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Manchester City, défense de bien défendre
Englué dans une spirale de quatre matchs sans victoire en Premier League, une rareté pour un tel club, Manchester City le doit en partie à une base défensive beaucoup moins souveraine. Toujours privés de Kevin De Bruyne, les Citizens ne parviennent plus à retrouver leur équilibre de la saison passée.
Il n’est peut-être pas encore tout à fait l’heure de tirer la sonnette d’alarme, mais une chose est sûre : Manchester City a déjà connu des jours meilleurs. Quatrièmes de Premier League, désormais à sept longueurs de Liverpool, qui a arraché un miraculeux succès à Crystal Palace ce samedi et pris provisoirement les commandes du championnat, les Citizens ont passé un mois de novembre agité au cours duquel ils n’ont remporté aucun de leurs chocs face aux tout meilleurs du pays (dans l’ordre : Chelsea, Liverpool, Tottenham et Aston Villa). Aussi fou que cela puisse paraître, quatre matchs sans succès pour un tel empire représente à cette échelle un début de petite crise. En cause notamment : des fins de matchs gérées aléatoirement, des absences qui se font ressentir, et surtout une défense de plus en plus friable.
« En ce moment, nous ne sommes pas la meilleure équipe du monde »
En guise d’illustration de la tension palpable actuellement dans le nord-ouest de l’Angleterre, il y avait notamment eu cette image de la colère froide d’Erling Haaland à l’encontre de Simon Hooper, l’arbitre de Manchester City-Tottenham, qui avait annihilé une potentielle dernière action dangereuse pour les Mancuniens en sifflant la fin de match un poil trop tôt. Un énervement qui s’est cumulé avec celui déclenché quelques minutes plus tôt par l’égalisation tardive de Dejan Kulusevski au bout d’un match totalement débridé (3-3), qui avait encore laissé transparaître les failles défensives du moment. Pourquoi encore ? Car cela avait déjà été le cas trois semaines plus tôt à Stamford Bridge, où Cole Palmer avait permis à Chelsea de décrocher un nul inespéré dans le temps additionnel (4-4), dans une rencontre où City s’était fait rattraper trois fois. Au total, les joueurs de Pep Guardiola n’ont cumulé que trois clean sheets en championnat cette saison, comme un signe que les équipes qui se présentent face à eux n’ont plus si peur de prendre une valise, mais pensent au contraire pouvoir rivaliser avec une équipe qui ouvre davantage les vannes.
Après la défaite à Villa Park la semaine passée (1-0), Pep Guardiola semblait assez touché par la période traversée par son équipe : « C’est mon devoir de trouver un moyen de réparer les choses, car pendant de nombreuses années ensemble, nous avons réussi à trouver un moyen de bien jouer, et maintenant nous avons du mal. […] La dynamique change en gagnant des matchs, mais pour gagner des matchs, nous devons réfléchir à ce que nous devons faire avec les joueurs que nous avons. » Un discours presque fataliste, complété quelques jours plus tard par un constat froid mais clair de l’Espagnol en conférence de presse : « En ce moment, nous ne sommes pas la meilleure équipe du monde, parce que nous n’obtenons pas de résultats. »
Des absents et une perte d’équilibre
À sa décharge, Guardiola doit aussi composer avec plusieurs facteurs qui n’arrangent en rien City. Kevin De Bruyne est absent depuis le début de la saison en raison d’une blessure à la cheville, et son indisponibilité, couplée aux départs d’İlkay Gündoğan et de Riyad Mahrez durant l’été, force Manchester à se renouveler. Replacé au milieu de terrain la saison passée, John Stones n’avait pas joué la moindre minute depuis le 7 novembre dernier avant de revenir à Villa, où Rodri, son habituel partenaire de l’entrejeu était cette fois suspendu. Guardiola a ainsi choisi de faire basculer Manuel Akanji plus haut, et de faire démarrer son équipe avec six défenseurs de formation, un seul milieu (Bernardo Silva) et trois attaquants, alors qu’il disposait pourtant de Mateo Kovačić, Matheus Nunes et Kalvin Phillips sur son banc. Finalement, 1-0 était presque un petit score pour les gars d’Unai Emery, qui ont dominé de la tête et des épaules leurs adversaires (22 tirs pour Villa, 2 pour City).
2 – Manchester City n'a tenté que 2 tirs ce soir, plus faible total pour une équipe de Pep Guardiola dans un match des 5 grands championnats, tandis que les 22 tirs d'Aston Villa sont le record égalé d'une équipe face à Guardiola sur la période (pour son 535e match). Dominé. pic.twitter.com/4fzUyR1x31
— OptaJean (@OptaJean) December 6, 2023
Ce manque de confiance envers ces milieux, en plus de l’absence de KDB, fait aujourd’hui du fameux 3-2-4-1, qui a roulé sur l’Europe la saison dernière, un système beaucoup moins viable par rapport à l’effectif actuel de City et une équipe par moments déséquilibrée. L’attaque est toujours au point (36 buts marqués en Premier League, soit la meilleure avec Liverpool) – difficile de ne pas l’être avec Haaland encore au top et meilleur buteur d’Angleterre (14 buts) –, mais les chiffres défensifs sont assez parlants : avec dix-sept buts encaissés en quinze matchs de Premier League, il s’agit du pire total à ce stade depuis la saison 2009-2010, où le club avait fini cinquième. Les doutes sont présents, l’hiver ne sera pas de tout repos, et le moindre faux pas durant les semaines à venir (Luton, Crystal Palace, Everton et Sheffield) rendrait la bûche de Noël un peu plus salée pour Manchester City.
Par Alexandre Lejeune