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Manuel de survie pour nouvel aventurier de la tribu Football Manager
Passer vos journées avec les doigts sur des joysticks a fini par vous gonfler, amen à vous. Pourtant, vous ne voulez pas totalement décrocher du foot, cette saleté de drogue qui vous a donc poussé à franchir le pas ultime : acheter Football Manager et donc accepter, de fait, de transformer votre clavier en défouloir. Petit manuel de survie pour ne pas trop vite briser vos rêves en période de confinement.
Bien choisir son projet
Évidemment, c’est la base de tout. Premier avertissement : si vous avez envie de vous ennuyer et de jouer avec un cure-dents calé entre l’incisive latérale droite supérieure et sa voisine canine, pas de problème, mais ce n’est en aucun cas l’essence de Football Manager. Ainsi, commencer une partie avec Manchester United, le Barça, le Bayern ou le PSG n’a absolument aucun intérêt, sauf si vous êtes du genre à détester les défis et à tuer le temps en lisant T’choupi pour votre propre épanouissement intellectuel durant votre période de confinement. Football Manager est une bagarre, et comme toute bagarre, cela nécessite un short bien attaché, un sweat à capuche réconfortant et un mental novakien. Alors, petit conseil : rêvez, ne vous interdisez rien et commencez votre partie avec un challenge, un vrai. En octobre 2019, sur son site officiel, FM proposait alors une dizaine de clubs, dont Bolton : ça, c’est pas un truc pour petites cuisses, puisque les Trotters, bouffés par d’énormes problèmes financiers, débutent avec douze points de retard en League One et un effectif de gamins. Dans cette situation, la donne est simple. Il vous faut utiliser toutes les ressources de votre club et savoir parfaitement dompter l’ennemi intime du joueur de Football Manager : l’impatience. Surtout, pas de hâte, cela pourrait conduire à votre perte et tout le monde sait que l’important dans une partie de FM comme en amour, c’est les préliminaires. Au risque de partir trop vite et donc de finir trop tôt. Ah, dernière chose : oubliez votre club de cœur, la charge émotionnelle est trop lourde.
Clubs conseillés : Bolton, l’Union Berlin, Brentford, un club de National ou de Ligue 2, Motherwell, Deportivo La Corogne, Salford City ou Venezia.
Avoir des convictions, mais ne pas vouloir tout brûler
Tout le monde a déjà fait cette chute : 6e de Ligue 2 avec Châteauroux au mois de mars, vous décidez de vous en prendre directement à vos dirigeants après une série de mauvais résultats. Problème, ce n’est pas votre première flèche tirée, et votre président vous tranche la tête, sèchement. Bon, c’est aussi dur à vivre qu’un samedi soir passé à se tourner les pouces en espérant qu’Édouard Philippe apparaisse et décrète la réouverture immédiate des troquets, mais c’est le jeu, malheureusement, et retrouver ensuite un poste après seulement quelques mois de boulot n’est pas chose aisée, surtout avec une telle réputation. Alors, l’important est d’être aussi malin que Philippe Rickwaert dans vos rapports avec votre direction. Ainsi, écoutez les objectifs et ne brûlez pas les étapes tout en imposant votre vision propre de jeu. Bon point : être attentif à TOUS les effectifs de votre club et connaître le profil de TOUS les joueurs. Un club qui gagne, c’est bien. Un club qui gagne avec ses jeunes, en osmose avec sa direction et qui connaît la définition du mot identité, c’est mieux.
Apprendre à déléguer
Du haut de votre grand canapé, vous êtes un petit caporal, pas de problème. Mais à Football Manager, de nouveau, cela ne servira à rien, surtout si vous êtes novice. Plonger dans ce monde revient souvent à sauter pour la première fois de sa vie dans une piscine de huit mètres de profondeur sans brassard. Alors, là aussi, prenez le temps de découvrir toutes les fonctionnalités du jeu tout en ayant conscience que maîtriser de manière XXL chaque aspect de votre club nécessite un temps délirant. De plus, vous avez un staff à gérer et à modeler, alors servez-vous en ! Que serait Laurent Blanc sans Jean-Louis Gasset ? Que serait devenu Bono sans The Edge et Adam Clayton ? Pas grand-chose, on le sait tous. Dans un premier temps, laissez la gestion des entraînements à votre adjoint, puis concentrez-vous sur la gestion de votre crâne et vos hommes. Nouvelle note : inutile de vous prendre pour le professeur Tournesol 2.0, l’important est de réussir à trouver les relations parfaites tout en respectant les rôles. Vous avez le temps pour devenir un gourou et il est compliqué de jouer en 3-2-3-2 avec des gosses de 17 ans ou des joueurs de National. Oui, même sur Football Manager.
De l’importance de la perle
Bien sûr, voilà la partie la plus excitante du jeu : se transformer en chien truffier pour trouver le nouveau Maksim Tsigalko. Ce Football Manager 2020 est évidemment un nouveau terrain de jeu extraordinaire pour partir à la chasse aux pépites, mais cela demande d’abord de tirer le meilleur parti possible de toutes les options de scoutisme existantes. N’hésitez pas à balancer du blé pour acquérir de nouveaux yeux dotés de compétences spécifiques : de là pourrait basculer votre destin. Pourquoi ? Car il s’agit là de joueurs souvent peu chers, planqués dans des équipes réserves ou dans des championnats mineurs, dont la valeur va rapidement exploser. Un club ne veut pas vous vendre cette pépite ? Pas de problème, secouez-lui le cocotier et utilisez la réputation de votre club. Une partie de FM se joue essentiellement sur la maîtrise du marché des transferts, notamment des deux premiers. Et n’oubliez pas : la pépite ultime peut aussi se trouver sous votre nez, bien au chaud dans votre super centre de formation. Bon, maintenant, vous voulez quelques noms de mecs à rapidement choper si vous êtes aux manettes de l’Ajax, de Benfica ou si vous savez vous montrer persuasif : Aimar Oroz (Osasuna), Alex Centelles (Valence), Armel Bella-Kotchap (Bochum), Andriy Lunin (Valladolid/Real Madrid), Berke Özer (Fenerbahçe), Nicolo Armini (Lazio), Rayan Aït Nouri (Angers), Enzo Le Fée (Lorient), Billy Gilmour (Chelsea), Sergino Dest (Ajax), Ewan Henderson (Celtic), Josko Gvardiol (Dinamo Zagreb) ou encore Kaio Jorge (Santos). Déjà une belle liste de courses.
Être flexible tactiquement
Une fois que l’effectif est prêt, bien sûr, il faut le faire tourner. Mais ce FM 2020 n’est pas le plus simple, et dans cette édition, les joueurs mettent beaucoup plus de temps à développer de réelles complicités techniques (symbolisées par une ligne verte, signe de coopération idéale). Il faut donc ainsi maximiser le temps disponible et mettre en place d’entrée deux ou trois tactiques différentes. C’est bête, mais précieux, et ça pourra vous aider lorsque vous serez mené 2-0 par Niort à 24 minutes de la fin lors de la 32e journée. Suite logique : parlez à vos remplaçants, félicitez vos jeunes joueurs performants à l’entraînement, suivez les résultats de l’équipe réserve, écoutez un joueur lorsqu’il a envie de partir. Une pomme pourrie, ça pue, on le sait tous.
Respectez le jeu
Football Manager, c’est comme la vie : on prend des claques, on en donne, on tombe, on se relève, mais on accepte son destin et on avance. Donc le premier qui recharge une sauvegarde précédente et s’amuse à jouer avec l’horloge n’a pas compris le plaisir de ce jeu. Il mérite l’excommunication sur le champ. Plutôt ne plus faire l’amour et faire ses courses en Amérique du Sud, donc.
Par Maxime Brigand