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Manuel de survie
Après des mois d'interrogations, Manuel Neuer est bien de retour juste à temps pour pouvoir disputer la Coupe du monde en tant que titulaire.
« C’était un bon retour de Manuel Neuer après une si longue absence. » Joachim Löw n’est pas quelqu’un de très expressif, mais ces quelques mots qui paraissent banals veulent dire beaucoup. Ses hommes viennent de s’incliner 2-1 en amical contre l’Autriche. Une vraie alerte, surtout que les Allemands n’ont pas gagné depuis cinq rencontres. Et pourtant, pas de panique. Car ce soir-là, l’Allemagne a gagné bien plus en retrouvant son capitaine Manuel Neuer.
Le gardien du Bayern Munich n’a pas été impérial, mais sa simple présence dans le onze est une bonne nouvelle puisqu’il n’avait plus joué sous le maillot de la Nationalmannschaft depuis le 11 octobre 2016 et une victoire 2-0 contre l’Irlande du Nord. Une éternité pour celui qui est devenu capitaine de sa sélection depuis le départ de Philipp Lahm. Depuis, c’est Bernd Leno, Kevin Trapp et surtout Marc-André ter Stegen qui ont assuré le long intérim, notamment durant la Coupe des confédérations. Mais le boss est de retour.
La course contre la montre
Après une série de blessures au pied, la dernière en septembre 2017 a été celle de trop, puisqu’elle l’a même empêché de jouer avec son club. Une fracture du métatarse qui a forcé Manuel Neuer à ne pas jouer de la saison. À quelques mois de la Coupe du monde, l’inquiétude est grande, surtout que la date de son retour est sans cesse repoussée. En décembre dernier, il espérait se séparer de ses béquilles juste après les fêtes de Noël. Il les avait encore en mars. Au mois de mars, il prévoyait de rejouer quelques matchs avec le Bayern en toute fin de saison, il n’aura le droit qu’à une petite place sur le banc lors de la Coupe d’Allemagne le 19 mai. Des mauvais signes qui n’ont heureusement jamais refroidi Joachim Löw.
Après avoir pris des nouvelles de son état physique durant toute la saison auprès du staff médical du Bayern, le sélectionneur allemand et son staff ont établi une liste de 27 avec quatre gardiens, pour donner du temps à Manuel Neuer avant de prendre une décision définitive. Puis l’ultimatum est tombé juste avant le match amical contre l’Autriche. Si Neuer n’est pas capable de jouer 90 minutes de qualité lors de ce match, le premier depuis le 16 septembre contre Mayence, il n’ira pas en Russie. Car s’il n’est pas le numéro un, il n’a pas à aller au Mondial. Heureusement, tout s’est bien passé contre l’Autriche, et la décision logique est alors tombée lundi. C’est Bernd Leno qui rentre à la maison, et Ter Stegen reprend sagement sa place de doublure.
Une faille dans le système ?
Fin avril dernier, Manuel Neuer exprimait quelques doutes : « À quel moment vais-je pouvoir revenir ? Est-ce que je peux redevenir celui que j’étais après une si longue période d’absence ? Ou dois-je dire : « Je suis encore loin et j’ai besoin de plus de temps » ? Je ne peux pas répondre aujourd’hui, il y a encore beaucoup d’interrogations. » Autant dire que le portier allemand se sent enfin plus léger, au point de mettre ces doutes de côté une bonne fois pour toutes. « Je ne me fais pas de souci. Il n’y a pas plus de risque pour moi que pour n’importe quel autre joueur. J’ai toujours cru que j’allais jouer ce Mondial.[…]Je suis absolument convaincu que je peux tenir le rythme d’un tournoi, c’est pourquoi je veux jouer autant de matchs que possible » , a-t-il assuré.
Une sérénité affichée, qui doit maintenant avoir son pareil sur le terrain. Cela fait maintenant presque dix ans que l’Allemagne compte parmi ses rangs les meilleurs gardiens du monde. Et pour une fois, les attaquants adverses pourront se présenter face à lui en disant qu’il y a peut-être une faille, vu son manque de compétition dans les jambes. Au moins, on aura enfin une réponse à cette question : Manuel Neuer est-il en fait un robot ?
Par Kevin Charnay