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Man.City va craquer
Ce soir (21h), Manchester City reçoit Liverpool en match décalé de la 2e journée. Avec une question entêtante : Roberto Mancini peut-il donner corps à ce qui, pour l'heure, n'est qu'une association de stars.
Y’avait que le grand Pat pour se marrer comme ça. Tranquillement installé au chaud sur le banc, le Français a vu Joe Hart sauver plusieurs fois la mise des siens à White Hart Lane lors du premier match de Manchester City cette saison. Avec absolument aucun espoir du côté du Français de pouvoir aller prêter main forte à ses partenaires sur le terrain. En même temps, pour qui a vu jouer Vieira l’an passé, il valait sans doute mieux pour lesdits partenaires, vraiment pas à la fête face à un Tottenham bien décidé à justifier son nouveau statut dans le Big Four. Oui, il n’y avait que Vieira pour sourire ce jour-là : ceux qui jouaient souquaient ferme, ceux du banc n’attendaient que de rentrer et ceux en tribunes tiraient carrément la gueule. Comme un tableau de la galère qui se dessine pour Roberto Mancini cette saison. Car il faut bien le dire, la galaxie de stars qui squatte désormais Manchester City ressemblerait presque à un cadeau empoisonné pour le coach italien qui en avait même laissé tomber sa légendaire écharpe ce jour-là.
Des montres à 14 000€…
Pour les aficionados de Football Manager, le recrutement des Citizens ressemble pourtant à un rêve. En sus de la grosse artillerie mise en place ces deux dernières saisons, David Silva, Mario Balotelli, James Milner, Yaya Touré et Alexandr Kolarov ont posé leur valoche dans le nouvel hôtel cinq étoiles du football européen. Et apporté avec eux cette équation en forme de casse-tête : comment faire entrer plus de 25 joueurs de valeur internationale dans un onze ? Car chacun est persuadé d’avoir sa place dans le bastringue et va falloir que Mancini soit rudement fin psychologue pour expliquer à quelques têtes de lard que le banc a aussi son charme. Evidemment, le beau Roberto peut procéder de deux façons pour s’éviter quelque mouvement d’humeur un peu trop frontal : instaurer un turn-over permanent ou gagner. Pour la première option, cela ressemble à tout sauf à une bonne idée. Car pour une équipe montée à la hâte (à peine deux ans pour réunir ce casting), la dernière chose à faire est de la priver d’automatisme. Reste la seconde mais qui relève davantage de la finalité que de la méthode. D’autant que la gagne est surtout une affaire de mentalité. « Les gamins viennent avec des montres à 14 000 euros au poignet et se promènent comme s’ils avaient joué 200 matches de Premier League », pestait encore Stephen Ireland, une des victimes de l’arrivée massive de stars, désormais à Aston Villa. Et contrairement au Chelsea du milieu des années 2000, on ne trouve pas de local hero façon John Terry, bien secondé par un Frank Lampard, pour être le garant d’une dévotion à la cause du club. Le genre de chose bien utile quand on compte dans ses rangs des Balotelli, Adebayor ou encore Tevez.
Haro sur les armées mexicaines !
Mais la chance de Manchester City se situe peut-être dans ce qui aurait dû ressembler au coup de grâce. La règle des 25, vous connaissez ? Bon, on va tenter de la faire courte et simple. Cette règle stipule que, d’ici au 31 août, toutes les équipes devront inscrire 25 joueurs pour la saison et que parmi ces 25 éléments, il en faudra 8 formés « localement » , c’est à dire avoir passé trois ans au moins, entre 16 et 21 ans dans un club anglais ou gallois. Le but est avant tout de privilégier la formation des joueurs anglais afin de renforcer l’équipe nationale et d’éviter que les clubs de l’élite ne stockent des joueurs sans les utiliser. En clair : haro sur les armées mexicaines ! A priori, un sale coup pour City qui va devoir dégraisser sévère. Mais au vrai, ce resserrement imposé des troupes est peut-être ce qui peut sauver la mise pour Mancini. Avec un effectif un peu moins pléthorique, un peu plus anglais aussi par la force des choses, l’Italien perdra en options de grande classe ce qu’il peut espérer gagner en cohésion, en unité de pensée. Reste à être malin dans la cure d’amaigrissement et ne pas se priver d’un élément qui pourrait être utile à la cause. Oui, c’est un savant dosage entre qualité individuelle, valeur humaine et complémentarités que va devoir établir Mancini. S’il réussit ce tour de passe-passe chimique, il ne fera pas bon être sur la route des Bleu Ciel. Sinon, Patrick Vieira ne sera plus tout seul à se marrer comme un con.
Dave Appadoo
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