Bon, on va s’échauffer doucement : tu tweeetes beaucoup à tes 172 000 followers. Tu penses quoi des comptes Twitter des joueurs de foot ?
Ah, y en a un que j’adore, c’est Mavinga (@Chris_Mavinga, joueur du Rubin Kazan, ndlr). Lui c’est mon favori ! Il nous sort des phrases philosophiques, c’est énorme. Parfois, c’est assez juste d’ailleurs. Enfin, il se lâche quoi, ça me fait sourire. Verratti sur Instagram, c’est improbable. Il prend tout le monde en photo, ses amis, sa famille, il les déguise. Y a Kurzawa aussi, excellent, il poste des photos de sa femme tout le temps, avec des montages son, ouah, balèze. Il pourrait faire de la télé, lui.
La plupart des comptes montrent surtout que les footballeurs peuvent facilement rivaliser avec les hommes politiques niveau langue de bois, non ?
Oui, après Matuidi, par exemple, c’est très sobre. Toutes les stars aussi. Mais je suis pas d’accord avec toi. Quand tu vois Gomis, le moment où il a été mis à la cave, c’est lui qui était une source d’info géniale pour enrichir nos rubriques. Instagram, ça permet de prendre des photos en dehors des photographes officiels, d’éviter certains filtres, donc d’avoir des choses décalées. Dans l’ensemble, ça les rend beaucoup plus humains. Après, Zlatan n’y est pas vraiment. Dommage…
Tiens en parlant de Zlatan, parle-nous de ce buzz quand il est venu t’interrompre en pleine interview de Laurent Blanc…
C’est fou, on pensait vraiment pas que ça allait faire autant de bruit ! On a eu des articles partout, 50 rien qu’en France. Les Italiens, les Roumains, les Portugais, tout le monde en a parlé… « El Mundo Deportivo » a même fait une galerie des photos « qui est Malika Ménard? » , avec que des photos de moi en maillot de bain qui dataient de la période Miss France. C’était bizarre. Je recevais des messages de gens qui me disaient qu’ils étaient fans de moi…
Zlatan + Miss France, ça clique, normal…
Comme quoi, tout ce que touche Zlatan fait du buzz… Y a des phénomènes comme ça…
On voit que Zlatan te connaît. Il a été rancardé ?
Oui, c’était rigolo, je ne sais pas qui lui a dit à ce moment-là… En fait, c’est surtout qu’on a vu les deux dans une relation différente. Quand le coach se fait un peu charrier par Zlatan, on les voit sous un autre angle… Je pense que c’est ça qui a plu…
Et la réponse de Laurent Blanc*, tu en as pensé quoi ? *( « J’aime mieux parler aux jolies femmes. Vous voyez, vous pourriez peut-être demander une interview à Ibra, je pense qu’il vous l’accordera » , ndlr)
On voit que Zlatan rigole… Laurent Blanc voulait être à la hauteur, il a essayé d’être drôle. Après, je pense que c’est surtout parce que ça tombe juste avant sa remarque à la journaliste suédoise (Blanc s’était étonné qu’une « femme » puisse parler « tactique » et connaisse le « 4-3-3 » , ndlr). Quand on rapproche les deux, qu’on regarde la séquence après coup, oui, là, on peut se dire que c’est limite. Mais sur le moment, j’étais concentrée sur mon interview, j’ai enchaîné rapidement
Dans l’ensemble, c’est compliqué de suivre le PSG aujourd’hui ?
Oui, c’est sûr que c’est compliqué, parfois, je te le cache pas. Mais quand on a voulu faire l’émission avec Téléparis, la boîte de production, et France 3 ( « Paris le Club » est diffusée chaque samedi à 12h50 sur France 3 Paris Île-de-France, ndlr), on savait tout ça : on était en lien avec les équipes du PSG, parce que l’émission ne peut pas se faire sans eux. Ce sont eux qui libèrent les joueurs, on ne pouvait pas faire sans leur accord. Après, c’est aussi parce que les joueurs jouent tout le temps, qu’ils sont ultra sollicités. Et comme c’est un gros club, le plus gros de France, c’est celui qui est le plus verrouillé, qui a le plus d’intermédiaires.
Est-ce que c’est vraiment plus compliqué depuis l’arrivée des Qataris ? La pression, la communication, ça existait déjà avant ?
Oui, sauf que le club a quand même une tout autre dimension ! Je pense qu’avant, c’était plus facile d’avoir accès aux joueurs que maintenant, c’est une certitude. En même temps, on est tous contents d’avoir un beau spectacle à Paris.
Alors toi dans l’émission, tu as une rencontre avec un joueur que tu vas interviewer sous un angle un peu plus « intime » …
Oui, j’ai déjà fait Lucas, Ménez, Douchez. Là on va voir Rabiot. C’était important d’avoir cette séquence. Je ne suis pas une aussi grande pro des tactiques, comme peut l’être Jean-Philippe Lustyk (qui présente l’émission « Paris le Club » avec Malika, ndlr), je n’ai pas la connaissance historique qu’il a, car c’est aussi une question d’expérience. Mais je voulais apporter de la fraicheur. Et je crois que ça marche : les supporters sont plutôt contents de voir les joueurs dans leur vie, tels qu’ils sont. On les voit simples, accessibles, comme tout le monde quoi…
T’as des anecdotes un peu ? C’est qui le plus sympa ?
Ils ont tous été supers sympa, plutôt tous ponctuels, sauf Sirigu mais ça c’est le côté italien je pense… Certains sont venus avec leur petite copine, leur femme…
J’ai travaillé sur Le Mouv’, j’ai interviewé pas mal de joueurs… Je ne tombe pas du ciel.
Pourquoi ?
Je ne sais pas… (rires) En tout cas un des plus humbles, une des interviews les plus jolies, c’est Maxwell : avec la carrière qu’il a, il fait preuve d’une simplicité touchante et puis d’une maturité… Hyper humain et accessible. Hyper cool… Il est venu en tongs ! J’ai pas été surprise, parce que c’est l’image qu’il dégage…
Et Ménez, il fait toujours la gueule en privé aussi ?
Quand je l’ai vu, il était encore blessé, il n’avait pas encore repris l’entraînement et il avait à cœur de se montrer sous un autre jour. C’est quelqu’un qui a plutôt peur des journalistes… Il voit qu’on le diabolise et il a conscience qu’on ne donne pas une bonne image de lui. Finalement, on voit que ça le mine et il était content de pouvoir donner une image plus sereine, différente…
Comment as-tu vécu ton intégration dans le milieu du journalisme sportif. On imagine que ça n’a pas dû être facile de passer de Miss à animatrice télé : on t’a fait des remarques, on t’a chahutée ?
J’ai d’abord commencé en presse écrite, puis j’ai fait de la télé. Sur France 3, j’ai été très bien accueillie parce que j’y étais déjà depuis deux ans. Je représentais déjà un peu la chaîne. Tout le monde sait que j’ai fait des études de journalisme (CFPJ, en alternance, ndlr), donc voilà, c’est comme ça que je me suis construit ma légitimité. Les cadreurs de France 3 rigolaient parce qu’ils venaient me cherchaient à la sortie de l’école, étant donné que je faisais mes études en même temps.
Et sur L’Équipe 21? Tu es dans l’émission de Lionel Rosso, « Le Grand Tour » , le samedi et dimanche…
Après, tu sais bien qu’on met aussi des filles à l’antenne pour leurs qualités physiques : c’est un critère que tu vas moins rechercher chez des garçons… surtout sur une chaîne de sport ! Mais j’ai travaillé sur Le Mouv’, j’ai interviewé pas mal de joueurs… Je ne tombe pas du ciel. Mais c’est vrai que j’étais timide au début, il a fallu que je fasse mes armes. Surtout que j’ai un rôle différent, de chroniqueuse, sur l’actu, les réseaux sociaux… Mais peu importe, il y aura toujours des gens sceptiques, j’apprends à ne pas les écouter. A L’Équipe 21, il y a quand même beaucoup de gens bienveillants.
En parlant d’actu, Cristiano Ronaldo a reçu le Ballon d’or…
Moi, j’étais à fond pour Ribéry, je suis très attachée à mon pays, je voulais que ce soit Ribéry.
Mais est-ce qu’on était obligé d’être pour Ribéry ?
Moi je fonctionne comme ça : j’ai été un peu conditionnée par Miss France. Quand tu représentes ton pays, que tu vas dans toute la France, tu le connais pas cœur… Après, on savait tous que ça allait être Ronaldo. Depuis qu’ils avaient accordé un délai pour les votes, c’était joué. Quand ils ont commencé à se justifier pendant la cérémonie, on sentait que voilà, c’était fait. On y croyait sans vraiment y croire. Même quand j’ai interviewé Laurent Blanc, on voyait bien qu’il n’était pas à fond derrière lui… Il avait pas l’air de penser que c’était lui.
Donc on va se taper Messi/Ronaldo pendant encore cinq ans… Et Zlatan ?
Je l’adore mais franchement, il avait gagné quoi ? Il ne va même pas à la Coupe du monde ! Après quand je vais au Parc, je ne vois que lui… Je le regarde tout le temps, je suis archi fan, j’adore toutes ses provocations…
Tu vas au Parc à tous les matchs ? Dans quelle tribune ?
Je suis invitée par le PSG, je suis en tribune officielle. J’en profite pour lancer des invitations. Mais ceux que je vois ne sont pas toujours ceux qui répondent le plus vite… Et puis c’est devenu tendance d’aller au Parc des Princes, d’être vu, il n’y a pas tant de supporters que ça dans la tribune officielle. NKM et Hidalgo, elles sont obligées d’y aller. C’est drôle d’ailleurs de voir NKM là-bas…
Et Sarkozy qui fait toujours son petit numéro…
Il est tout le temps là, c’est incroyable. La dernière fois, il était entouré de Blanc et de Nasser… C’est dire la proximité qu’il a avec le club.
Bah c’est le futur président du PSG, non ?
Pourquoi ? Il est bien celui qu’on a là… Pas besoin d’en changer ! Une autre fois, c’était drôle, j’étais assise à côté de François Hollande, pour la finale de Coupe de France entre Quevilly et Lyon en 2012. Une semaine après, il était élu !
C’est un signe, c’est ça que tu veux dire ?
Il est normand, comme moi. Il était très gentil avec moi.
Revenons un peu sur toi d’ailleurs : c’est assez dingue ce parcours. Tu commences hôtesse au stade Michel d’Ornano à Caen et tu te retrouves là… Qu’est-ce qu’il te reste de ta période à Malherbe ?
Tout. C’est une ville qui respire par le football. Je suis très attachée à ma ville et au Stade Malherbe, j’y ai travaillé pendant cinq ans. C’est dommage que des villes comme Toulouse ou Montpellier, qui sont en L1, ne respirent pas autant le football. Tout l’argent est donné au foot, tout le monde ne parle que de ça, il y a toujours du monde aux entraînements. J’ai habité en face du stade, il est magnifique, donc je sais de quoi je parle. C’est un super club qui mérite d’être en L1.
C’est drôle de voir NKM dans les tribunes du Parc…
Paris ou Caen, tu choisis laquelle ?
Bah c’est dur de soutenir deux équipes. Ce qui m’arrange, c’est qu’il y en a une en L1 et une autre en L2… (rires).
En plus, t’es bien parce qu’ils sont 8e de L2…
Oui, ils risquent pas de remonter pour l’instant… C’est compliqué cette année. C’est dommage.
Tu gardes des contacts là-bas ?
Je suis très en contact avec Philippe Lesaunier (chef des ventes, ndlr), qui m’a envoyé des vœux très gentils pour la nouvelle année. C’était super touchant. Il m’a dit que quand il me voyait à l’écran, il voyait un bout du Stade Malherbe passer à l’écran… J’essaie toujours de caser deux, trois références sur Caen ! L’équipe n’a pas beaucoup changé, les cadres finiront leur carrière là-bas, l’entraîneur était adjoint quand je suis parti… Et puis je vois les parcours des joueurs : Prince, qui joue à Reims, était avec moi au collège. C’est émouvant de le voir là, de regarder derrière pour constater tout le chemin qui a été fait… Caen, c’est la ville qui a changé ma vie. J’ai d’abord un titre de Miss à Caen, j’ai été porté par les Normands.
En parlant de Miss France, comment va Geneviève ?
Chaque fois que je la croise, ça se passe bien, elle est plutôt fière de mon parcours, de mes études. Je l’ai même interviewée une fois. Geneviève, elle sait que je fais l’émission mais elle ne s’intéresse pas du tout au foot. Je l’ai vue suivre des courses hippiques, mais c’est tout.
Dommage, le foot ça pourrait être un bon partenaire pour son cours Miss Prestige National !
Oui, c’est vrai ! J’ai une anecdote assez drôle sur elle avec « Paris le Club » . Dans l’émission, on a fait un micro trottoir sur Zlatan, on est descendus sur les Champs-Élysées en demandant aux gens ce qu’ils pensaient de Zlatan. Une seule personne ne connaissait pas Zlatan : c’était Geneviève de Fontenay. Geneviève ne sait pas qui est Zlatan !
Peut-être qu’elle n’aime pas l’image que se traînent les footballeurs, elle est un peu comme ça Geneviève, le terroir… ?
Non, je pense pas. Il y a pas mal de miss qui étaient avec des sportifs, des footballeurs, elle s’en fichait un peu, c’est juste que ça ne l’intéresse pas…
Tu penses quoi de l’image que renvoient les joueurs de foot ?
C’est compliqué cette histoire. Il y a des enjeux financiers derrière. Quand tu signes à 16 ou 17 ans, que tu as une somme d’argent folle à ne plus savoir quoi en faire, c’est normal de perdre pied. C’est comme Miss France : t’es tellement médiatisée qu’à un moment, tu prends la grosse tête. C’est inévitable pour eux aussi.
Est-ce qu’ils méritent tout ça : « racailles » , les polémiques…
Ça dépend des joueurs.
La société leur confère un statut d’exemples complètement exagéré, non ?
Je ne pense pas qu’on en fasse des exemples. Encore une fois, ça dépend des joueurs. Beckham est un exemple, oui.
Et Yann M’Vila, qu’on a brocardé pour sa sortie nocturne avant un match de l’équipe de France Espoirs ?
Justement, c’est un bon exemple, je l’avais interviewé à la radio. C’était ses derniers mois à Rennes, il été hué par le public. En fait, tu voyais quelqu’un qui était super jeune, qui était déjà papa et qui était complètement déboussolé. Tout est allé trop vite : il était paumé, il avait complètement perdu pied ! Après, ceux que j’ai rencontrés, ils étaient touchants dans cette spirale, parce que ça allait trop vite. Faut pas oublier que c’est un sport collectif et qu’il y a un effet de bande, les garçons entre eux… Ils s’entraînent les uns les autres… Après, il y en a qui sont plus malins que d’autres. Sauf au PSG : ils sont tous excellents !
On a l’impression que rien ne peut arriver à Paris cette année…
Ils ont l’air de tous s’apprécier, il y a une excellente mentalité… C’est vraiment une superbe équipe.
Même Pastore a rappelé à tout le monde quel joueur il pouvait être !
C’est vrai que jusqu’ici, on n’a pas fait beaucoup de sujets à la gloire de Pastore ! On l’a un peu malmené, mais là contre Bordeaux, il a fait un très bon match, plus une bonne entrée à Ajaccio… Lui sur l’image, tu peux pas dire qu’il est irrespectueux, qu’il a pris la grosse tête. Ce qui compte, c’est qu’il brille sur le terrain. Parce qu’il ne faut pas se mentir : tant que les joueurs brillent sur le terrain, on se moque de ce qu’ils font en dehors. C’est la seule réponse que les joueurs critiqués peuvent apporter. Pourquoi on pardonne tout à Zlatan ? Parce que pendant 90 minutes, il nous fait rêver.
– Le grand tour de L’Équipe chaque samedi et dimanche à 18h en direct sur L’Équipe 21
– Paris le Club – Le samedi à 12h50 sur France 3 Paris Île-de-France
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