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Manchester United – Bayern Munich, 1999 : 93 minutes chrono !
Extra time ou time extra ? C’est dans les arrêts de jeu que les Red Devils ont réalisé l’un des plus gigantesques retournements de situation de l’histoire du sport. Menés 0-1, ils ont accompli une mini-remontada en forme de mort subite achevée sur un 2-1 irrationnel resté anthologique...
Manchester United – Bayern Munich (2-1) – Finale de la Ligue des champions – 26 mai 1999Buteurs : Basler (6e), Sheringham (90e+1), Solskjær (90e+3) On attachait les jolis rubans aux couleurs du Bayern aux anses de la coupe aux grandes oreilles lorsque le quatrième arbitre annonce trois minutes d’arrêts de jeu. Les feux de Bengale des supporters bavarois enfument certaines travées du Nou Camp bondé de 90 000 spectateurs. Le président de l’UEFA Lennart Johansson quitte alors la tribune d’honneur afin de se rendre sur la pelouse pour la cérémonie de remise du trophée au Bayern et des médailles en chocolat aux Red Devils menés 1-0… Mardi 25 mai, veille de cette finale de Ligue des champions 1999, Alex Ferguson avait tacitement assumé le statut d’outsider des Mancuniens : « Ce que j’ai accompli jusqu’ici plaide pour moi, j’en suis comblé. Alors pourquoi devrais-je considérer un échec en Coupe d’Europe comme une tragédie ? »
Schmeichel sauvé par ses barres !
L’exploit de Turin 3-2 après avoir été mené 2-0 face à la Juve a coûté deux suspensions à MU, celles de Paul Scholes et surtout du capitaine Courage Roy Keane. Ferguson s’en tiendra tout de même à son 4-4-2 avec sa paire Yorke-Cole devant, Butt et Beckham dans le cœur du jeu, ainsi que Blomqvist à gauche et Giggs à droite. Ottmar Hitzfeld aligne un savant 3-4-1-2, avec Matthäus en libéro, Jeremies et Effenberg en milieux axiaux et un trident Basler-Jancker-Zickler… À 20h45, Pierluigi Collina libère les 22 acteurs ! À peine 6 minutes de jeu, et coup franc aux 18 mètres pour Mario Basler dont le shoot brossé très bas contourne le mur pour finir petit filet opposé : 1-0 ! Peter Schmeichel, capitaine d’un soir comme son homologue Oliver Kahn, n’a pas bougé… Le reste de la première période s’équilibre ensuite entre les Rouges mancuniens et les Gris Argent munichois. À la mi-temps, Fergie secoue ses gars, se rappelle Cole : « C’est une finale de Ligue des champions et certains d’entre vous n’en rejoueront sans doute plus d’autres ! Alors défoncez-vous sans compter en étant bien sûr que vous aurez tout donné en sortant de ce match ! » Après un bon tir de Basler, le meilleur Allemand sur la pelouse, Manchester réagit donc en ce début de reprise par Blomqvist qui se jette en extension sur le ballon centré fort devant Kahn par Giggs, mais qui finit au-dessus. Et la machine Bayern repart de plus belle avec un tir décoché du milieu de terrain de Basler qui avait vu Schmeichel trop avancé (63e)… Mais au-dessus également ! Ferguson fait alors entrer Sheringham pour Blomqvist pour passer à trois attaquants. Mais rien n’y fait ! Basler parti à nouveau en raid solitaire transmet à Scholl qui, des 16 mètres, lobe Schmeichel en feuille morte : poteau ! « Quand le ballon est parti, je ne me suis pas retourné de suite, car je savais que ça faisait 2-0. Et puis, quand je l’ai vu heurter le poteau pour me revenir dans les bras, j’ai su qu’on gagnerait », racontera Schmeichel pour uefa.com. À 10 minutes de la fin, Ferguson sort Cole pour lancer son super sub norvégien, Ole Gunnar Solskjær, a.k.a Baby-Faced Killer, l’assassin à la gueule d’ange. Hitzfeld sentant la victoire quasi acquise, sort, lui, Matthäus pour Fink. Deux choix de coaching qui vont peser lourd… Car le retrait de Lothar rassure les Red Devils, dont Solskjær, justement, qui place aussitôt une tête dangereuse que Kahn bloque. Mais c’est bien le Super Bayern qui cingle vers le triomphe. Un shoot de Scholl pousse Schmeichel à une super détente afin d’écarter le cuir en corner (82e), puis c’est une bicyclette de Jancker qui propulse le ballon sur la barre !
103 secondes hitchcockiennes !
On joue la 90e et on annonce trois minutes d’arrêts de jeu. Lennart Johansson descend sur la pelouse par l’escalier intérieur. Il ne verra rien d’un des comeback les plus extraordinaires de l’histoire… 90 minutes et 30 secondes : corner de Beckham qui vise la tête de Schmeichel monté à la desperado. Le ballon cafouillé dans la petite surface est mal renvoyé par Fink aux 16 mètres vers Giggs dont la reprise maladroite du droit est prolongée par Sheringham sur la ligne des 6 mètres… Son tir à ras de terre en pivot fait mouche : 1-1 ! Le virage Man-U explose ! Solskjær racontera au Daily Mail :« Quand Teddy a marqué, tout le monde a couru vers lui, sauf moi. J’ai couru droit vers la ligne médiane. Parce que je me préparais pour jouer 30 minutes supplémentaires. » Matthäus, visage figé, est sidéré, tandis qu’Alex Ferguson, qui n’y croyait plus, s’est levé d’un bond, bras au ciel : « Je m’apprêtais à reconnaître notre défaite. Je m’efforçais de rester digne en acceptant le fait que ce ne serait pas notre année. Ce qu’il s’est produit ensuite m’a stupéfié. »92e minute et 15 secondes : même corner pour Beckham, côté gauche, pour la tête de Sheringham aux 6 mètres qui décroise au bas du poteau opposé… Solskjær tout seul prolonge dans le plafond du but : 2-1 ! Deux buts en 103 secondes dans un « rugissement de lion », dixit Collina ! L’Angleterre n’oubliera pas le commentaire du célèbre Clive Tyldesley sur ITV : « Manchester United have reached the promised land ! The two substitutes have scored the two goals in stoppage time and the treble looms large ! » La Terre promise, les deux remplaçants buteurs, les arrêts de jeu et le triplé coupe-championnat-C1 qui prend forme… Le néant engloutit aussitôt Matthäus : « Sur le banc, nous pensions tous que nous avions match gagné. Rien ne laissait présager que United marquerait. Et ce qui a suivi fut incroyable… C’était comme regarder un film d’horreur. » Les joueurs bavarois tombés à terre pour la plupart ne veulent même plus reprendre l’engagement… L’arbitre abrège leur peine et siffle la fin. Quel scénario ! L’onde de choc émotionnelle provoque toujours des frissons quand défilent les images des deux corners de David « Spice Boy » Beckham… Manchester United est champion d’Europe 31 ans après le succès de 1968 de Best et Charlton. Le Fergie Time l’emporte sur les finish victorieux à l’allemande déplorés par Gary Lineker. Le bon Alex Ferguson ne trouve pas les mots au micro d’ITV : « I can’t believe it. Football, eh? Bloody hell. » La reine Elizabeth l’anoblira le 12 juin de cette année et Sir Alex conduira ses Diables vers des succès qui boosteront une Premier League devenue à la suite de la Serie A le championnat le plus médiatisé au monde.
Les années 1990 vous manquent ? Retrouvez le goût des nineties en regardant Power Book III: Raising Kanan, la série produite par Curtis « 50 Cent » Jackson et Courtney Kemp, disponible dès maintenant sur Starzplay.Chérif Ghemmour