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Mandanda : mystères et suspense
L’OM new look a son gardien. Et en foot comme en mode, les vieux articles reviennent au goût du jour. Portier le plus capé de l’histoire de l’OM, Steve Mandanda rentre au bercail. Une bonne nouvelle pour les Phocéens, mais un sacré challenge à relever pour le Fenomeno.
Jusqu’à présent, ils n’étaient que trois. Trois membres de l’OM de Marcelo Bielsa à être revenus après avoir mis les voiles. L’un a fait son retour après une saison de haut vol, avec sur le front, l’étiquette de figure de proue du tout frais « OM Champions Project » . Le second s’est rendu compte que l’herbe n’était pas plus verte ailleurs, pas même sur la belle pelouse de St James’ Park. Enfin, il se murmurait que les aptitudes du dernier en matière de choix musicaux manquaient dans le vestiaire phocéen. Il faut donc croire que les retours de Dimitri Payet, Florian Thauvin et Rod Fanni n’ont pas suffi. Car après une escapade londonienne manquée, Steve Mandanda, aka le capitaine, aka le Fenomeno ou tout simplement le gardien de but le plus capé de la longue histoire de l’Olympique de Marseille, va faire son retour au stade Vélodrome. Une annonce qui ne surprend pas, tant son retour est évoqué dans les rumeurs depuis le début de l’été, mais une arrivée qui prend logiquement aux tripes tous les amoureux du club de la cité phocéenne. Oui, Mandanda c’est neuf années en bleu et blanc, plus de 400 matchs, des parades dingues, un état d’esprit irréprochable et plus globalement un passage qui en impose, malgré quelques saisons plus difficiles. Mais de fait, l’OM et Steve, c’est aussi une histoire « d’ex » . Un nouveau feuilleton entre deux amants qui se sont aimés fougueusement et ont réussi l’exploit de se quitter en bons termes. Steve est parti avec le respect des supporters, l’amour du club et quelques titres. Difficile de faire mieux et c’est bien là le souci. Steve est un taulier dont on se dit qu’il était beau, que c’était le bon temps. Steve est rassurant, les Phocéens le connaissent et lui connaît la maison. Mais pour que l’idylle soit aussi belle qu’auparavant entre les deux tourtereaux, Mandanda va devoir livrer le plus gros combat d’une carrière qui n’en a pas manqué. Un challenge difficile, mais à sa portée.
On s’adapte
Steve Mandanda aime la boxe. C’était même son premier coup de foudre, lorsqu’il n’était encore qu’un gamin parmi tant d’autres au quartier de la Madeleine, à Évreux. S’il avoue trop « détester la course à pied » pour avoir fait carrière sur un ring, son bilan de boxeur amateur parle pour lui : deux succès, aucune défaite et pas une éraflure sur le visage. Du noble art, Mandanda dit « qu’il lui a énormément servi dans sa vie d’homme et de gardien de but » . La rentrée 2017 sera l’occasion de le prouver avec d’autres gants. Car à 32 ans, l’international français va devoir montrer qu’il est plus qu’un souvenir, qu’un symbole fort et qu’un leader capable d’être écouté même au sein d’un groupe talentueux. Car s’il n’est parti qu’une petite saison, le temps passe vite dans le foot et à Marseille encore plus qu’ailleurs. L’OM que Mandanda a quitté n’a rien à voir avec celui qu’il va retrouver. Le vestiaire a changé, les dirigeants aussi, et les ambitions du club avec. Le board phocéen avait d’ailleurs l’occasion d’aller de l’avant à ce poste en optant pour une solution plus jeune et à plus long terme que Mandanda, dont le niveau actuel reste finalement une interrogation. L’équipe dirigeante avait l’occasion de mettre un jeune ambitieux dans les pattes de Yohann Pelé, auteur d’une bonne saison 2016-2017. Ça ne sera pas le cas. L’OM est allé vers ce qu’il connaît, vers ce qui rassure et surtout vers ce qui, à court terme, est malin et abordable. Non, Steve Mandanda n’est pas un gardien d’avenir. Non, il n’y aura pas de plus-value sur un transfert futur de Mandanda. En revanche, Marseille s’est assuré un gardien de bon niveau, à un prix correct, ce qui va lui permettre de mieux investir à des postes où les besoins sont importants (défense centrale, avant-centre). Au fond, Mandanda était plus qu’une solution de facilité. C’était la logique.
La tête dure
En effet, si le natif de Kinshasa sort d’une saison quasi vierge, force est de constater que les portiers abordables sur le marché sont une denrée rare. La piste Lafont a souvent été évoquée du côté de l’OM, mais le Toulousain mis de côté, c’est le calme plat. Costil a signé à Bordeaux, Ruffier semble à son aise à Saint-Étienne et l’OM, qui ne souhaite pas dépenser plus de 20 millions sur un numéro neuf, ne va pas sortir le chéquier pour un portier. C’est donc Steve Mandanda qui arrive, avec dans sa valise, son arc et sa meilleure corde : son mental d’acier. Tout au long de sa carrière, le portier de 32 ans a dû prouver et se battre. L’ex-boxeur a toujours gagné ce combat, sauf en équipe de France où, de son propre aveu, on ne l’a « pas aidé » . Chez les jeunes au Havre puis chez les professionnels et enfin à Marseille, Mandanda a toujours eu les épaules solides. « Mentalement, je pense être armé pour tout. Il faut être ambitieux et sûr de soi pour réussir dans ce milieu-là. Si tu n’as pas confiance en toi, tu ne peux pas y arriver » , nous confiait-il. C’est cette confiance qui va lui permettre de prouver aux supporters présents au stade Vélodrome qu’un peu plus d’un an après avoir passé sa saison à être le pompier de service d’une défense pyromane, il est capable d’être le dernier rempart d’une équipe qui vise clairement le top 3. L’ultime combat d’un puncheur champion de France qui va tenter de prouver que son idylle avec l’OM est belle comme un classique de la Fonky Family : une histoire sans fin.
Par Swann Borsellino