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Mapou needs love
Recruté cet été à la Roma pour permettre à l'OL d'exister en Ligue des champions, Mapou Yanga-Mbiwa est devenu la cible prioritaire des critiques lyonnaises. Comment inverser la tendance ? Avec un peu plus de chaleur humaine, si l'on en croit ses anciens coéquipiers.
Fin octobre, après une défaite lyonnaise à St-Pétersbourg en Ligue des champions, Mapou Yanga-M’Biwa s’était lâché en conférence de presse. « Mon début de saison est catastrophique » , indiquait-il à propos de ses performances personnelles. « Il y a tout qui ne marche pas » , concernant le niveau collectif de Lyon. Depuis son arrivée cet été en provenance de la Roma, le natif de Bangui, en Centrafrique, cristallise les critiques autour d’un OL qui déçoit. Avec un nouveau fiasco pas plus tard que mardi à Gerland, face à La Gantoise. Dans les arrêts de jeu, le défenseur a lâché le marquage de Coulibaly, qui a anéanti les derniers restes de fierté rhodanienne. Quelques jours plus tôt, il avait marqué contre son camp lors d’une déroute à Nice… « Quand on est moins bien, moins en confiance, il suffit de lâcher son marquage de 30cm pour que l’attaquant marque, chaque tacle, chaque intervention est plus compliquée, ce sont des dynamiques pas évidentes à gérer » , analyse Bruno Carotti, actuel directeur sportif de Montpellier et ancien coéquipier de l’international français dans l’Hérault. « Dans le foot, il y a des périodes comme ça, des mauvaises passes où les choses s’enchaînent dans le mauvais sens » , assure Jean-Philippe Sabo, partenaire de Yanga-M’Biwa lors de la montée en Ligue 1 en 2009.
Lilian Compan : « Ce n’est pas le seul en cause »
Pour soigner les maux, il faut traiter la cause. L’intéressé avait évoqué une difficulté du groupe lyonnais « à se dire les choses » . Mais ce contexte difficile dans le Rhône n’est pas une excuse d’après Carotti : « Mapou connaissait la situation à Lyon avant de signer. » Pour lui, comme pour Lilian Compan, également de la montée de 2009, le défenseur paie surtout les carences collectives de l’OL : « Quand Lyon perd, on met cela sur le dos de Mapou. C’est trop, il n’est pas le seul en cause. » Un point de vue que Carotti appuie car « à son poste, c’est le travail d’une charnière, d’un duo, et plus généralement, on défend en équipe, pas à deux » . Si un attaquant est stigmatisé pour les buts qu’il rate, le défenseur l’est pour chaque erreur commise. « C’est un poste où l’on est facilement visé par les critiques » , selon Jean-Philippe Sabo, pour qui Yanga-M’Biwa doit d’abord « faire abstraction de ce que peut dire la presse » afin de pouvoir se reconstruire.
Jean-Philippe Sabo : « Au début, Gignac ne marquait pas et se faisait huer à l’OM »
« Quand on est dans une situation difficile, c’est compliqué de revenir aux choses simples comme la bonne agressivité, la sobriété dans le jeu » , selon Carotti. Mais pour Compan, la solution doit également venir de l’Olympique lyonnais qui, à son goût, n’a pas forcément assez soutenu le joueur quand il a commencé à éprouver des difficultés. « Il a raté ses premiers matchs et a été pris en grippe par le public. Le club, ne serait-ce que par la voix de son entraîneur, aurait dû le soutenir publiquement. » Car comme un buteur, le défenseur central a besoin de confiance, alors que « les critiques ont tendance à être excessives à son encontre » . Bien qu’il soit actuellement au fond du trou, les anciens coéquipiers de Yanga-Mbiwa l’imaginent suffisamment solide pour remonter la pente, à l’image d’un René Girard qui, après son retrait du groupe France, quelques jours avant l’Euro 2012, avait dit : « Ne vous inquiétez pas, elle est solide la bestiole. » À Montpellier notamment, il a su s’incruster dans le groupe professionnel « en jouant arrière gauche, puis arrière droit, deux postes où il n’avait pas été formé, ce qui atteste de sa force mentale » , se souvient Carotti. « Il sait que son niveau actuel ne suffit pas, mais il a une bonne approche du métier, il se pose les bonnes questions et va retrouver son niveau. » Et une fois que ce sera le cas, les critiques seront rapidement remplacées par des louanges, selon Jean-Philippe Sabo : « Quand Gignac a signé à l’OM, il ne marquait pas et se faisait huer, puis il est devenu un héros quand il a retrouvé son niveau. Les supporters changent rapidement d’opinion. Si Mapou fait le dos rond et retrouve son niveau de Montpellier, ils chanteront pour lui. »
Par Nicolas Jucha