Man City veut dessouder le Big Four

Premier constat, la fortune du Cheik Mansour semble inépuisable. Et le milliardaire d’Abu Dhabi (rien à voir avec le joueur d’Arsenal) a l’air disposé à mettre la main à la poche. Après avoir arraché le métronome Gareth Barry à Aston Villa, après avoir convaincu Tevez de passer chez le rival mancunien, et après avoir signé Santa Cruz pour la déconne, voilà que les proprios de Manchester City font la cour à John Terry et Emmanuel Adebayor. Que le Togolais ait des envies d’ailleurs n’a rien d’étonnant, puisqu’il nous sert la même rengaine tous les étés depuis ses quatorze ans. En revanche, que le capitaine emblématique des Blues de Chelsea ait demandé à ses dirigeants l’autorisation de négocier avec les dirigeants Citizens a de quoi en étonner plus d’un quand on sait à quel point il semblait rattaché à la cause de son club formateur. « Il y a des joueurs comme Gerrard ou Messi qui semblent liés à vie à leur club. John ne fait pas partie de cette catégorie. Il semble avoir besoin d’un nouveau challenge et nous serions fiers de le lui proposer » , vient de balancer Mark Hugues, l’entraîneur de l’autre club de Manchester.

Par nouveau challenge, comprendre nouveau salaire. En lui proposant 250 000 Livres la semaine, Manchester City pourrait faire de Terry le joueur le mieux payé du championnat d’Angleterre, un statut qu’il occupait déjà il y a quelque temps. A la différence du Real Madrid où le challenge sportif existe réellement, les pétrodollars de ses propriétaires sont aujourd’hui l’argument principal de Manchester City, qui ne jouera ni Ligue des Champions ni Europa League la saison prochaine. Tevez a beau nous ressortir le couplet du joueur malheureux qui s’en va trouver refuge et famille chez le pire ennemi, tout le monde sait qu’il n’est pas venu uniquement chercher du temps de jeu en quittant Manchester United pour son voisin.

Dans l’histoire, Manchester City peut remercier Florentino Perez. A force d’écraser le marché des transferts et de vouloir recruter tout le monde, le Real Madrid a hérité du rôle du méchant en passe de balayer d’un revers de chéquier les valeurs défendues par Monseigneur Platini, à savoir amour du maillot, fidélité et salaire décent. Le problème, c’est que le recrutement des Citizens est non seulement tape à l’œil, mais il est avant tout cohérent. Après tout, City pouvait bien avoir tout l’or du monde et le dépenser comme il le souhaitait tant qu’il restait dans le ventre mou et qu’il ne s’aventurait pas à bouleverser la hiérarchie du championnat. Sauf que, désormais, le Big Four semble complètement à la portée des nouveaux riches. Avec Barry, Mark Hugues a trouvé non seulement la rampe de lancement qui lui manquait, mais également le complément idéal de Stephen Ireland au milieu. Derrière, si John Terry venait à rejoindre l’armada ciel et blanche, son association avec Micah Richards se rapprocherait assez nettement de la référence absolue au pays. Et devant, enfin, Robinho aurait deux ou trois compagnons de jeu de son niveau. On se souvient des moqueries qui avaient accompagné l’arrivée du Brésilien à City il y a de cela un an, lorsqu’il affirmait « être fier de jouer pour Chelsea » . Aujourd’hui, Manchester City ne fait plus rire personne. Et si Robinho était en fait un visionnaire qui avait eu un temps d’avance sur tout le monde ?