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Manchester Ciudad
Avec son coach chilien et son recrutement estampillé Liga, Manchester City poursuit sa mue. Une mue hispanisante qui a déjà commencé il y a quelques mois. Avec pour trame devenir le Barça d'Angleterre et de demain. Douce chimère.
Dans un parfait anonymat ou presque, Manuel Pellegrini a atterri à Manchester. Loin des présentations en grande-pompe, il s’est introduit le plus simplement du monde aux salariés de City. Son « hello » , suivi de quelques phrases toutes faites dans la langue de Shakespeare, était teinté d’un arrière-goût hispanisant. Ses origines chiliennes et sa carrière espagnole, sans aucun doute. À l’orée de cette rentrée des classes, l’utilisation de la langue de Cervantés par El Ingeniero ne devrait être un cas isolé. Entre le taulier David Silva, le jeune adulte Jesús Navas et l’espéré Álvaro Negredo, les Espagnols auront la part belle dans un vestiaire cosmopolite. Sans oublier, El Kun Agüero et Yaya Touré, anciens pensionnaires de la Liga, mais aussi Zabaleta l’Argentin. Loin de rester au rang d’anecdote, cette migration rappelle que les propriétaires d’Abu Dhabi se rêvent toujours en Barça de demain. Et pour arriver à leur fin, leur plan est tout établi. Retour sur une évolution contre-nature.
Une direction laportesque pour un mini-Barça
Avant son rachat par le Abu Dhabi Group, Manchester City était l’illustration même du club laborieux. Que ce soit par leur représentation éclectique dans les tribunes, ou par leur kick and rush traditionnel sur le pré, les Skyblues respiraient l’Angleterre vraie. Avec son passage sous la gouverne de la famille royale d’Abu Dhabi, City est entré dans une nouvelle ère : celle des pétro-dollars. À grands coups de millions, les nouveaux proprios se sont taillé une équipe capable de rivaliser avec le voisin gênant d’Old Trafford. Depuis septembre 2008, date du rachat, City n’a empoché qu’un championnat, pour autant de Cup et de Community Shield. Certains avanceront que c’est quasi autant que durant toute son histoire, d’autres que ce n’est rien à la vue des investissements consentis. Quoi qu’il en soit, Roberto Mancini a été remercié et une nouvelle époque s’ouvre à City : celle d’un jeu léché et bourgeois.
Modèle pour beaucoup, le Barça est donc l’exemple à suivre. Histoire de ne pas tomber dans un faux semblant de mauvais goût, les propriétaires se sont donc attelés à signer du Catalan. Courant 2012, City officialise l’arrivée de Ferran Soriano. Natif de Barcelone et entrepreneur à succès, ledit Ferran occupait le poste de vice-président économique du FCB sous le règne Laporta. Dans la foulée de sa venue, le nouveau directeur exécutif mancunien attire un autre gros poisson, Txiki Begiristain. « Je suis convaincu qu’ensemble, et avec l’appui de Mancini, le club formera une formidable équipe » , lance ledit lors de la présentation de son ami. Cruyffiste convaincu, Txiki Begiristain est l’une des clés de voûte des grands succès blaugrana de la décennie. Depuis ces deux arrivées, City arme une Cantera déjà renommée (dirigée par Brian Marwood) et est à l’affût de jeunes pépites espagnoles. En janvier, Sandro Rosell, ennemi intime, dénonce des supposées méthodes déloyales de City pour enrôler son personnel – du jeune pouce en passant par le chef cuistot.
Pellegrini à défaut de Guardiola
Mais le recrutement du binôme catalan répond surtout au rêve des propriétaires d’Abu Dhabi : Pep Guardiola. Car après avoir attiré Rijkaard sous la guérite du Camp Nou, c’est encore Txiki Begiristain qui a soufflé le nom du divin chauve aux oreilles de Laporta. Malgré des atouts et atomes crochus non négligeables – proximité par la langue et par l’amitié –, Guardiola ne verra jamais la grisaille de Manchester. La faute au Bayern Munich et son prestige. Sans dévier de son plan, City se rabat donc sur Manuel Pellegrini. Esthète et fin tacticien, le Chilien semble taillé pour le costume. Les doutes émis sur ce début de mercato sans star appuient la thèse d’un projet planifié. Plutôt que de séduire des top-players, City compte adapter Jesús Navas et Fernandinho à son système. Et non l’inverse. De quoi laisser l’Ingénieur travailler en toute quiétude durant son contrat de trois ans. Ou pas.
Par Robin Delorme