cœur », tweete-t-elle après avoir vu son père comme vidé de son énergie à la télévision. Maradona ne va pas bien. Avec sa grande sœur, Dalma, 33 ans, elle ne cesse de le répéter depuis des mois. Les deux femmes dénoncent la mauvaise influence supposée de l’actuel entourage du Diez. Elles n’arriveraient même plus à joindre leur père. Ou difficilement. Face à ces accusations, Diego dégoupille et menace sa progéniture de les priver de leur héritage, lui qui doit déjà affronter des ennuis juridiques avec son ex-femme et mère de ses deux filles, Claudia Villafañe.
« Il prend de l’alcool. Parfois avec excès »
« Chez une personne qui a connu une addiction, comme ce fut le cas pour lui avec la cocaïne, l’altération de l’environnement familial peut être dramatique », expliquait Leopoldo Luque en juin dernier. Le médecin révélait tranquillement ce jour-là les problèmes intimes de son célèbre patient à la télévision : « Il prend des anxiolytiques depuis un moment. Il y a certains médicaments que l’on ne peut pas lui enlever du jour au lendemain sous peine de mettre sa vie en danger. Il prend de l’alcool. Parfois avec excès.[…]Il lui arrive de s’effondrer. »
Certains de ses proches évoquaient hier à demi-mots un Maradona dépressif, qui dort peu, ne mange plus beaucoup – il aurait perdu près d’une dizaine de kilos depuis son opération au genou – et qui surtout se sentirait terriblement seul. « Mon unique désir, c’est qu’il aille bien. Je ne vois plus le Diego que je connais », s’inquiète sa dernière compagne Rocío Oliva en larmes sur America TV après l’hospitalisation de la légende.
Hier soir, Maradona s’est couché peu après 23 heures. Tout le monde le sait parce qu’en Argentine, rien n’est privé avec Diego. À la fenêtre de sa chambre, le Pibe de Oro a sûrement pu se remonter le moral en voyant les banderoles installées au pied de la clinique par les supporters de Gimnasia venus le soutenir avec ce message : « Celui qui aime n’oublie jamais. Fuerza Dios ».
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— Cronica (@CronicaTV) November 3, 2020
Par Georges Quirino Chaves à Buenos Aires