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Mandanda : deux poids, deux mesures
Ce soir, face à l'Arménie (18h), Steve Mandanda enchaînera une deuxième titularisation consécutive en Bleu. Une récompense pour un portier qui retrouve peu à peu son niveau après des exercices compliqués.
Dans la nuit éclairée du Stade de France, deux hommes s’envolent. Cristiano Ronaldo tutoie, comme à son habitude, le cuir à une hauteur alpine. Steve Mandanda lui, est à l’horizontale. La main ferme, le portier de l’équipe de France vient de contrarier les plans du Portugais monté sur ressort : « Mon arrêt a une certaine saveur » , goûte-t-il d’ailleurs après la rencontre. D’une parce que le dernier Marseillais à avoir stoppé Cristiano Ronaldo était Souleymane Diawara. De deux parce que le gardien de l’OM revient de loin. À bout de souffle depuis 2 saisons, handicapé par une blessure aux cervicales qui l’a privé de Coupe du monde au Brésil, Mandanda s’était éloigné du statut de rempart solide pour passer à celui de Stevie boulet. Cette saison, la Ventoline et la chaise roulante ont été mises au placard. Plus léger, plus serein aussi, Steve Mandanda craquelle au fil des semaines une chrysalide dans laquelle il est resté enfermé trop longtemps. Redevenu décisif pour un club qui n’en finit plus de gagner, de retour en Bleu, Steve semble bien décidé à ne plus battre de l’aile. Et à redevenir Papillon.
Le temps de l’affinage
Le Mandanda nouveau n’est certes pas encore arrivé. Mais il progresse. À l’image de son début de saison, marqué par une boulette face à Maboulou lors de la 2e journée, puis quelques parades et reflexes bien sentis, Steve tend vers l’amélioration. D’aucuns, statistiques à l’appui, argueront du fait qu’il n’est pas le plus efficace, que son taux de tirs arrêtés (65%) est celui d’un gardien lambda de Ligue 1, sans avoir tort. Sauf qu’à l’instar de sa rencontre face à Rennes, Mandanda rapporte des points quand il ne permet pas à son équipe de rester dans la partie. Dans la même veine face au Portugal, l’ancienne jeune pousse du Havre doit en partie ce retour en grâce à une fonte de graisse : « Le poids est très important. Personnellement, j’avais ce type de problème durant ma carrière, et avec des kilos en trop, on ne se sent pas bien dans son corps et dans ses performances. Là, je revois le Mandanda qu’on a connu » , explique André-Pierre Gignac, un temps résident du centre de Merano que son partenaire a rejoint en janvier dernier. Même constat chez DD : « Il a retrouvé son meilleur niveau et un physique plus adapté au plus haut niveau. Le foot de haut niveau, ça demande aussi et surtout un corps d’athlète. » Affûté et désormais drivé par un Stéphane Cassard qui n’hésite pas à le bousculer à Marseille, la Mandande souffre moins des critiques qui l’entouraient ces derniers temps sur la Canebière. En Bleu, et malgré les louanges du sélectionneur, le chemin paraît plus tortueux.
Numéro 2, pour toujours
Face à l’Arménie, et pour la deuxième fois consécutive, Mandanda aura à charge de garder les bois Bleus. Une situation rarissime depuis ses débuts avec le coq, Hugo Lloris faisant office de rempart infranchissable au poste de n°1. Dans l’ombre du Spur depuis près de 6 ans, il s’est contenté de jouer le coiffeur de luxe avant cet été, de voir son poste menacé par la relève. Car si son indisponibilité a évidemment précipité l’avènement de Ruffier, les performances solides du Stéphanois conjuguées à celles décevantes de Steve auraient pu justifier cet échange de statut, même avant le KO. Mais le temps de la remise en cause est passé. Cette semaine, Didier Deschamps n’a eu de cesse de conforter l’intéressé, privant même Costil d’une apparition dans le 11 de départ. Une marque de confiance, que l’intéressé confesse à demi-mots : « Si je suis numéro 2 en Bleu ? Je pense connaître la réponse, mais si Deschamps ne le dit pas, je ne peux rien dire. » Revenu au niveau de Ruffier dans le jeu, devant dans la hiérarchie, Steve ne devrait plus avoir à craindre de ses poursuivants si la régularité l’habite de nouveau, le match de ce soir devant en être une nouvelle confirmation. À 29 ans et avec l’Euro 2016 en ligne de mire, l’éternel numéro 2 pourrait déjà s’en satisfaire. Mais ce serait bien mal le connaître.
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