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Mamadou Haïdara : « Tourner avec les joueurs du PSG, la meilleure chose que j’ai faite dans ma vie »

Propos recueillis par Adrien Hémard Dohain et Jérémie Baron
8 minutes

Le nouveau crack du Paris Saint-Germain, c’est lui. En tout cas dans 4 Zéros, le dernier film de Fabien Onteniente, en salles mercredi 23 octobre, 22 ans après le mythique 3 Zéros. Lui, donc, c’est Mamadou Haïdara, un acteur de 20 piges qui trouve le temps de faire des entrées en National 3 entre deux tournages avec Omar Sy et Gérard Lanvin.

Mamadou Haïdara : « Tourner avec les joueurs du PSG, la meilleure chose que j’ai faite dans ma vie »

Ça fait quoi de succéder à la légende Tibor Kovacs ?

C’est un honneur ! 3 Zéros est sorti il y a plus de 20 ans, et on en parle encore aujourd’hui, c’est un truc de fou. J’espère que 4 Zéros aura le même succès, et même plus. Je ne connaissais pas le premier film avant, enfin juste de nom. Mais quand on m’a parlé de la suite, je l’ai regardé, évidemment. C’est un très bon film, une vraie tuerie ! Je suis super fier d’avoir l’un des rôles principaux de la suite.

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Tu avais quatre ans à la sortie de 3 Zéros, ce n’est pas trop ta génération, effectivement.

Non, moi, je suis plus génération Foot 2 Rue, Olive et Tom, et Carlitos l’enfant champion. C’est moins connu ça, mais c’est un bon petit film qui m’a beaucoup marqué. Dans Olive et Tom, j’étais plus pour la Toho de Mark Landers, j’avoue.

Dans 4 Zéros, tu n’as pas essayé de jouer avec les manches remontées sur les épaules à la Mark Landers ?

Non. (Rires.) Je ne pouvais pas, c’est le réalisateur qui gère tout ça.

Justement, en parlant de Fabien Onteniente, comment t’a-t-il choisi pour ce rôle ?

Mon agente m’a parlé du casting, elle savait que le football avait une grosse place dans mon cœur. Et la suite de l’histoire, c’est le 23 octobre dans vos salles. (Rires.) Le jour du casting, il y avait un ballon, et on est partis sur un terrain de foot. On a fait des exercices, etc. Il y a des vérifications, des entraînements en solo et avec les joueuses professionnelles du FC Fleury. J’ai envoyé des vidéos, fait des tests de football. J’étais quand même stressé au début, mais après, c’était que du kif. Le stress est vite parti.

Ça fait quoi, de tourner avec Didier Bourdon, Gérard Lanvin, Isabelle Nanty ?

C’est super de travailler avec des grands noms du cinéma français, qui ont bercé des générations. C’est iconique, c’est une fierté d’être à leur côté. Je les adore, ce sont tous des crèmes. Ils étaient comme des parents sur le tournage, ils me donnaient plein de conseils sur mon jeu, ils étaient protecteurs.

Je ne peux pas dire que je suis plus fort que Pelé ! Mais c’est un honneur d’avoir fait cette référence dans le film.

Lors de la promo de Lupin il y a trois ans, tu portais un survêtement du Real Madrid. C’est ton club de cœur ?

Ah ouais, j’aime bien le Real, c’est vrai, mais mon club de cœur, c’est le PSG. Donc c’était un kif de jouer le rôle d’un joueur du PSG… Le foot c’est toute ma vie, depuis tout petit, je n’ai jamais lâché le ballon. Dans ma cité Gagarine à Ivry, on mange foot, on dort foot. En club, c’est la même chose, on vit pour le ballon rond. J’ai joué à Ivry, un peu à Alfortville aussi quand j’étais plus jeune, à Charenton. Ce sont des gros clubs de région parisienne, qui jouent au niveau régional, ça touche bien le ballon. Le niveau est très costaud en Île-de-France. Je joue encore aujourd’hui, même si les cours de théâtre et les tournages me prennent beaucoup de temps. Je joue à Ivry, en National 3. J’ai fait quelques petites entrées, et je m’entraîne toujours avec eux, même si c’est dur.

Le jour du tournage à Reims – club où son personnage Kidane fait ses débuts pros –, tu as même affronté un ami d’enfance : Soumaïla Sylla, gardien du Stade de Reims.

Ouais, c’était improbable ! C’était trop cool de pouvoir jouer un peu avec lui, que nos deux passions se rencontrent sur ce tournage. S’il lit cette interview, je lui souhaite le meilleur et je lui envoie beaucoup de force.

© Alain Guizard
© Alain Guizard

Si on t’avait dit il y a dix ans que tu serais sur un tournage de cinéma dans un club de football professionnel, tu te serais imaginé comme acteur ou joueur pro ?

J’aurais aimé être du côté joueur professionnel, mais j’adore aussi être du côté acteur. De toute façon, grâce à 4 Zéros, j’ai vécu ces deux vies sur un seul tournage.

Tu supportes le PSG, pourtant quand il a fallu tourner la scène où tu annonces ta signature à Paris en conf de presse, on t’a vu pas mal galérer… Pourquoi ça a eu autant de mal à sortir ?

Je n’étais pas tellement stressé, mais c’est juste qu’il fallait jouer le bon niveau d’émotion. C’est un vrai honneur de quitter son club formateur pour partir à la conquête de Paris, de réaliser son rêve, parce que jouer pour le PSG, c’était le rêve de mon personnage qui était encore plongeur dans un restaurant portugais quelques semaines plus tôt. Donc c’était une émotion compliquée.

En fait, le football, c’est un peu comme le cinéma, il y a tout un travail invisible indispensable, mais dont les gens ne se doutent pas.

Tu parles presque comme si Kidane, c’était toi. Ça t’est arrivé pendant le tournage de croire un moment que tu étais devenu footballeur professionnel ?

Pour être honnête, j’aurais kiffé que ça soit réel, mais je me sentais comme un vrai joueur parce que j’étais dans les mêmes conditions qu’eux. Je portais les équipements assis sur une chaise avec le logo du club, je jouais entourés des sponsors, etc. Il y avait même des vrais journalistes qui me posaient des questions, c’était fou. Pendant les entraînements en revanche, j’ai compris la différence, notamment quand Junya Ito m’a adressé les premiers centres. Il y a un monde d’écart, ils font tout dix fois plus vite. Je comprends mieux maintenant tout le travail qu’ils font derrière. En fait, le football, c’est un peu comme le cinéma, il y a tout un travail invisible indispensable, mais dont les gens ne se doutent pas. Dans le cinéma et le football, tu travailles en équipe, mais tu te retrouves aussi seul, face à toi-même.

Tu as aussi tourné avec les joueurs du PSG à Poissy.

C’était un rêve de gosse, c’est la meilleure chose que j’ai faite dans ma vie. Je supporte le PSG depuis tout petit, et là, j’ai joué au Parc des Princes et je me suis entraîné avec les joueurs du PSG. Le plus fort, c’était l’entraînement, c’est ce qui m’a le plus touché parce que j’étais entouré des gars que je supporte. Au Parc, je tournais seul, en soi, mais la présence du public, c’était quelque chose de fou. Et puis il fallait tourner vite au stade, parce que le temps était compté. Ça met une petite pression, mais je me suis régalé, j’espère que les supporters aussi. (Rires.) En tout cas, ils m’ont bien chauffé sur les scènes, j’ai ressenti des émotions de fou. Dire que les pros vivent ça puissance 50 tous les trois jours…

Au Campus PSG, tu as pu discuter avec les joueurs ?

Oui, bien sûr. Dans le cinéma, tu attends beaucoup, donc pendant ce temps, tu parles beaucoup, avec tout le monde. C’est ce qui met l’ambiance sur le tournage aussi. Je n’ai pas vu Mbappé, mais j’ai vu Vitinha, Kimpembe, Marquinhos et Zaïre-Emery : ce sont tous des bons gars. Je suis trop deg d’avoir loupé la diffusion à Clairefontaine, parce que j’étais en tournage. Ça aurait été fou.

Les footballeurs sont de bons acteurs ?

Ils étaient à l’aise, en vrai. Mais même dans la vie de tous les jours, ce sont des acteurs. Ils ne peuvent pas vraiment être eux-mêmes parce qu’il faut montrer une bonne image au public. Ils jouent un peu au quotidien.

Tu avais le droit d’improviser ballon au pied ?

De base, c’était scripté, comme tout le reste dans un scénario. Après, j’ai proposé ce que je pouvais, et finalement, on a fait un peu des deux. Quand j’ai vu les rushs des scènes faites au Parc des Princes ou à Delaune, je me suis dit que ça rendait vraiment bien. J’étais grave content.

Onteniente voulait absolument reproduire une célèbre feinte de Pelé dans le film, sauf que lui, dans la vraie vie, a raté sa frappe ensuite. Ça fait quoi, d’être plus fort que le Roi ?

Je n’irais pas jusque-là ! Je ne peux pas dire que je suis plus fort que Pelé quand même, on parle de la légende ! C’est un honneur d’avoir fait cette référence dans le film. Cette feinte est plus qu’iconique, même quelqu’un né hier la connaît !

© Alain Guizard
© Alain Guizard

Si tu avais carte blanche pour faire un film sur le foot, ce serait sur qui ? Ou quoi ?

Je ferai une série documentaire sur toutes les légendes du football, pour raconter leur destin. Ce serait fou de faire un banger comme ça, personne ne ferait jamais mieux. Chacun raconterait son histoire, sans trop en faire, sur ses galères, ceux qui finissent mal à cause de l’argent, ceux qui finissent bien…

Et sinon, Omar Sy joue bien au foot ?

On n’a pas encore eu l’occasion de jouer ensemble, mais c’est un bon gars, même s’il supporte l’OM. Ce serait pas mal de taper un foot avec Omar.

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