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La guerre des étoiles
Ce samedi soir à l'Atatürk Olympic Stadium (21h), Manchester City et l'Inter se disputent le trône le plus convoité d'Europe. Avec au bout, une couronne qui glorifiera les vainqueurs pour l'éternité.
C’est au stade olympique Atatürk d’Istanbul que l’histoire s’écrira, ce samedi 10 juin sur les coups de 23h, et sacrera Manchester City ou l’Inter comme nouveau roi d’Europe. Une finale inédite entre deux clubs à l’histoire, aux projets et aux réalités totalement opposées. Sur une rive, les Citizens peuvent devenir la troisième équipe anglaise de l’histoire après Liverpool en 1984 et Manchester United en 1999, à réaliser un triplé qui donnerait un caractère quasi sacré à cet effectif façonné depuis plusieurs années par Pep Guardiola. Sur l’autre, les Nerazzurri espèrent soulever une quatrième C1, treize ans après la dernière, qui fut aussi l’ultime coupe aux grandes oreilles glanée par un football italien qui vient de laisser passer l’occasion de ramener une Ligue Europa et une Ligue Europa Conférence à la maison. Pas sûr d’ailleurs qu’au départ, c’était sur ce dernier tour de piste stambouliote que le calcio avait posé sa plus grosse mise.
Manchester City : roi même loin de ses terres ?
La réflexion est tout sauf ésotérique : Manchester City est actuellement et de façon indéniable la meilleure équipe d’Europe. Invaincue sur le Vieux Continent, reine sur son île, la formation mancunienne n’a jamais semblé aussi armée et proche d’offrir aux frères Gallagher et à tous ses autres fidèles la première Ligue des champions de son histoire. En plus d’avoir le meilleur buteur de la compétition actuelle dans ses rangs, en la personne d’Erling Haaland (12), Manchester City a mieux : l’expérience. D’une finale perdue, certes, mais suffisamment récente selon Kyle Walker pour lui donner le vécu et empêcher ses ouailles d’avoir les pieds qui tremblent au moment du coup d’envoi. « Nous sommes déjà passés par là, racontait l’Anglais à la Gazzetta Dello Sport. Nous avons déjà vu la Coupe nous échapper alors qu’on était sur le terrain, nous avons déjà vécu cette émotion. Cela signifie que samedi, lorsque nous entrerons à nouveau sur le terrain et que nous la trouverons là, nous pourrons nous concentrer sur le jeu d’équipe, comme nous savons le faire. Si nous jouons comme nous le faisons et que nous faisons confiance à ceux qui nous entourent, à Erling qui marque des buts, à Kevin qui fait des passes décisives, je suis sûr que tout ira bien. »
Encore faut-il rompre le maléfice : si Walker a déjà perdu deux finales majeures en trois ans – en comptant l’Euro avec l’Angleterre –, son City ne s’est pas vraiment non plus montré écœurant lorsqu’il évolue loin de l’Etihad Stadium. Loin de sa base, le monstre de Guardiola n’a remporté qu’un seul de ses six déplacements (à Séville) et concédé cinq nuls, dont certains à Copenhague, Leipzig ou Dortmund. « La pire chose que l’on pourrait faire, c’est d’oublier que l’on joue une finale demain », abondait Rúben Dias. Difficile de lui donner tort.
Inter : le poids de l’histoire ?
De quoi donner un espoir à l’Inter, qui devrait indéniablement se surpasser pour faire face à des Anglais qui se présentent au grand complet. Si Simone Inzaghi et ses joueurs affichaient une certaine forme de concentration et d’ambition devant la presse, tout est bon du côté des Milanais pour provoquer le facteur chance. À l’image du président Steven Zhang, qui a révélé au quotidien italien aux pages roses « aller faire un tour chez Moncler avant chaque match de l’Inter sans rien acheter ». Il faut dire que, contrairement à la régularité de Manchester City, qui squatte le dernier carré pour la troisième année de suite, la présence de l’Inter paraît presque étonnante. À tort.
Passé une phase de groupes compliquée avec le Barça et le Bayern, seule équipe à avoir battu les Nerazzurri en semaine, la formation d’Inzaghi a impressionné par sa solidité en claquant cinq clean sheets en six matchs à élimination directe. De quoi faire passer « son âge avancé » (elle est la plus vieille équipe d’Italie, avec une moyenne d’âge de 28,8 ans) pour une forme d’expérience inestimable ? C’est ce que veut croire Inzaghi, qui attend de ses joueurs qu’ils aient « du cœur, des jambes et leur tête » pour relever un défi cinq étoiles.
Par Andrea Chazy, à Istanbul