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- Roma-Liverpool (4-2)
Mané versus wild
Dans un collectif de Liverpool qui a surtout cherché à contrôler et profiter des offrandes romaines, le Sénégalais s’est régalé sur son côté gauche. Histoire de récupérer un peu de la couverture que Mohamed Salah avait jusqu’ici tirée à lui.
Que retiendra-t-on de cette épopée de Liverpool ? Que ce club a le sens de l’exploit dans son ADN. Que les hommes de Jürgen Klopp se retrouvent en finale grâce à un football percutant. Qu’ils atteignent la finale grâce à leur prestation à Anfield. Qu’ils se retrouvent à une unité du record de buts sur une campagne européenne détenu par le Real Madrid avec 41 réalisations en 2014. Qu’ils ont été portés par le talent immense de Mohamed Salah. Avec Roberto Firmino en fidèle lieutenant. Mais si le trio d’attaque a suffisamment été désigné comme le point fort des Reds, c’est sûrement parce que Sadio Mané a allumé la lumière. Et pourtant, le bonhomme mérite aussi d’avoir sa part du butin.
Ce mercredi soir, le Sénégalais a ouvert le score très tôt, faisant comprendre aux locaux qu’il faudrait alors plus que de la hargne pour faire une nouvelle rimonta. Le rictus de Francesco Totti assis en tribune ne faisait que traduire l’état d’esprit dans lequel se trouvaient alors tous les Giallorossi. Surtout, vu le scénario final, ce n’était absolument pas superflu. Bien décalé par Roberto Firmino et en ajustant avec sang-froid Alisson Becker, il s’en est allé inscrire son neuvième but européen de la saison et son sixième des phases finales. À peine deux de moins que ses deux acolytes.
Le marquis de Sadio
La semaine dernière à Anfield, il avait enfoncé le clou après la mi-temps, juste après la démonstration de Salah. Mais sa réalisation arrivait après plusieurs échecs, dont un face-à-face en tout début de rencontre. Et au terme d’un match plutôt quelconque, il trouvait le moyen d’améliorer ses stats. Au Stadio Olimpico, il a inversé la tendance : ce but est venu récompenser un match plein. Car l’ancien Messin a rayonné, montrant qu’il n’était pas le seul Africain à pouvoir briller face à des Grenats. Au point de vexer ses vis-à-vis quand il tente une talonnade présomptueuse peu avant la mi-temps. Que ça soit par ses remontées balle au pied ou par ses récupérations, il a réussi à soulager son équipe, tout en maintenant sous pression la défense romaine.
Longtemps incertain, l’ancien produit de Génération Foot n’était a priori pas en pleine possession de ses moyens, ménagé ce week-end à Stoke pour un pépin à la cuisse. Une manière de confirmer que le petit Sadio sait passer outre ses périodes de creux, répondre présent lors des grands rendez-vous et qu’il a passé un cap sous les ordres de Jürgen Klopp. Un mentor qu’il a longtemps cherché à rejoindre. Alors au RB Salzbourg en 2014, il voulait déjà répondre favorablement aux avances du coach allemand alors en poste à Dortmund. « J’étais si excité ! Je ne pouvais pas croire qu’il veuille qu’on se rencontre » , racontait-il au site Goal. « Ça ne s’est pas fait, c’était frustrant. Mais c’est la vie. Rien n’arrive facilement. » Le destin lui a finalement permis de recroiser le chemin de Klopp. Une route qui le mènera jusqu’à Kiev le 26 mai prochain pour une finale de Ligue des champions, où il cherchera une nouvelle fois à prouver qu’il n’est pas que le troisième pied du tabouret des Scousers.
Par Mathieu Rollinger