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Malusci et Franceschini n’ont pas oublié l’OM
Paolo De Ceglie a relancé la tradition italienne de l’OM, celle initiée par Fabrizio Ravanelli en 1997. Cependant, la « plume blanche » ne fut pas le premier transalpin sur la Canebière, puisque devancé par la paire d’arrières centraux Alberto Malusci et Ivan Franceschini l’été du retour des Phocéens en Division 1.
Vous débarquez à l’été 1996, mais qui étiez-vous avant d’arriver à l’OM ?Alberto Malusci : J’avais 24 ans, j’évoluais à la Fiorentina, j’étais un défenseur central très technique et plutôt coté, j’avais par exemple longuement fréquenté les U21 italiens. Mais j’avais moins joué la dernière saison, je suis florentin et il est dur d’être prophète en son pays, le public ne me pardonnait pas la moindre erreur.Ivan Franceschini : Alberto était un des meilleurs défenseurs italiens à l’époque, tandis que je n’étais qu’un jeune du centre de formation de Parme qui restait sur une finale perdue du championnat Primavera, soit les U20. Avec l’équipe une, j’avais tout juste fait deux apparitions sur la feuille de match. Mon ambition était de débuter chez les pros, mais je ne m’attendais pas à ce que cela se fasse de cette manière.
Comment est née l’opportunité d’aller à l’OM ?AM : Ils cherchaient un défenseur central et quand j’ai été mis au courant de l’intérêt du plus grand club français, je n’ai pas eu le moindre doute, même si c’était un choix insolite pour l’époque, car peu d’Italiens quittaient la Serie A. Toutefois, je voyais que le foot français progressait beaucoup. Et puis le recrutement était prometteur avec Köpke, Letchkov, Pedros, Gravelaine, etc. IF : Moi, ça s’est fait par hasard, les dirigeants marseillais étaient venus à Parme pour faire signer Lorenzo Minotti, l’historique capitaine. Ils ont assisté à un amical que j’ai disputé et ils ont demandé à ce que je vienne faire un essai à l’OM qui s’est avéré concluant avec un prêt d’un an.AM : Et Minotti n’est jamais venu, puisque c’est moi qui suis arrivé ! (rires)
IF : J’avais fait un tournoi de jeunes à Marseille avec les Gialloblù. L’OM, ça me parlait, la Ligue des champions 93 bien évidemment, mais surtout le fameux quart contre le Milan en 91 avec les projecteurs qui s’éteignent.
On imagine que vous avez beaucoup traîné ensemble.AM : Pas forcément, car j’habitais à Cassis et lui à Marseille, du coup, c’était un peu compliqué, même si on sortait manger de temps en temps.IF : Oui c’est vrai, j’étais rue Paradis, et puis je sortais peu et me couchais très tôt. Je n’avais que 19 ans, j’étais très timide, mon quotidien, c’était entraînement-maison et rien d’autre. Si c’était à refaire, je m’y prendrais autrement.
Ce fut une saison compliquée pour l’OM avec une 11e place. Et individuellement ?
AM : Je restais sur une grosse préparation physique avec la Fiorentina, vingt jours avec des charges de travail très importante, à l’italienne. Du coup, j’ai eu du mal au début. Après deux matchs, on m’a même envoyé en équipe réserve pour retrouver une bonne condition. Ensuite, j’ai enchaîné les matchs crescendo, mais on ne peut pas dire que l’OM ait vu le vrai Malusci.IF : La première journée contre l’OL, match que l’on gagne 3-1, on est titularisés tous les deux, c’étaient mes débuts pros. Je me suis bien débrouillé, je dois faire quelque chose comme 23 matchs dont 22 en tant que titulaire. Dommage pour la blessure au genou en fin de saison.AM : Oui, on était les titulaires, ça tournait avec Christophe Galtier, parfois on jouait même à trois derrière.
Quel rapport avez-vous eu avec le coach Gérard Gili ?AM : Plutôt bon, il avait une très bonne gestion du groupe, même dans les moments difficiles. Et ses choix de formation, quand tu finissais sur le banc, il savait très bien les expliquer. Je garde aussi un souvenir positif de son adjoint Jean Castaneda.IF : C’était quelqu’un de sérieux, qui savait très bien disséquer les erreurs que je faisais. J’ai beaucoup appris avec lui, je le considère important dans la suite de ma carrière. J’en profite pour le remercier d’ailleurs !
Quel est le meilleur souvenir de votre année marseillaise ?AM : C’est général, on m’a très bien accueilli, vraiment. Les derniers matchs, il y avait des chants en mon honneur. Je pense que les supporters ont su apprécier ma générosité et mon abnégation.IF : Le match contre Lens avec le but de malade d’Hamada Jambay. J’étais en tribunes car suspendu. Le Vélodrome était en travaux pour la Coupe du monde et donc une partie du kop avait été déplacé. Les ultras m’ont vu et ont scandé mon nom. Je les ai rejoints avec mes parents, c’était génial !
Et le pire ?AM : Les contestations dans les périodes difficiles, ça ne plaisante pas à l’OM… Mais c’est normal, c’est un grand club, les supporters ont raison d’être exigeants !IF : Une vilaine défaite 2-0 contre Montpellier, le lendemain j’ai lu les notes dans les journaux, j’avais pris un 2, ça ne m’était jamais arrivé.
Vous avez noué des liens importants avec les joueurs de l’époque ?AM : Avec le capitaine Durand, un grand bonhomme, qui savait parfaitement intégrer les nouveaux dans le groupe.IF : Moi, c’était surtout en dehors, je suis devenu très pote avec un journaliste local, et puis j’ai fait de belles rencontres, notamment mon ami Sébastien que j’ai invité à mon mariage.
Avez-eu l’occasion de revenir dans la cité phocéenne ?AM : Malheureusement non, ça fait un moment que je me dis que j’aimerais passer à la Commanderie, mais je n’en ai jamais eu l’occasion. Pourtant, ce n’est pas loin de la Toscane, beaucoup moins que Lecce, Cosenza, Foggia, des équipes où je suis allé après l’OM.IF : Juste une escale durant une croisière il y a huit ans. J’ai pu aller à Notre-Dame-de-la-Garde, lieu où je me rendais souvent durant mon année à l’OM.
Que faites-vous aujourd’hui ?AM : Je suis responsable d’une école de foot dans mon coin, et j’entraîne les jeunes du Ponte a Greve, une équipe de Florence. J’aimerais devenir entraîneur, mais les places sont chères. D’ailleurs, je suis très ami avec Albert Cartier que j’ai connu en Belgique.IF : J’ai raccroché les crampons il y a seulement deux ans après avoir longtemps joué en Serie A, notamment à la Reggina. Je suis resté habiter à Reggio de Calabre, la ville de ma femme. J’ai débuté ma carrière de coach dans la foulée chez les amateurs et je passe mes diplômes pour entraîner en pro. D’ailleurs, je comptais bien revenir à Marseille pour suivre les entraînements de Bielsa, mais c’est raté (rires)…
Avec le recul, ce transfert à l’OM, c’est un choix de carrière que vous referiez ?AM : Carrément, je regrette même de n’être resté que 18 mois, mais bon quand Courbis est arrivé, le club ne misait plus trop sur moi. Il fallait libérer une place pour un autre défenseur, j’ai donc résilié mon contrat qui courait pourtant jusqu’en 1999. Ce fut une expérience très intéressante, j’ai découvert un nouveau et magnifique pays.IF : Oui, et si j’avais su, je serais resté vingt ans de plus ! Mais mon objectif était de revenir à Parme qui faisait partie des meilleures équipes d’Europe à l’époque. Je n’ai été que de passage, mais je conserve un souvenir inoubliable. J’en profite pour saluer tous les supporters de l’OM, ainsi que mes anciens coéquipiers.AM : Je dirais même : allez l’OM !
Propos recueillis par Valentin Pauluzzi