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Manuel de survie d’un supporter marseillais en cas de victoire du PSG
Dimanche soir sur les coups de 23h, il y a un risque pour que l’Olympique de Marseille ne soit plus le seul club français vainqueur de la Ligue des champions. Et en plus, c’est le rival parisien qui a la possibilité de mettre fin à cette situation de monopole. Voici un manuel de survie pour les supporters marseillais dans un monde où leur étoile ne serait plus unique.
« C’est quoi le pire pour toi ? Lyon ou Paris qui gagne la Ligue des champions ? » Pendant quelques jours, nombre de supporters marseillais ont dû affronter cette horrible question. Vivre dans un monde où les insupportables Jean-Michel Aulas et Rudi Garcia sont champions d’Europe ou lâcher son dernier bastion de supériorité sportive au rival parisien ? Aucun Marseillais ne devrait avoir à choisir entre la peste et le choléra. Fort heureusement, l’OL a fini par rentrer dans le rang, et l’ennemi est désormais bien défini. Ça a toujours été lui finalement : le Paris Saint-Germain.
D’abord, il est très important d’être dans le déni jusqu’à dimanche et de ne jamais laisser transparaître la moindre crainte. Quoi qu’il arrive, le discours de façade doit être clair : « Nous n’avons pas peur, le Bayern Munich va rouler sur le Paris Saint-Germain. » Il faut rester au chaud dans cette carapace, qui prendra la forme d’un beau survêtement complet du Bayern. Peu importe les moqueries qui décrivent les Marseillais comme des supporters qui vivent par procuration depuis quelques saisons, il faut l’assumer. Vous supportez toujours l’OM, mais pendant quelques jours dans votre vie, cet OM sera l’Olympique de Munich. Point barre. Normalement, ça devrait passer. Mais si le monde s’écroule avec une très peu probable victoire du PSG sur un énorme coup de cul, voilà comment réagir en bloc :
Argument n°1 : International Champions Cup
Le but premier en cas de victoire finale du PSG, c’est de dénigrer du mieux possible ce titre en carton pâte. Cette Ligue des champions ne compte même pas. Changement de format en plein milieu de la compétition, stades vides, mois d’août, suppression des matchs retours propices aux remontadassi jouissives, calendriers et niveau physique disparates entre les équipes : tout ceci est une vaste blague et il n’y pas besoin d’être un ténor du barreau pour le faire remarquer. Mettre un petit coup gratuit à l’OL en appuyant sur le fait « qu’une C1 où l’OL de Rudi Garcia va en demi-finale est forcément une C1 de pacotille » ne fera d’ailleurs jamais de mal.
En appuyant sur le format éclaté de cette Ligue des champions, il ne faut pas hésiter à feindre le détachement, la sérénité quant à votre position, et donc user de sarcasme et d’ironie. Un « bravo au PSG pour avoir remporté cette International Champions Cup particulièrement relevée cet été » siéra parfaitement à cette stratégie, par exemple. Pour les plus créatifs et les plus acharnés d’entre vous, ceux qui ont les reins assez solides pour rentrer dans des débats stériles sur les réseaux sociaux, un montage avec un pangolin remplaçant l’étoile du PSG sera particulièrement efficace.
Argument n°2 : Le parcours de Ligue Europa
Après avoir prouvé par A+B que ce trophée ne valait pas grand-chose de plus que l’EA Ligue 1 Games Cup remportée par l’OM en 2019, jouez-la magnanime. Vous voulez bien laisser les Parisiens s’auto-convaincre difficilement qu’ils ont « gagné une Ligue des champions différente, mais qui a tout autant de valeur » (ce qui est évidemment faux), mais vous pouvez rebondir sur un fait encore une fois inattaquable : le parcours de Ligue Europa du PSG. On vous raillait sur votre parcours facile en C3 en 2018 ? Paris a le même deux ans plus tard dans une compétition censée représenter l’élite.
Huitièmes de finale : Borussia Dortmund, dont la meilleure équipe de la décennie a été balayée par Mathieu Valbuena en 2011. Quarts de finale : l’Atalanta, un club que personne ne connaissait il y a six mois et qui jouait avec des béquilles. Demi-finales : Leipzig, qui en a pris cinq dans la tronche par l’OM, dont le dernier par Hiroki Sakai. HIROKI SAKAI !
Argument n°3 : À jamais les premiers
Pour les petits malins en manque de confiance en eux et en leur club qui oseront vous attaquer en retour sur le parcours de l’OM lors de la seule vraie Ligue des champions remportée par un club français, contentez-vous d’envoyer un lien Wikipedia vers l’arrêt Bosman. Ils ne méritent pas plus de votre temps.
Mais ce qui est pratique, quand on a la chance de supporter l’Olympique de Marseille, c’est que les anciens ont prémâché le travail pour toutes les générations suivantes. Quand Basile Boli a marqué l’histoire du football français pour l’éternité, les Marseillais ont établi le slogan le plus costaud possible : « À jamais les premiers. » Quoi qu’il arrive, quels que soient les moments difficiles de l’OM où les jours fastes des autres clubs, vous pourrez toujours vous réfugier derrière ces quatre mots protecteurs. Comme lorsque vous vous réfugiez dans votre cabane étant enfant. Vous serez toujours les premiers, et les Parisiens ne seront à jamais « que les deuxièmes ». Les métaphores foireuses auront toujours plus d’impact qu’un argumentaire solide. Alors dites-vous bien qu’Edmund Hillary est quelqu’un d’important, mais que tout le monde s’en carre du deuxième gars qui a gravi l’Everest.
Notre pronostic pour ce PSG-Bayern, historique + des cotes doublées pour la victoire du PSG (@6) ou du Bayern (@4) !
Par Kevin Charnay