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Manchester City est-il vraiment bâti pour la Ligue des champions ?
Comme le PSG, Manchester City rêve de conquérir l'Europe. Pourtant, après trois éliminations de suite, la question se pose : et si City avait été bâti à l'envers pour ses rêves européens ?
« Nous avons une équipe plus faite pour l’Europe que le championnat. » Depuis qu’ils sont sortis de la bouche de Leonardo un soir de mars 2013 après une défaite du PSG à Reims, la formule est restée collée à l’image du PSG, et est régulièrement ressortie par les observateurs, quand les circonstances s’y prêtent. Ainsi, on a pu entendre la phrase après la qualification des hommes de Laurent Blanc à Stamford Bridge, suivie de la défaite des Franciliens à Bordeaux. Bizarrement, quelque part, le PSG joue à valider la thèse de son ancien directeur sportif, en offrant ainsi du grain à moudre à ses détracteurs. Porteurs d’un projet plus ou moins similaire à celui du club de la capitale, mais débuté trois ans plus tôt, les dirigeants de Manchester City doivent pour l’instant se résoudre à faire le constat inverse. Très costauds dans un championnat où la concurrence est plus relevée que celle du PSG en Ligue 1, dans le sens où plus de clubs possèdent des structures, des moyens, et une dimension similaire à celle qu’a pris Manchester City ces dernières années, les Citizens peinent toujours à franchir un palier en Europe, puisqu’ils n’ont encore jamais disputé de quart de finale de Ligue des champions.
Tout pour l’attaque
Évidemment, à leur décharge, les Mancuniens, depuis leur retour dans la reine des compétitions, n’ont jamais été réellement vernis au tirage. Quand ce n’est pas une « poule de la mort » qui les accueille – Bayern, Naples, Villarreal en 2011-2012, Real Madrid, Dortmund, Ajax l’année suivante – c’est l’ogre Barcelonais, depuis deux saisons, qui se met en travers de leur route dès les huitièmes de finale. Compliqué, voire très dur, pour une équipe toujours censée être « en apprentissage » , à l’échelle européenne. Toujours est-il que la question se pose, après quatre participations de rang en Champions League : et si Manchester City avait été bâti pour la Premier League ? En effet, en comparaison avec le PSG, qui a d’abord été construit par le bas – on se souvient du recrutement hivernal Maxwell, Alex, Thiago Motta – on a l’impression que les recruteurs de Manchester City misent avant tout sur les armes offensives. Une démarche quelque part compréhensible, puisque les Citizens évoluent dans un championnat qui donne la prime à l’attaque. Sur les 19 dernières saisons, 13 équipes sacrées championnes possédaient ainsi la meilleure attaque en fin de saison, soit deux tiers. En comparaison, seules huit équipes championnes possédaient la meilleure défense. Une statistique qui s’est encore vérifiée la saison dernière, où les Citizens avaient inscrit 102 buts en fin d’année, le meilleur total, mais en avaient concédés 37, soit dix de plus que Chelsea. En Premier League l’an passé, les quatre attaquants de City avaient inscrits 45 buts, bien aidés par les 20 buts de Yaya Touré, soit cinq joueurs pour les deux tiers du total.
Apprendre à souffrir
En Ligue des champions cependant, la musique est bien différente. Passé les poules, et notamment en raison de la règle du but à l’extérieur, l’essentiel est avant tout de ne pas concéder de buts. C’est là où le bât blesse, mais c’est surtout là où l’on se rend compte du déséquilibre dans la formation des Citizens. En effet, Joe Hart et sa défense peinent à tenir la comparaison avec les joueurs « grande classe » qui composent les lignes offensives de l’équipe de Manuel Pellegrini. Hormis Kompany, qui peine cependant à retrouver son niveau d’avant sa blessure, aucun des défenseurs qui composent le back four n’est une référence mondiale à son poste. Si Pablo Zabaleta s’en rapproche, ses qualités, comme celles de Clichy, Sagna ou même Kolářov, sont plus celles d’un latéral « contre-attaquant » que d’un défenseur pur. En réalité, Manchester City ne semble pas avoir les joueurs adéquats pour « souffrir » en défense, avant de contre-attaquer, une donnée essentielle en Ligue des champions. Comme Paris face à Chelsea, comme le Real Madrid face au Bayern Munich l’an passé, et ce, même Bayern face au Barça l’année d’avant, toutes les équipes rêvant d’exploits européens doivent à un moment ou un autre savoir laisser passer l’orage, tout en conservant leur sérénité. Recruté à prix d’or, Fernandinho, bien seul dans le travail défensif au milieu, a montré en Premier League qu’il était un bon gratteur de ballon, ce qui ne signifie pas pour autant qu’il ait les capacités pour endiguer les assauts continus d’équipes au potentiel créatif bien plus important. Alors que faire ? Demander à un Yaya Touré vieillissant d’assumer des tâches plus défensives, comme l’avait fait Hervé Renard épisodiquement lors de la CAN ? Peut-être. Toujours est-il que s’il veut conquérir l’Europe, Manuel Pellegrini devra trouver des solutions. Et rapidement.
Par Paul Piquard