- L'événement du week-end
- Manchester City
Manchester amer
Après avoir vaincu Tottenham samedi soir, City a été couronné roi d’Angleterre le lendemain, en duplex et sur son canapé, grâce à une triste défaite de United... Autant dire que chaque camp avait espéré mieux. L’un parce que son parcours méritait une meilleure fin, l’autre parce qu’il n’a jamais su montrer les mêmes crocs que son rival.
On ne sait pas si la gentillette rumeur est avérée. Mais qu’elle soit confirmée ou non, l’information révèle une certaine réalité des choses. Ainsi, Pep Guardiola n’aurait même pas regardé le match de Manchester United, préférant jouer au golf en famille plutôt que de regarder le trophée de Premier League se poser de lui-même sous ses doigts. « Demain, je joue au golf avec mon fils. Le seul score que je souhaite, c’est bogey ou birdie, déclarait en effet samedi l’entraîneur face à la presse, confirmant que le résultat des Red Devils lui était quasiment égal. Je pense que United va gagner, nous dépendons de nous. L’important est d’avoir la chance de gagner à la maison, devant notre public. Je suis ravi d’avoir cette chance. » Sauf que MU, qui devait s’imposer contre West Bromwich Albion pour que le championnat n’ait pas encore officiellement choisi son roi, a perdu à domicile. L’Espagnol a donc dû découvrir que son club était champion en regardant son portable, entre deux coups de putter, avant d’aller sabrer le champagne avec sa progéniture.
Cadeau empoisonné
Disons les choses telles que les joueurs de football le ressentent : un titre, s’il fait toujours plaisir et amène la plupart du temps à une bonne bringue, comporte rarement la même saveur (hormis circonstances exceptionnelles) quand il est obtenu dans un match autre que le sien. Surtout lorsqu’il est déjà quasiment gagné, et donc attendu. Les sportifs préfèrent les liesses avec les supporters, les maillots qui sentent la sueur et le devoir accompli, la dernière victoire ou le dernier point qui achève définitivement un long parcours où la coupe est, au bout, dévoilée. Dans le cas des Sky Blues, personne n’osera se plaindre de la fin du scénario, mais tout le monde pourra reconnaître qu’elle aurait dû se clôturer par un happy end différent – plus glamour –, dans une autre situation – plus charmante.
Dommage ? Évidemment : le spectacle et les efforts proposés par les Citizens ont régalé suffisamment de pupilles depuis le début de la saison pour que le cinquième triomphe national de leur histoire s’achève dans une joie commune, juste après un joli succès attrapé à Tottenham comme celui de samedi (1-3) par exemple. Ou même mieux : après une victoire à l’Etihad Stadium sous les yeux de l’ennemi juré.
Une histoire d’amour-propre
Oui, mais non. Car à défaut d’avoir convaincu en 2017-2018, United peut au moins se féliciter d’avoir dégueulassé la peinture de City. De fort belle manière d’abord, en renversant le leader honni qui menait 2-0 à la mi-temps et qui se croyait déjà couronné (2-3, score final). Et de façon bien moins glorieuse ensuite, en concédant une défaite très moche contre WBA (0-1). Comme si les soldats de José Mourinho étaient prêts à vendre leur dignité pour enquiquiner un tant soit peu l’ennemi.
Après avoir pourtant démontré une immense force de caractère, et alors même que ses supporters les plus fous commençaient à croire en un retour improbable en observant la méforme actuelle de l’adversaire (trois défaites consécutives toutes compétitions confondues, élimination en quarts de finale de Ligue des champions à la suite de sa double confrontation contre Liverpool).
Un bogey pour un rendu
MU n’en sort pas grandi. City n’en sort pas rapetissé, mais quand même un peu déçu. Comme si une partie de sa fête avait été gâchée par des sans-gênes qui auraient fait fuir la majorité des invités. Comme si la date fixée avait dû être avancée – ou reculée – au tout dernier moment. « City était la meilleure équipe. Ils allaient obtenir des points tôt ou tard, donc pas de drame, a tenu à noter Mourinho après le revers des siens, bien conscient de l’infériorité actuelle de sa team par rapport au champion. Nous méritons d’être punis. Mais ne dites pas à City qu’ils ont gagné le titre parce que United a perdu, ce n’est pas juste pour eux. » Il est important de le souligner ? Sans doute. Mais devoir le rappeler sonne comme une défaite pour les deux entités. Bravo quand même à ceux qui le méritent. Pour le bogey ou le birdie. Pour l’exercice accompli ou le derby.
Par Florian Cadu