- PL
- Blackpool/ManU (2-3)
ManU se sauve de la noyade
Cela devait être une promenade de santé face à une équipe qui avait perdu quatre de ses cinq derniers matches. Finalement, le leader mancunien s'est trouvé à deux doigts de perdre son invincibilité, avant de l'emporter et de flinguer le mental de ses poursuivants.
Un match en milieu de semaine à Blackpool a forcément des faux airs de match de Cup -la vraie ou la carlingue. Stade oublié de la modernité, à la capacité limité, mais bondé de braves provinciaux venus défendre leur gros village et admirer en cachette le visiteur cinq étoiles. C’est dans ce cadre et sur une pelouse pas loin d’être gelée que Manchester United est venu accroître son avance en tête du championnat, en mettant à profit ce match en retard de la seizième journée.
Dans son ambition, la machine mancunienne a cependant vu un gros grain s’infiltrer dans ses rouages. Blackpool a manifestement opté pour une stratégie : jouer « plus direct tu meurs » , avec de longs ballons envoyés fort dans l’axe dès la récupération. Rudimentaire mais suffisant pour faire trembler une arrière-garde mancunienne d’une surprenante fébrilité. Les relances de Vidic, Van der Sar, ou Scholes, redescendu prêter main forte à ses défenseurs, s’effectuent sur le fil du rasoir, et les Mandarine manquent à plusieurs reprises de les couper d’un poil. Est-ce le froid, l’absence de Ferdinand, la présence de Smalling ? Le leader a bien posé sa patte sur le match dès le coup d’envoi, en élargissant au maximum le terrain par son jeu sur les côtés, mais quelque chose ne va pas ce soir dans le monde merveilleux de Manchester United (27 matches sans défaite et 23 points pris sur les 26 derniers en jeu).
Sortir Rooney : le choix payant de Ferguson
Sur leur premier corner concédé, les Red Devils vont craquer. Arrivé lancé comme un avant venu aplatir dans l’en-but adverse, le défenseur Craig Cathcart catapulte le ballon d’une tête maouss dans les filets de Van der Sar (15e). Pour suppléer Evra, sorti temporairement la lèvre en sang, c’est Wayne Rooney qui avait concédé le corner en position d’arrière latéral. Quand ça veut pas …
L’avantage acquis, Blackpool prend confiance et MU semble totalement désorienté, Scholes et Fletcher peinant à retrouver la boussole du jeu. A la 25e, Vidic se montre même tout près de tromper Van Der Sar sur une tête plongeante difficilement maîtrisée par le grand Batave.
Changement de cap : le leader se décide finalement à oublier les couloirs pour passer dans l’axe, et les 15 dernières minutes du premier acte semblent lui appartenir. Rien de signifiant toutefois, si ce n’est une petite frappe de Gibson. Dans sa surface, Blackpool se fait respecter des Rooney, Berbatov et autres Nani. A l’opposé, les Seasiders se montrent tranchants sur chacune de leurs incursions. Sur son dernier corner obtenu en première période, Blackpool va à nouveau faire la différence : Nani dévie de la tête au deuxième poteau pour adresser une véritable passe décisive à Dudley Campbell (43e). Quand ça veut pas… Rarement stoïque face à l’adversité, Ferguson réagit dans les vestiaires en envoyant Giggs au front. Le soldat Ryan offre une tonalité plus offensive et plus technique à ManU en remplaçant Gibson, averti en fin de première période. Monstrueux depuis plusieurs semaines, Anderson reste, lui, sur le banc, alors que Paul Scholes n’apparaît pas dans la partie. A la 50e, le match est tout près d’être liquidé après une intervention irrégulière de Rafael sur Luke Varney, mais l’arbitre passe son tour. Décidés mais désordonnés, les Mancuniens attendront de passer l’heure de jeu pour véritablement étouffer les représentants de la station balnéaire. Une frappe de Paul Scholes sonne la révolte (64e). Dans la foulée, Giggs est tout près de reprendre un superbe centre de Nani au deuxième poteau mais n’atteint que l’extérieur du petit filet. Ferguson surprend alors son monde, mais surtout Wayne Rooney, en l’envoyant sur le banc pour être remplacé par El Chicharito (66e). Ferguson a manifestement opté pour passer dans le dos de la défense du promu, avec Scoles et Giggs en rampes de lancement. Quasi instantanément, le Mexicain donne presque raison à Ferguson, mais manque son face à face alors qu’il était parti à la limite du hors-jeu (70e).
Doublé de Berbatov
Quatre minutes plus tard, Giggs lancera le Mexicain, véritable équilibriste de la ligne du hors-jeu, qui ajustera cette fois le gardien de Blackpool pour donner l’égalisation aux Red Devils. Car, deux minutes plus tôt, Berbatov a profité d’un superbe débordement de Fletcher pour tromper à bout portant Richard Kingson. Le Bulgare confortait ainsi sa place en tête du classement des buteurs et relançait les siens. Il les fera exploser une nouvelle fois à deux minutes de la fin du temps réglementaire. Lancé par Scholes, le Bulgare choisit de se la jouer en solo et d’ignorer El Chicharito, pour venir flinguer Kingston d’une frappe tendue au premier poteau. Le dernier grand moment de ce match à rebondissements viendra du bord de touche, avec un arbitre assistant qui brandit un panneau indiquant 10 minutes de temps additionnel. Rafael s’était longuement fait soigner plus tôt, et était finalement sorti. Fletcher avait alors reculé en position d’arrière latéral pour laisser Anderson investir le milieu de terrain. Tout proche de créer la surprise de la saison, le promu repart finalement à poil. Pour MU, la vie est belle : il maintient la perspective d’une saison d’invincibles et désespère ses poursuivants. Arsenal, son dauphin, se trouve désormais relégué à cinq points.
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