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Mandzukic, trop forte tête ?
Mis au banc ces dernières semaines par Diego Simeone, Mario Mandžukić vit une situation qui fleure le déjà-vu. Caractériel et borné, il confirme le jugement de son ancien mentor, Pep Guardiola. Et se mue en cas épineux pour l'Atlético de Madrid, désireux de retrouver la version bêta de sa pointe croate.
De l’Allianz Arena au Vicente-Calderón, il n’y a qu’un trait d’union croate. Et quelques brouilles. « Avec Mandžukić, il faut toujours être en alerte. En moins de deux mois, il est passé d’une attitude réceptive et solidaire à une autre défiante et négative pour, de nouveau, se montrer disposé à tous les sacrifices. » Les propos de Guardiola, tirés du livre Herr Pep, trouvent aujourd’hui un écho tout particulier dans l’office de Diego Simeone. Un parallèle qui, loin de plaire au Cholo, prend racine il y a quelques semaines au Sánchez-Pizjuán. Pour ce match capital entre troisième et cinquième, l’entraîneur de l’Atlético de Madrid décide de se passer des services de sa pointe des Balkans. Un statut de remplaçant qui irrite Mario Mandžukić. Chafouin, il transmet son mécontentement à ses comparses. Une offense pour son coach qui le recadre sitôt le coup de sifflet final : « Nous avons besoin de gens avec de l’enthousiasme, qui comprennent qu’il n’y a rien de plus important que l’équipe, pas même l’entraîneur » . Depuis ce rendez-vous andalou, Mario le terrible n’a plus été aligné dans le XI des Colchoneros. Jusqu’à ce soir ?
Docteur Mandžukić et Mister Mario
Balotelli n’aurait donc pas le monopole des fortes têtes répondant au prénom de Mario ? L’actuelle situation de Mario Mandžukić à l’Atlético Madrid tend à répondre par l’affirmative. Sa mise au banc sévillane rappelle ses prises de tête avec son ancien mentor bavarois. Et assure à ce dernier une certaine honnêteté de jugement quant au caractère du Croate. Avant cet épisode du Sánchez-Pizjuán, son idylle semble pourtant radieuse avec le fanion rojiblanco. Recruté pour plus de 20 millions d’euros cet été, il fait rapidement oublier l’ombre de Diego Costa. Son implication défensive, son agressivité de tous les instants et sa vingtaine de pions lui assurent une forte cote de sympathie dans les tribunes. Même Diego Simone se réjouit de sa venue, en grande partie car « la structure de l’équipe ne va pas changer : il nous apporte la stabilité de pouvoir maintenir la même idée de jeu » . Moins à l’aise que son prédécesseur hispano-brésilien en contre-attaque, Mandžukić incite pourtant le Cholo à quelques ajustements. Mieux, sa relation grandissante avec Antoine Griezmann offre de réjouissantes prévisions pour la deuxième partie de saison des Matelassiers…
Le derby madrileñoen championnat en est l’annonce : la paire franco-croate sera la nouvelle arme fatale du Calderón. Le recrutement de Fernando Torres, merveilleux symbole pour l’aficion rouge et blanc, stimule la motivation de ses concurrents durant un mois de janvier épique. Indispensable, Mario Mandžukić y inscrit la bagatelle de sept buts en 11 apparitions. Même ses coéquipiers avouent jouer pour lui, à l’instar de Siqueira : « Il commence à jouer un peu plus sur les ailes. D’ici, il a de bons dribbles pour garder le ballon ou pour prolonger l’action à une touche » . Sa schizophrénie toque alors à la porte. Comme l’expliquait Pep Guardiola, « l’attaquant croate était très apprécié par ses coéquipiers pour sa capacité à se battre, à presser et à se défoncer sans compter. Mais son agressivité avait également sa part négative : lorsqu’il y avait des coups à l’entraînement, Mandžukić n’était pas loin » . Au Cerro del Espino, rebelote. Depuis le mois de février, les plaintes quant à son caractère individualiste, son manque d’entrain à s’intégrer et son incapacité à parler le castillan se multiplient. Le début des emmerdes, la fin du flirt.
« Il parle anglais et je ne le comprends pas »
Diego Simeone, qui a banni le concept d’individualisme du Vicente-Calderón, sent le coup venir. Pour autant, difficile de mettre en place une communication idoine avec le Croate. « Il parle anglais et je ne le comprends pas » , explique ainsi l’Argentin, homme de paroles et d’actes. Son discours nécessite toujours un traducteur, alors il l’expose par l’intermédiaire des conférences de presse : « Il est très important pour nous, il génère beaucoup de situations dangereuses (…). Nous le considérons comme un joueur déterminant pour notre équipe » . Subliminal ou pas, le message est passé. Reste à savoir s’il est imprimé… Dans le flou, la direction de l’Atlético pense déjà à se séparer de Mandžukić. Plusieurs offres anglaises seraient étudiées, et Simeone aurait coché le nom de Cavani pour la saison prochaine. D’ici juin, l’entraîneur argentin devra pourtant trouver une sortie de crise. Car, malmené en Liga et en Ligue des champions, son Atlético ne peut se passer ad vitam æternam des services de Mandžukić. Seulement ensuite interviendra le temps de la séparation. Après avoir déclaré en octobre qu’il « ne prendrait jamais un café avec Guardiola » , pas sûr qu’il invite Diego Simeone en terrasse.
Par Robin Delorme, à Madrid