- Premier League
- J30
- MU-Liverpool (2-1)
Manchester United anesthésie Liverpool
Porté par une première période entièrement maîtrisée et un doublé rapide de Marcus Rashford, Manchester United a croqué Liverpool samedi (2-1) et prend cinq points d'avance précieux.
Manchester United 2-1 Liverpool
Buts : Rashford (14e, 24e) pour Manchester United // Bailly (66e, c.s.c.) pour Liverpool.
Scène révélatrice samedi, à l’heure du digestif, dans l’une des deux zones techniques d’Old Trafford : alors que l’on touchait la demi-heure de jeu dans ce qu’il considérait comme « la plus belle rencontre imaginable » , Jürgen Klopp s’est figé, laissant une moue se dessiner sur le bas de son visage et ses yeux tourner derrière la buée de ses lunettes. Au lieu d’exploser de tous les côtés comme à son habitude, l’Allemand a assisté à la capture de son Liverpool par un adversaire à l’approche extrêmement simpliste, mais salement efficace : un 4-4-2 serré, des ailiers cliniques et sérieux dans le repli défensif, un milieu maître dans l’impact et une base arrière qui a alors fermé les espaces en moins de temps qu’il n’en faut pour cligner de l’œil. Klopp, pourtant, avait décidé de venir défier l’ennemi – également déguisé, cette fois, en dauphin à harponner – sans rien changer, débarquant à Manchester avec un canevas classique où Lovren avait été préféré à Matip et où Henderson, de retour de blessure, a laissé sa place à Oxlade-Chamberlain. Conséquence : il est reparti d’Old Trafford samedi comme il était reparti de Wembley en octobre et de l’Etihad en septembre. Soit avec des blessures à cautériser (1-2).
Les chirurgiens
Drôle de guet-apens : déjà, il faut le noter, ce Manchester United-Liverpool aura été à la hauteur des attentes et du niveau qu’il doit historiquement atteindre. Parce que contrairement à la manche aller, José Mourinho avait décidé de jouer ? Plus, c’est une certitude, même si le Portugais ne changera jamais son approche des grands cols. L’idée est la suivante : faire déjouer l’adversaire avant de faire jouer sa propre équipe. Samedi, Mourinho avait décidé de se rapprocher de ceux qui l’ont sorti de la mouise lundi dernier, à Crystal Palace (3-2) : Pogba blessé, Martial aussi, l’aiguilleur portugais a donc balancé sur la feuille de match Marcus Rashford, excellent à Selhurst Park, mais aussi Juan Mata et surtout Éric Bailly, préféré au fragile Lindelöf. Résultat, Manchester United a étouffé l’expression offensive des Reds, la paire Matić-McTominay croquant le milieu, père des grandes batailles, et les chirurgiens n’avaient ensuite plus qu’à s’avancer sur un côté droit adverse craquelé : sur une longue relance de David de Gea, Lukaku a alors décollé au-dessus de Lovren, histoire de dévier pour Rashford, qui s’est ensuite contenté de jouer avec Alexander-Arnold (1-0, 14e).
Suffisant ? Non, d’autant que Liverpool s’est ensuite montré incapable de réagir, Salah étant parfaitement attrapé par Ashley Young, progressivement monté en température, Bailly ajoutant une roulette à la difficile après-midi de l’international égyptien et Van Dijk catapultant une tête à côté du but de De Gea sur corner. Sur la secousse suivante, répétition de mouvement : Lukaku au-dessus de Lovren, le ballon tombe dans les pieds de Mata, Van Dijk tente de relancer et Rashford conclut (2-0, 24e). Clinique, mais tout sauf illogique, d’autant qu’à la pause, le casse-tête aurait pu être encore plus complexe pour Klopp si Mata n’avait pas fait dérailler une magnifique bicyclette, là où Roberto Firmino s’est contenté de répondre via de maigres tentatives lointaines.
Bailly, patron malgré tout
Impression tenace : pour la première fois depuis longtemps, Liverpool est empêché de piquer dans la surface adverse, si ce n’est sur un corner où Van Dijk bouffe une nouvelle fois le cadre dès le retour des vestiaires. Il faut ensuite attendre plus de vingt minutes pour voir James Milner sortir une flèche du carquois rouge sans pour autant inquiéter De Gea. Manchester United, lui, continue de tenir, sans se désaper. Puis, une bretelle saute à la 66e minute : sur un centre anodin de Sadio Mané, Bailly se déchire et trompe un De Gea surpris (2-1, 66e), tout en faisant tourner sa cheville. Sale embrouille, rapidement réglée. Old Trafford offre alors une ovation à Rashford, Mourinho lance Fellaini et ferme la porte aux dernières cartes offensives de Klopp (Lallana, Wijnaldum, Solanke), alors que Lovren continue son opération découpages ratés. Salah balance une balle de match en fumée, fin de bataille : Manchester United entame parfaitement la semaine qui va dessiner sa fin de saison, Liverpool est balancé à cinq points.
Manchester United (4-2-3-1) De Gea ; Valencia, Bailly, Smalling, Young ; McTominay, Matić ; Mata (Lingard, 88e), A. Sánchez (Darmian, 90e), Rashford (Fellaini, 70e) ; Lukaku. Entraîneur : José Mourinho.Liverpool (4-3-3) : Karius ; Alexander-Arnold (Wijnaldum, 80e), Lovren, Van Dijk, Robertson (Solanke, 84e) ; Oxlade-Chamberlain (Lallana, 62e), Can, Milner ; Salah, Firmino, Mané. Entraîneur : Jürgen Klopp.
Résultats et classement de Premier LeaguePar Maxime Brigand