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Manchester entre deux chaises
Fort de sa démonstration de l'aller, Manchester United avance sereinement vers Wembley. Reste à ne pas prendre trois buts à domicile face au dixième du championnat d'Allemagne. En fait, tout irait pour le mieux si les Red Devils n'étaient pas obligés de garder en ligne de mire le choc qui les attend face à Chelsea dimanche.
Il paraît que tout va très vite en football. C’est en tout cas ce qu’on l’habitude de clamer les footballeurs lorsqu’on leur tend un micro. Ces derniers jours, Manchester United a pu vérifier que l’adage était moins con qu’il en a l’air. Alors que les Red Devils filaient tranquillement vers un dix-neuvième sacre domestique, et pouvaient se permettre de s’économiser en vue des échéances européennes, les voilà contraints de modifier leurs plans et d’inverser leurs priorités. La faute à des Blues revenus d’on ne sait où dans le rétro des Mancuniens pour leur disputer le titre, à trois journées de la fin. Depuis la défaite à Arsenal survenue le week-end dernier, la « finale » du championnat prévue dimanche face à Chelsea est clairement devenu le big game de la semaine pour les hommes de Ferguson. Celui à ne pas rater. Hiérarchiquement au-dessus d’une demi-finale retour de Champions League, c’est dire.
United va donc devoir valider son ticket pour Wembley, certes aux trois quarts composté, tout en ayant à l’esprit le match qui l’attend en fin de semaine. Là est la chance de Schalke 04 : que Man U se focalise trop sur sa quête nationale et oublie de jouer la rencontre qui l’attend ce mercredi soir. Ferguson, en bon sage, a intelligemment tenu à rappeler que le chemin qui mène jusqu’à Wembley n’était pas définitivement bouclé : « Les supporters ne parlent que du match de Chelsea. Mais nous sommes conscients que nous aurons beaucoup de travail demain soir (mercredi). Personne dans l’effectif ne voit ce match comme une formalité. Nous savons que Schalke n’a rien à perdre. Mais si vous regardez le match face à Chelsea qui nous a fait perdre le titre l’an passé, les joueurs étaient fatigués des efforts fournis face au Bayern trois jours plus tôt. Je devrai donc en tenir compte dans mes choix » . Une ouverture du score de Schalke en début de rencontre pourrait donc donner un peu de piment à une confrontation dont le sort parait un peu trop joué d’avance, en même temps qu’elle ferait gamberger les têtes de mancuniens qui ont le cul entre deux tabourets. D’autant que MU doit faire face à un nouveau soucis. Une grosse interrogation plane en effet au dessus de la présence de Wayne Rooney, qui a ressenti une douleur aux ischio-jambiers et n’a pas pris part à l’entraînement collectif mardi.
Cela dit, relativisons, ce n’est « que » Schalke en face. Et puis Manchester United n’est pas du genre à bazarder une rencontre de cette importance. D’ailleurs- le quart de finale retour face à Chelsea l’a encore prouvé-, s’il existe une équipe qui sait gérer un avantage acquis au match aller, c’est bien celle-là. En 2008, année de leur dernier sacre européen, la bande à Vidic, au coude à coude avec Arsenal et Chelsea en championnat, avait connu pareille situation après s’être imposé 2-0 sur la pelouse de l’AS Roma. Et bien elle avait assuré le service minimum (victoire 1-0) à Old Trafford au retour, sans que ni Rooney ni Ronaldo n’aient besoin de se lever du banc. Historiquement, difficile également de trouver trace d’un cataclysme ou d’un retournement de situation défavorable dans l’histoire européenne de MU. Conclusion ? Quand lors d’une confrontation, le talent, l’expérience, ainsi que l’avantage du score et du terrain sont du même côté, il y a rarement peu de place pour les surprises.
Marc Hervez
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