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Mangala à City : faut-il interdire les contrats propriétés de tiers ?

Par Nicolas Jucha
Mangala à City : faut-il interdire les contrats propriétés de tiers ?

Eliaquim Mangala est enfin un joueur de Manchester City. Le transfert, annoncé dès juillet, a traîné en longueur en raison du statut particulier du joueur, dont les droits fédératifs étaient partagés par le FC Porto et deux fonds d'investissement. Or, si les contrats propriétés de tiers sont autorisés au Portugal, ils ne le sont pas en Angleterre. Et au vu des complexités que le schmilblick engendre, notamment en cas de transfert, ça se comprend...

Alors que la clause libératoire d’Eliaquim Mangala à Porto était évaluée à 45 millions d’euros, les Citizens en auraient déboursé environ 54 pour racheter l’ensemble de ses droits sportifs au club portugais ainsi qu’aux fonds d’investissement Doyen Sports et Robi Plus. 30,5 millions « seulement » arrivent donc dans les caisses des Dragons, qui avaient recruté le joueur au Standard de Liège il y a trois ans pour 7,5 millions. Pourquoi ? À cause des contrats propriétés de tiers. Le 10 mars dernier, le Conseil stratégique du football professionnel (CSFP) européen avait pourtant prôné l’interdiction des contrats propriétés de tiers comme celui d’Eliaquim Mangala à Porto. La raison première ? Les complications administratives qu’ils engendrent, comme dans le cas du transfert de Neymar à Barcelone il y a un an : difficile de savoir qui détient les droits de qui (coucou les subprimes!) et dans quelles proportions. Ce qui d’une part complexifie les négociations en augmentant le nombre de parties prenantes, et d’autre part peut ouvrir la porte à certaines fraudes.

Mais si le procédé existe, c’est qu’il a ses avantages, comme la possibilité de s’offrir un joueur de haut niveau sans vider sa trésorerie. Autorisée au Portugal et en Espagne, très répandue en Europe de l’Est et institutionnalisée en Amérique du Sud, la pratique permet à des entreprises et investisseurs de s’adjuger tout ou une partie des droits contractuels d’un joueur de football. L’exemple le plus célèbre des années 2000 : Carlos Tévez, propriété de Media Sports Investments, la société de Kia Joorabchian. Exemple les plus récents et proches de nous : Radamel Falcao ou Eliaquim Mangala à Porto.

90% des joueurs en Amérique du Sud propriétés de tiers

Il y a bientôt six mois, le CSFP avait indiqué se réserver le droit d’appuyer l’UEFA pour bannir les joueurs concernés des compétitions continentales, dans le cas où la FIFA n’interdirait pas la pratique. En clair, de nombreuses équipes comme le FC Porto ne pourraient aligner leur équipe type en Ligue des champions. Et 90% des joueurs en Amérique du Sud seraient black-listés. Lors de la dernière assemblée annuelle du Syndicat européen des clubs de football, son secrétaire général Michele Centenaro avait pointé du doigt l’opacité de ces contrats : « Personne n’en sait suffisamment là-dessus car ce n’est pas transparent. » Pas transparent et nuisible si l’on en croit Gianni Infantino, secrétaire général de l’UEFA. Lors d’un point presse début mars, ce dernier estimait que le procédé « n’était pas en adéquation avec le fair-play financier, dans la mesure où des clubs peuvent s’appuyer sur des investissements spéculatifs pour acquérir des joueurs qu’ils ne pourraient normalement pas s’offrir » . Et ces investissements ne feraient que transiter dans le football au lieu de l’enrichir, ce qui justifierait le courroux des patrons du foot européen…

Si l’aspect financier est important, l’aspect moral est également pointé du doigt. En août 2013, Michel Platini, président de l’UEFA, avait livré le fond de sa pensée lors d’une conférence de presse à Monaco : « Aujourd’hui, certains joueurs deviennent des produits. C’est un retour 50 ans en arrière (ndlr : les joueurs appartenant à une société), c’est une honte, ça devient un gros business. » Le business pourrait aussi porter sur les résultats si l’on suit le raisonnement de l’agent français Franck Belhassen : « Un joueur ne doit pas appartenir à une entreprise tiers. Dans mon cas, je sers les intérêts de mes joueurs et pas l’inverse. Ce type de contrat est interdit en France et tant mieux. Les entreprises qui possèdent des joueurs peuvent à elles seules créer un résultat. Je ne dis pas que c’est déjà le cas, car un footballeur, par essence, est compétiteur et entre sur le terrain pour gagner. Mais autoriser ce type de contrat, c’est ouvrir la porte à la tentation d’arranger des matchs. » Notamment lorsqu’une même société « possède » des joueurs dans deux équipes engagées dans la même compétition.

Casse-tête juridique

Si la plupart des acteurs du monde du football semblent d’accord pour éradiquer la pratique, certains, comme l’agent français Sonia Souid, se demandent si un tel revirement juridique est possible : « On ne pourra pas interdire la pratique du jour au lendemain : on interdirait à 90% des joueurs en Amérique du Sud de venir en Europe ? » Pour elle, les contrats de joueurs appartenant à des tiers ne sont pas un luxe en temps de crise : « Ce n’est pas forcément une bonne idée d’interdire ce type de contrat dans la conjoncture actuelle. Cela permet à des clubs de recruter des joueurs de haut niveau. À Porto, cela marche bien, plusieurs clubs devraient prendre exemple. Si un joueur recruté par ce biais voit sa valeur augmenter, à la revente tout le monde est content. En France, cela rendrait certains clubs plus compétitifs. »

Pour un autre agent, Stéphane Canard, le bénéfice de la pratique n’est pas si flagrant car « sur la revente de ces joueurs, le bénéfice éventuel est limité au pourcentage que le club possède » ; la preuve avec Mangala. Pour le premier agent français licencié FIFA, la possible interdiction des contrats de joueurs propriétés de tiers est cependant prématurée : « Si vous me dites qu’on se fait une réunion, on analyse les textes, on regarde les conséquences et si à la fin on arrive à la conclusion que cela amène des dérives, je vous dirai que je suis contre les contrats appartenant à des sociétés tiers. Maintenant, comment peut-on considérer que cela amène des dérives ? Je n’ai pas les éléments aujourd’hui. La première multinationale au monde, c’est le football, le problème, c’est que chaque fédération nationale a ses propres règles. Uniformiser les règles à l’échelle mondiale, c’est quasiment impossible. » Les sages du CSFP vont bien nous pondre une ou deux solutions…

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