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- Brentford-Manchester United (4-0)
Manchester United en dépression
Certes, Erik ten Hag vient tout juste d’arriver, et il faudra nécessairement du temps au technicien néerlandais. Mais le visage présenté par Manchester United ce samedi a de quoi sérieusement inquiéter. En déplacement à Brentford (4-0), le club le plus titré du pays s’est ridiculisé. Au-delà de grossières erreurs individuelles, Harry Maguire et sa bande, atones, ont brillé par un manque criant de personnalité. Le pronostic vital n'est pas encore engagé, mais garder un défibrillateur à portée de mains semble une nécessité.
La journée de samedi s’annonçait galère en Angleterre. Principale raison : une grève massive des compagnies de chemins de fer qui a largement perturbé les liaisons ferroviaires, et donc les trajets des supporters. Ceux de Manchester United n’avaient assurément pas besoin de ça après avoir assisté à la débâcle de leurs protégés sur la pelouse de Brentford. Un cinglant 4-0, encaissé contre une équipe qui évoluait encore en Championship il y a quinze mois. Summum de l’humiliation : le club aux vingt titres de champion d’Angleterre a passé la nuit au fin fond de la zone rouge. On n’ose imaginer ce que Sir Alex Ferguson a pu en penser.
Les Misérables
Il y a un mois à peine, United collait un 4-0 à Liverpool en Thaïlande, laissant augurer d’un retour en force. Un espoir qui semble s’être déjà évaporé au bout de deux journées de Premier League. Guère brillants contre Brighton, les Red Devils ont touché le fond ce samedi. Le pire étant que si le navire a coulé, c’est en grande partie parce qu’il s’est lui-même sabordé. Le désastre a commencé lorsque David De Gea a laissé un tir presque anodin de Josh Dasilva finir au fond de ses filets. Approximatifs dans leurs relances, dégoulinant de fébrilité, les joueurs d’Erik ten Hag ont logiquement été punis par Mathias Jensen, avant que Ben Mee et Bryan Mbeumo n’alourdissent la note. Moins de 35 minutes de jeu et 4-0 pour les Bees. Une banderole demandant le départ de la famille Glazer émergeait alors sans surprise dans le parcage visiteur.
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Les supporters ont le mérite de réagir, contrairement aux joueurs. Sur le pré, des regards dépités, mais aucune remobilisation. Les Mancuniens sont invisibles, et pas seulement parce que leur horrible maillot se confond avec la couleur de la pelouse du Brentford Community Stadium. « Brentford les a frustrés jusqu’à la soumission », analyse l’ancien attaquant Glenn Murray à l’antenne de la BBC. Aucun signe d’orgueil à l’horizon. Sur le plateau de Canal+, l’ancien Red Stan Collymore ne mâche pas ses mots : « pas de cœur », « pas de passion », des joueurs qui « ont l’air perdu » et un body language de loser. Jamie Carragher ne se prive pas pour changer sa photo de profil sur Twitter en trollant son meilleur ennemi Gary Neville, maquillé en clown. La métaphore est parfaitement appropriée : United montre un visage ridicule. Celui d’une équipe apathique et pathétique, indigne de l’immense histoire d’une institution vieille de 144 ans.
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Kids United
United a eu le « mérite » de stopper l’hémorragie en deuxième période, et De Gea de retrouver des réflexes de gardien de but (50e, 85e). Cristiano Ronaldo a néanmoins beau tenter de frapper à la moindre opportunité, jamais David Raya ne sera véritablement inquiété. Et ce n’est pas la tête de Christian Eriksen, placée mais pas assez puissante (67e), qui chauffera sa paire de gants. « C’est médiocre, c’est clair, a admis Erik ten Hag au micro de Sky Sports. Encaisser quatre buts en 35 minutes, ce n’est pas possible. L’équipe doit prendre ses responsabilités. Je suis vraiment désolé pour les fans. Ils donnent tout pour nous soutenir et nous les avons laissé tomber. »
Gary Neville a carrément comparé les joueurs présents sur la pelouse ce samedi à des U9. « C’est une véritable performance de dépenser un milliard de livres et d’être aussi mauvais, a-t-il lâché. Il ne faut pas grand-chose pour démanteler cette équipe de Manchester United. Il suffit d’un peu d’organisation, d’un peu de combativité, et le tour est joué. Si vous les malmenez un peu et que vous marquez un but, ils sont friables comme vous ne pourriez le croire. » Et l’ancien latéral de s’inquiéter, alors que Ten Hag attend encore du renfort au milieu et en attaque : « Si vous êtes un joueur et que vous voyez cette première période, vous avez envie de venir dans ce club ? »
Au coup de sifflet final, peu avant 19h30 à Londres, c’était un stade, deux ambiances. D’un côté, les joueurs de Brentford, tout sourire, se congratulant longuement sur l’air guilleret du tube Hey Jude. De l’autre, ceux de United, pour qui le titre Highway To Hell semblait beaucoup plus approprié. Les Red Devils ont une certitude : ils recevront Liverpool lundi prochain en tant que relégables. Avec un ciel particulièrement chargé, et la menace de revivre le fiasco d’octobre dernier. Le Théâtre des rêves, à deux doigts de devenir le Théâtre des cauchemars.
Par Quentin Ballue