Man U-Arsenal (1-0) : MU a un pied en finale

Un indice : le classement du championnat d’Angleterre. Arsenal est 4ème, à 12 points de Manchester (qui a un match en moins). OK, c’est en Premiership, et ça n’a rien à voir avec les matches de coupes, surtout en Ligue des Champions. Mais le constat s’impose : Manchester est largement supérieur à Arsenal. Passons sur l’unique but de la soirée marqué par O’Shea sur retour de corner puis centre de Carrick, côté gauche (16ème). Reste que la demi-volée dans le plafond de l’Irlandais était parfaite. Passons aussi sur les nombreuses occases nettes sauvées par miracle (et talent) par Almunia, finalement le meilleur Gunner de la soirée. Le gardien espagnol a repoussé deux têtes de Tevez et Ronaldo, puis une reprise à bout portant du même Argentin dans les 25 premières minutes. L’Angleterre tient enfin son véritable gardien en sélection (cf. Almunia songeait à prendre la nationalité anglaise). Si on compte bien, les Red Devils auraient pu nous la jouer Barça avec un bon 4-0 à la mi-temps.

Arsenal s’est fait enfoncer dans toutes ses lignes, subissant les tours de roue du rouleau compresseur mancunien. Zéro occase de tout le match, premier tir cadré de Fabregas à la 26ème, et en possession de balle on a dû friser le 80 % effectif en faveur des Ferggie Boys. Les Gunners ont juste fait tourner latéralement, avant de perdre la chique très rapidement. Heureusement qu’Arsenal possède Fabregas, le seul joueur capable de garder un peu le ballon, d’aérer et d’orienter comme il peut. Sans lui, on aurait vu une attaque-défense pendant 90 minutes s’achevant sur un score de tennis (6-0). Voilà pour les Londoniens bien gentils, vu que Van der Sar n’a eu aucun arrêt à effectuer.

Côté Manchester, très grande classe. Du très haut niveau avec un rythme élevé jusqu’au bout. MU possède l’arme la plus redoutable du football moderne : l’accélération subite. En général, l’accélération s’opère dès la récupération du ballon. Classique. Mais mortel. C’est le rôle d’Anderson, en fait le nouveau Davids de la planète foot. Idem pour Fletcher (des progrès énormes) ou Evra. Viennent ensuite les accélérations des attaquants, Ronaldo, Rooney et Tevez lancés à 100 à l’heure dans les espaces, sur les côtés ou dans l’axe.

Ces injections de speed dans le jeu mancunien agissent comme des décharges électriques sur le cortex de l’adversaire. Des coups violents qui sapent le moral, à force de courir dans le vide, avec la mort aux trousses. Parce que c’est bien connu, MU attaque en meute. Quand un Red Devil s’échappe devant, deux ou trois solutions collectives s’offrent à lui, en plus de la possibilité d’y aller tout seul.

Autre arme fatale du foot moderne : la variation du jeu. Il peut être court, long (superbes transversales de 60 mètres vers les côtés) et surtout moyen (des passes de 30 mètres dans les pieds pour sauter juste une ligne). Et les abrutis d’en face obligés de courir, bien sûr…

Enfin, dernière arme fatale : le repli bien articulé du bloc dans ses 30 derniers mètres, mais pas plus. Une muraille infranchissable, avec en plus Rooney et Tevez qui harcèlent le porteur du ballon adverse. Même Ronaldo commence à s’y mettre… Un repli défensif en bon ordre et dès la récupération, on se projette à la vitesse éclair devant. Des coups d’accordéon à vous casser le tempo.

Résultat : des phases actives et offensives de plus de 10 minutes (faut du coffre pour multiplier ces phases-là) et le ballon qui ne sort (presque) jamais en touche. Renversant… Du football total, en fait. Plus que le Barça, sans doute, MU possède les joueurs les plus intelligents tactiquement. Faire cohabiter ensemble Rooney, Ronaldo et Tevez, trois joueurs aussi dissemblables qui se seraient marché sur les pieds ou qui auraient rivalisé d’égoïsme et de trucs perso dans une autre équipe tient du génie. Ronaldo joue vraiment en équipe : il sait lâcher sa balle, ne recherche pas en priorité à marquer son but et fait des efforts pour les autres. C’était pas gagné d’avance pour cet ex-tricoteur énervant…

Hommage, donc, une fois de plus, à Sir Alex, qui a imposé une équipe aussi forte que celle de la saison passée. Les pisse-vinaigre vont nous refaire le coup du fric facile et des salaires démesurés. Pas faux. Sauf que… N’importe quel club moyen en Europe peut s’acheter la majorité des joueurs de MU qui ont joué hier soir à Old Trafford. Qui aurait misé un Euro sur les obscurs O’Shea, Fletcher, Carrick, Anderson, sur un Van der Sar abandonné de tous, voire un Evra juste bon à Monaco ? Personne. Et pourtant, le fabuleux milieu à trois Anderson-Carrick-Fletcher n’a pas dû coûter bien cher à recruter. On est loin des dépenses démentielles de Chelsea, du Real ou de l’Inter…

Il n’y a qu’Alex Ferguson pour repérer des vilains petits canards et en faire ensuite des cygnes majestueux. Voilà. Normalement le 1-0 de l’aller devrait suffire. On ne voit pas Manchester défendre stupidement ce petit avantage. Les Red Devils n’ont juste qu’à reproduire ce qu’ils ont appliqué à Old Trafford. Et comme ils en ont les moyens. Arsenal a très peu de chances de passer. Mais, bon, en football…