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Mancini : « Il faut savoir défendre pour gagner des matchs »

Par Markus Kaufmann
6 minutes
Mancini : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Il faut savoir défendre pour gagner des matchs<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

En mars dernier, Roberto Mancini recevait dans son bureau ovale du centre d'entraînement de Galatasaray à Istanbul. « Attends, rien ne peut remplacer cette sensation d'avoir le ballon entre les pieds », disait-il avec un sourire nostalgique, avant de reprendre : « Mais en tant qu'entraîneur, j'aime gagner parce que j'aime voir que le travail peut porter ses fruits. Ce que j'aime, c'est changer les choses. » Avant d'affronter le Milan puis la Roma, qu'est-ce que le Mancio va pouvoir changer dans cette Inter ?

Au-delà du manque d’enthousiasme transmis par le Mister à ses tifosi, l’Inter de Mazzarri regroupait cinq défauts tactiques : une possession importante (56%), mais peu hiérarchisée et lourde dans un système (3-5-2) articulé pour des attaques rapides, un manque d’insertions verticales des milieux, peu de lien entre milieux et attaquants, malgré l’activité de Kovačić balle aux pieds, un manque de qualité technique chez les défenseurs pour espérer une défense à trois participative, et enfin de grosses souffrances à la perte du ballon. Pour résumer : une équipe bien trop « longue » sur le terrain, avec des attaquants et des défenseurs placés dans un système de contre-attaque, et des milieux perdus avec la balle entre les jambes. Le premier défi de Mancini sera donc de mettre rapidement sur pied une équipe compacte.

La mort de la défense à trois

Walter Mazzarri parti, Milan s’est empressé de fêter ce licenciement comme une libération tactique. Après avoir suscité beaucoup d’espoirs, deux années de défense à trois sans aucune remise en question ont eu un impact négatif : Mazzarri avait fait de l’Inter une équipe incapable de s’adapter. Et même une « provinciale » , pour certains. Mais dès que le nom de Roberto Mancini a été annoncé en Italie, tous les journalistes ont scellé la fin du trio défensif : ce sera un 4-3-1-2 ou un 4-4-2. En mars, Mancini analysait : « J’ai utilisé tous les schémas dans ma carrière : 4-3-1-2 avec l’Inter, 4-2-3-1 avec City et 4-3-3 ici à Galatasaray. Et même le 3-5-2. La défense à trois me plaît beaucoup, mais c’est difficile car il te faut non seulement trois défenseurs qui peuvent faire face à des situations fréquentes de un-contre-un, et des latéraux avec un énorme volume de jeu. » Le problème est résolu : l’Inter n’a ni les uns, ni les autres. Le changement est donc naturel, même si une question reste en suspens : avec quels défenseurs ? Ranocchia, Vidić, Campagnaro et Juan Jesus (qui peut aussi jouer arrière gauche) vont se battre pour deux places de centraux, tandis que Dodô, Jonathan et Nagatomo sont des latéraux avant d’être des défenseurs. Seul D’Ambrosio retrouve son poste d’origine de vrai défenseur latéral.

Une mentalité défensive d’abord, et gagnante ensuite

Mancini est connu pour être un grand amateur des 1-0 à l’italienne. Un homme qui ne reniera jamais le schéma « organisation tactique impeccable + but sur erreur de l’adversaire » , surtout dans une situation où son équipe a besoin de points avant tout. En mars, il s’expliquait : « Avant tout, il faut savoir défendre pour gagner des matchs. À City, on encaissait deux ou trois buts lors des premiers matchs… Puis on a été la meilleure défense du championnat pendant trois saisons. Il suffit de regarder l’histoire des championnats : chaque année, normalement, la meilleure défense remporte le championnat : le Bayern, le Barça, la Juve… La phase défensive est primordiale car elle concerne tout le collectif. En attaque, si tu as de grands attaquants, tu vas quand même finir par marquer. Les attaquants savent attaquer. » Depuis le début de saison, l’Inter a encaissé 14 buts en 11 matchs, en plus de trois penaltys (tous arrêtés par Handanović). Mancini va donc certainement mettre en place un schéma où la rigueur défensive occupera une place centrale. En fonction de l’occupation des couloirs de l’adversaire, il se limitera jusqu’à janvier au 4-3-1-2 et 4-4-2, tout simplement parce que l’Inter n’a pas les joueurs pour le 4-2-3-1.

« Tout dépend des joueurs que tu me donnes. Si j’ai quatre défenseurs à l’aise dans le un-contre-un, je joue de manière offensive. Mais si la défense prend un but dès qu’il y a une difficulté, j’ai besoin de la protéger avec plus de couverture au milieu, et moins de joueurs offensifs. C’est une histoire d’équilibre. » Dans la première option, le Mancio utiliserait un milieu à trois. Pour cet équilibre, il pourra compter sur une armée de milieux centraux recrutés par Mazzarri : les protecteurs de défense Medel et M’Vila, Kuzmanović – très décevant dans le rôle de six, et intéressant en relayeur cette année – mais aussi les plus polyvalents Kovačić, Guarín, Hernanes et Obi. Tout dépendra de Kovačić et de sa faculté à occuper le poste de trequartista. Dans la seconde option, Mancini ferait confiance à un double pivot Kovačić-Medel/M’Vila, et utiliserait deux milieux latéraux que pourraient être Guarín à droite et Dodô à gauche. Dans les deux schémas, le Mister alignerait Icardi et un attaquant plus mobile, Palacio ou Osvaldo.

La clé Mateo Kovačić

Le Croate sera un élément central du deuxième mandat intériste du Mancio. D’une part, il est de très loin le joueur au potentiel créatif le plus intéressant de l’équipe, voire même du championnat. D’autre part, il évolue à un poste que Mancini connaît bien. Lui-même avait écrit une thèse sur le trequartista, et avait utilisé ce système à l’Inter durant une bonne partie de son premier mandat. Enfin, Mancini travaille beaucoup avec les jeunes : « Par rapport aux joueurs plus seniors, ils ont une grande envie de s’améliorer. C’était bien plus facile d’entraîner Balotelli il y a cinq ans qu’aujourd’hui ! C’est pour ça que ça m’arrive parfois de m’énerver avec des joueurs qui ne s’entraînent pas correctement. Tout ce que les joueurs font aujourd’hui, je l’ai fait avant eux, même les choses stupides. Quand j’étais jeune, je pensais que mon talent et le don que l’on m’avait donné allaient suffire. De seize à dix-neuf ans, j’ai gâché trois ans de progression potentielle ! Quand tu vois un joueur talentueux qui ne s’engage pas, qui ne se concentre pas, c’est terrible. Ça ne devrait pas arriver. Quelle tristesse ! »

Un discours qui fait instinctivement dire que Yann M’Vila pourrait être en de bonnes mains. Et le simple fait qu’il soit aligné dans l’équipe probable du derby cette semaine en dit long sur la volonté du Mister de relancer le Français. De manière générale, les mots ont dû plaire à Thohir, qui a pris soin de baisser la moyenne d’âge de l’effectif noir et bleu depuis son arrivée : avec Icardi, Kova, M’Vila, Dodô, Juan Jesus, Obi, M’Baye et même Bonazzoli, le Mancio a un groupe jeune.

« Une logique de groupe » et donc des leaders

« L’un de mes objectifs d’entraîneur, c’est toujours de trouver des joueurs capables de mener autour d’eux deux ou trois joueurs dans la même direction pour qu’ensuite tout le groupe suive. C’est une logique de groupe comme une autre. Ces joueurs peuvent commander les autres sur le terrain et savent prendre ton relai sur le terrain. Tu parles à un joueur, et tu sais que toute l’équipe a compris. » Les mots sont clairs : Mancini a besoin de joueurs avec personnalité et savoir tactique. Dans ce groupe, seuls Medel, Vidić et Kuzmanović semblent répondre à ces critères, mais qui sait si le Mancio ne pourrait pas transformer définitivement Ranocchia, Hernanes et Guarín en petits chefs… En tout cas, il n’y a certainement pas de Cambiasso ni de Zabaleta dans cette Inter, et Roberto Mancini va devoir commencer par changer les choses tout seul.

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Par Markus Kaufmann

Tous propos recueillis par Markus Kaufmann, à Istanbul (extraits de l'interview dans So Foot Junior n°1)

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Le site Faute Tactique
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