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Mangala : tout le monde veut prendre sa place
Alors que la position d'Eliaquim Mangala semble fortement fragilisée par l'arrivée de Nicolas Otamendi chez les Citizens, celui-ci aurait refusé de rejoindre Valence en prêt, dans le cadre du transfert de l'Argentin. Mais pourquoi donc ?
On ne sait pas si Khaldoon Al Mubarak, Ferran Soriano ou Txiki Begiristain sont adeptes de la fashion week. Toujours est-il qu’à Manchester City, plus qu’ailleurs, l’adage « nouvelle saison = nouvelle garde robe » s’applique à merveille. Défenseur le plus en vogue sur les podiums lors du mercato 2014, Eliaquim Mangala était venu garnir l’immense dressing footballistique des Citizens, tout auréolé de l’étiquette de défenseur le plus cher du monde, avec un price-tag de 53,8 millions d’euros. Mais voilà, là où la patience est généralement de rigueur avec un nouveau joueur, qui plus est un défenseur central (nouveau championnat, nouveau partenaire en charnière…), il faut croire que l’argent, dépensé dans de telles largeurs, n’incite pas à l’indulgence.
Mendes le malin
Au contraire, puisqu’après une première saison en demi-teinte, Mangala a vu un concurrent de poids débarquer chez les Citizens en la personne de Nicolas Otamendi. Et le « meilleur défenseur de la Liga l’an passé » , selon les mots de Manuel Pellegrini lors de sa présentation, n’est visiblement pas là pour faire de la figuration. Arraché pour 45 millions d’euros à Valence, le nouveau numéro 30 des Citizens sort effectivement d’une saison de patron, et arrive avec le costume de néo-titulaire aux côtés de l’indéboulonnable Vincent Kompany. Jusque-là rien d’anormal. Surtout qu’en qualité d’agent des deux anciens pensionnaires du FC Porto, Jorge Mendes avait ficelé un deal gagnant-gagnant pour ses deux poulains. Ainsi, alors qu’Otamendi devait arriver à l’Etihad Stadium, Mangala était censé faire le chemin inverse, et investir paisiblement la place laissée à Valence aux côtés de Mustafi en charnière centrale. Le but ? Lui assurer une place de titulaire dans un club bien parti pour disputer la Ligue des champions, et conserver toutes ses chances de disputer l’Euro en fin de saison, tout en voyant sa valeur marchande maintenue dans le pire des cas, ou augmenter dans le meilleur scénario.
Mangala, n°2 bis
Mais voilà, Mangala a tout simplement refusé. Un « non » qui interroge, tant les conséquences pour le joueur, comme pour son agent, pourraient être désastreuses. Promis à une saison sur le banc, Mangala, qui s’était envolé pour le Brésil avec les Bleus pour le Mondial 2014, pourrait, en cas de saison blanche, devoir laisser son strapontin à un autre. Mais qu’est-ce qui a bien pu motiver ce choix, plutôt étrange au premier abord ?
La première hypothèse, la plus logique, voudrait que Mangala, sûr de ses forces, ait choisi de rester à City pour concurrencer son ancien coéquipier à la loyale. Auteur d’une préparation estivale réussie, l’international tricolore a pour l’instant livré deux copies très propres face à West Bromwich Albion (0-3), puis Chelsea (3-0). Face aux Blues, Mangala a ainsi probablement réussi son meilleur match sous le maillot bleu ciel depuis sa première titularisation en Angleterre l’an passé face… à Chelsea également (1-1). Si Mangala semble désormais avoir une bonne longueur d’avance sur Demichelis et Denayer, ce dernier étant annoncé sur le départ, Otamendi part avec l’avantage d’être la nouvelle recrue, et surtout d’être bien plus technique que le Français, notamment à la relance, une donnée essentielle aux yeux de Pellegrini.
Des titres, à tout prix
Cependant, une partie de la presse britannique affirme que c’est bien le manager chilien qui aurait fait pression sur ses dirigeants pour conserver Mangala, convaincu par ses performances de début de saison. Son souhait ? Instaurer une concurrence de haut niveau entre ces centraux, comme le confirmerait la première interview d’Otamendi depuis son arrivée à City : « Demichelis est ici parce que c’est un excellent joueur, et Mangala… Ce sont des joueurs que n’importe quelle équipe au monde veut avoir et ils sont ici. Cela va être une saine concurrence pour faire partie du XI de départ, mais c’est ça qui est beau en football : vous êtes en concurrence avec vos propres coéquipiers, mais c’est sain. »
Enfin, il y a une deuxième hypothèse, plus compliquée à entendre. Et si, tout simplement, Mangala préférait rester à Manchester quitte à ne pas jouer ? Que ce soit pour ne pas avoir à déménager, ou tout simplement parce qu’il préfère être remplaçant dans un grand club que titulaire dans un club qui ne jouera vraisemblablement ni le titre dans son championnat, ni en Ligue des champions ? Pour faire plus simple : et si le fait de jouer régulièrement n’était pas forcément la priorité pour tous les footballeurs ? Après tout, personne ne s’était insurgé lorsque Pepe Reina, pourtant potentiel titulaire dans n’importe quel club d’envergure en Europe, s’était engagé au Bayern l’été dernier en qualité de doublure de Neuer, avec l’assurance de cirer le banc toute la saison durant. Fidèle soldat de Mourinho, John Obi Mikel a, dans la même veine, connu moins de vingt titularisations sur les deux dernières saisons. Alors, Mangala aurait-il fait le choix des titres au détriment du temps de jeu ? Pour l’instant, difficile de le savoir. Tout ce que l’on sait, c’est que le Français a joué gros. Quitte à gagner le jackpot, ou à tout perdre.
Par Paul Piquard