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Mancini, le nouveau défi turc
Après quatre mois de chômage, Roberto Mancini reprend du service. Le coach italien a pris les rennes de Galatarasay, après le départ de Fatih Terim. Pour son tout premier match à la tête du club turc, Mancio retrouve une vieille connaissance : la Juve.
La vie est parfois étrange. Roberto Mancini et Antonio Conte se sont croisés à de nombreuses reprises, au cours de leur carrière. Quand Mancio portait les couleurs de la Sampdoria, Conte évoluait encore à Lecce. Puis ce dernier a rejoint la Juve. Mancini, lui, est ensuite parti à la Lazio. Au cours de ces années, Mancini a remporté deux Scudetti et six Coupes d’Italie, Conte, lui, a glané 5 titres de champion d’Italie et une Coppa Italia. Souvent rivaux, jamais coéquipiers. Puis les deux ont suivi le même chemin : celui du banc de touche. Mancini a commencé fort : Fiorentina, Lazio et Inter. Conte débute plus bas, avec Arezzo, Bari, l’Atalanta et Sienne. Mais les deux parcours se ressemblent. Le palmarès aussi. En tant que coach, Mancini a remporté deux fois le Scudetto avec l’Inter (trois si l’on ajoute celui de 2006 attribué sur tapis vert), Conte l’a gagné deux fois aussi, avec la Juve. Le seul pas qui différencie les deux, c’est que Mancini, de 5 ans l’aîné de Conte, a osé tenter l’expérience à l’étranger. Une expérience à Manchester City, où il a remporté le titre de champion d’Angleterre. Et comme l’histoire est belle, ce soir, pour son premier match sur le banc de Galatasaray, Mancini retrouve l’Italie et retrouve Antonio Conte. En tant qu’adversaire, comme d’habitude.
Du 13 mai au 13 mai
Galatasaray, donc. C’est le choix de Roberto Mancini pour signer son retour, quatre mois après son départ de Manchester City. Enfin, disons plutôt son limogeage. C’était le 13 mai 2013. Après s’être incliné en finale de la FA Cup face à Wigan, relégué quelques jours plus tard en deuxième division, Mancini est tout simplement viré par les dirigeants de Manchester City. Une date importante puisque c’est justement le 13 mai, une année plus tôt, que Roberto Mancini avait vécu le moment le plus dingue de sa carrière de coach, en remportant la Premier League au terme d’une dernière journée au scénario hitchcockien. Mais après le titre, la relation entre City et Mancini a commencé à se dégrader. Le rival, Manchester United, a dominé la Premier League, et la saison n’a même pas pu être sauvée par une FA Cup, à cause de cette défaite en finale contre Wigan. Mancio a donc été viré, après trois ans et demi de bons et loyaux services. Quatre mois de vacances, des rumeurs par-ci par-là (à la Roma, notamment, mais aussi au PSG), et, finalement, l’ancien numéro 10 choisit Galatasaray. Une équipe qui vit un début de saison très compliqué.
Le paradoxe, c’est qu’en championnat, le champion en titre est encore la seule formation invaincue de la saison. Bah alors, pourquoi Fatih Terim a-t-il été viré ? Tout simplement parce que, s’il ne perd pas, Galatasaray ne gagne pas non plus. Le bilan est d’une victoire et… quatre matchs nuls. Du coup, Mancini récupère le club à une trop modeste dixième place au classement, à huit longueurs, déjà, de Fenerbahçe (mais avec un match en moins). Ajoutez à cela la rouste reçue lors du premier match de Ligue des champions (6-1 à domicile contre le Real Madrid, ça pique), et vous obtenez une équipe en plein doute, avec pourtant des joueurs de haut niveau, à l’image de Drogba, Sneijder, Yılmaz, Eboué, Altıntop, Chedjou, Riera, Muslera ou encore Felipe Melo. Le défi de Mancini est là : redonner confiance à ces joueurs, et repartir de l’avant, après un cycle Terim qui aura permis au club stambouliote de remporter deux fois le championnat, et deux fois la Supercoupe. À Mancini de faire au moins aussi bien.
12 trophées en 12 ans
Ce soir, ce sera également l’occasion d’autres retrouvailles. Celles entre Roberto Mancini et Carlos Tévez. Les deux hommes ont passé plusieurs saisons ensemble à Manchester City, et leur relation n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. L’Apache avait notamment été mis hors du groupe après un clash avec son entraîneur. Le pardon avait été accordé quelques mois plus tard, mais l’un n’a jamais aimé l’autre, c’est un fait. Or, si la cheville de l’Argentin le permet (il s’est fait démonter ce week-end par le joueur du Torino Immobile), il sera ce soir sur la pelouse du Juventus Stadium, pour se dresser face à Mancini. Pas de quoi faire trembler le Mancio, qui sait toutefois qu’il sera accueilli comme il se doit par le Juventus Stadium (le Scudetto 2006 avait été enlevé à la Juve, et attribué à l’Inter de Mancini, les tifosi de la Juve ne l’ont jamais franchement accepté).
« Difficile de préparer un tel match en un seul jour, mais nous allons essayer, a-t-il assuré. Nous allons jouer et tenter notre chance, comme toujours. » Des mots simples, pas encore en turc, certes, mais qui prouvent que Mancini n’a pas l’intention de faire trop de blabla. Ce match contre la Juve va être très compliqué, et Mancini sait déjà qu’une défaite compromettrait sérieusement l’avenir de son nouveau club en Ligue des champions. Mais Mancini a l’habitude. À chaque fois qu’il est arrivé dans un club (Lazio, Inter, Manchester City), il a permis au club de se relever, et de gagner des trophées : 12, en tout, en tant que coach, en 12 années de carrière. Un sacré CV, pour un type que de nombreux observateurs considèrent comme un mauvais entraîneur.
Par Eric Maggiori