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Mamadou Sakho, la victoire et les séquelles

Par Nicolas Jucha
4 minutes
Mamadou Sakho, la victoire et les séquelles

La Haute Cour de la division du Queen's Bench à Londres a donné raison à Mamadou Sakho face à l'Agence mondiale antidopage ce mercredi. L'international français ne s'est jamais dopé ni n'a eu l'intention de le faire, et sera dédommagé financièrement. Il a donc lavé son honneur. Mais il ne faudra jamais oublier qu'il a aussi perdu quatre années dans la meilleure période de sa vie de sportif.

« Battez-vous toujours jusqu’au bout pour défendre vos convictions ! » Dans un court texte publié sur son profil Twitter, Mamadou Sakho a savouré sa victoire ce mercredi 4 novembre. Une victoire dans une bataille de longue haleine contre l’Agence mondiale antidopage, qui l’accusait en avril 2016 d’avoir consommé une substance interdite, l’higénamine, présente dans un brûleur de graisses. Accusation qui avait découlé sur une suspension pour la fin de saison en club et en sélection, avant un blanchiment par l’UEFA le 8 juillet 2016. « Je suis heureux pour ma famille, pour mes amis, pour les gens qui étaient là durant ces années », déclarait l’international français à la sortie de son audience devant la Haute Cour de la division du Queen’s Bench à Londres, qu’il avait saisie pour « diffamation » . Quelques minutes avant, l’avocat de l’AMA avait lu une déclaration sans équivoque : « L’AMA reconnaît que M. Sakho n’a pas enfreint le règlement antidopage de l’UEFA, qu’il n’a pas triché, qu’il n’avait pas l’intention d’obtenir un quelconque avantage et qu’il a agi de bonne foi. L’AMA regrette le préjudice. » Accessoirement, l’agence acceptait aussi de verser des dommages et intérêts « substantiels » et de payer les frais de justice du joueur de Crystal Palace. Suffisant ?

Pas de finale de Ligue Europa et d’Euro en 2016

Quand on regarde dans le rétroviseur, que l’on envisage les 14,5 millions d’euros que l’ancien Titi parisien réclamait en réparation, on peut s’interroger. Car si dans sa stratégie, le représentant du Français a argumenté sur un préjudice financier – l’accusation de dopage aurait précipité son départ de Liverpool et donc un « déclassement » professionnel –, c’est l’ensemble d’une carrière qui a été remise en question. Le 28 avril 2016, quand il entre officiellement dans une suspension provisoire de 30 jours, Mamadou Sakho a le vent dans le dos et des perspectives uniques. Il sort d’un derby de la Mersey à Anfield gagné 4-0 comme titulaire et buteur. Son club est en demi-finales de Ligue Europa après un match d’anthologie contre le Borussia Dortmund en quarts de finale – là encore il marque un pion – et surtout, il est titulaire indiscutable dans la charnière centrale de l’équipe de France qui va accueillir le Championnat d’Europe. Un statut de taulier à 26 ans qui vole subitement en éclats. Sans lui, Liverpool perd la finale de la Ligue Europa contre Séville, mais devient progressivement une machine de guerre victorieuse en C1 et en Premier League, les Bleus échouent en finale de leur Euro contre le Portugal, mais sont sur le toit du monde deux ans plus tard. Sans lui, qui a vu plusieurs wagons du train lui filer sous le nez et des concurrents lui passer devant. Depuis le printemps 2016, Sakho n’a honoré qu’une seule petite sélection en 2018, en amical contre l’Uruguay, après avoir été réserviste malheureux pour le Mondial russe. Avec son employeur, il a fait quelques matchs de Premier League 2 (le championnat des U23) à l’automne 2016 avant de s’exiler à Crystal Palace, tout sauf une écurie de dimension européenne.

De l’équipe de France au ventre mou de la Premier League

Alors certes, Mamadou Sakho a gagné un procès et lavé son honneur. Il dormira probablement mieux, mais il ne pourra oublier tout ce qu’il a perdu depuis le printemps 2016. Une situation qui pointe deux réalités : le temps de la justice est long, la carrière d’un sportif de haut niveau inversement éphémère. Pour l’ancien défenseur des Bleus, c’est probablement le pic de sa vie sportive qui s’est échappé : au-delà de la poussée d’une concurrence féroce à son poste chez les Reds comme chez les Bleus, ce sentiment d’injustice avec lequel il a cohabité pendant quatre ans a forcément pénalisé ses performances. Mais il n’avait probablement pas d’autres choix, la plupart des footballeurs de haut niveau ne supportant pas ce qui leur apparaît comme une injustice, qu’il s’agisse d’un simple choix d’entraîneur ou d’une grave accusation de dopage. S’il avait eu quelques années de plus, c’est une retraite anticipée qui aurait pu le menacer, et s’il avait eu quelques années de moins, peut-être tout un projet de vie foutu en l’air.

Mamadou Sakho « n’a pas triché »

À l’époque des faits, l’UEFA n’a mis que trois mois à reconnaître l’innocence du joueur, la substance incriminée n’étant pas formellement répertoriée comme interdite. Mais l’AMA a refusé de se désavouer aussi facilement, quand bien même elle n’avait pas saisi le Tribunal arbitral du sport pour s’opposer à la décision des instances du football européen. Quatre ans pour se désavouer et reconnaître que Mamadou Sakho « n’a pas triché », ni n’avait « l’intention d’obtenir un quelconque avantage ». L’AMA peut regretter, passer à la caisse, dire que l’affaire est close et qu’elle ne communiquera plus dessus. Pour une telle instance, que sont quelques millions d’euros et quatre années de temps ? Pour un footballeur en revanche, cela peut être une dizaine de sélections, une Coupe du monde ou encore une Ligue des champions que Mamadou Sakho ne pourra jamais rattraper…

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Par Nicolas Jucha

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