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Malcom, diamant à polir
Seul réel frisson des Girondins cette saison, le Brésilien est doté d’un talent énorme. Mais pour exprimer son potentiel et porter son club, le Bordelais a besoin d’un peu de temps afin de devenir plus régulier.
En France, lorsque son nom est évoqué, on ajoute inconsciemment un l et on pense avant tout au personnage de la série américaine interprété par Frankie Muniz. Au Brésil, c’est quelque peu différent. Là-bas, Malcom est synonyme de talent brut, d’espoir à polir, de grand footballeur en devenir. Parce qu’en Amérique du Sud, l’actuel joueur de Bordeaux avait donné quelques orgasmes aux supporters des Corinthians, qu’il a fréquentés deux saisons durant. Une première où il est lancé en championnat à dix-sept ans et soixante jours, avec vingt rencontres et deux buts à la clé. Une seconde où il dispute 36 parties comme titulaire toutes compétitions confondues et inscrit huit pions, participant activement à la conquête du titre.
Suffisant pour que l’équipe nationale s’intéresse sérieusement à lui. En juin 2015, Malcom prend part au championnat du monde espoir avec les moins de vingt ans en Nouvelle-Zélande (cinq apparitions et une finale perdue). Il avait déjà découvert la sélection en janvier et février de la même année. Suffisant, aussi, pour que Zé Roberto glisse le nom de la petite pépite à son ancien partenaire munichois, Willy Sagnol, qui squatte le banc des Girondins. Alors, c’était sûr, le Brésilien allait tout exploser à Bordeaux, qui investit cinq millions d’euros sur ce diamant en janvier 2016 après le départ de Wahbi Khazri pour Sunderland. Un an après son arrivée dans l’Hexagone, la question se pose donc : où en est Malcom ? Et la réponse n’est pas aisée à donner.
D’abord, les chiffres, toujours : 31 rencontres de Ligue 1 en un an et demi, 22 en tant que titulaire dont 17 avec Jocelyn Gourvennec pour la seule saison 2016-2017. La période d’adaptation de six mois a donc été bien digérée, pour celui qui compte un bilan correct de quatre réalisations et deux passes décisives. Utilisé en ailier droit ou en attaquant de soutien, Malcom Filipe Silva de Oliveira constitue davantage un perforateur de défenses qu’un buteur ou un passeur. Et c’est là qu’il tire son épingle du jeu : dans un Bordeaux pas encore agréable à regarder évoluer malgré les efforts de Gourvennec, le natif de São Paulo représente la seule flamme capable de s’embraser, devant Jérémy Ménez dont les coups d’éclat sont plus rares que les absences.
Dix-neuf ans et du temps
Problème : le jeune homme, qui n’a encore que dix-neuf ans, n’est pas capable de porter le poids entier d’une équipe assez décevante sur ses seules épaules. Car Malcom n’a pas encore acquis la régularité du haut niveau. Du coup, le bonhomme passe parfois totalement à côté de son match. Frustrant quand on connaît ses capacités au-dessus de la moyenne. Son entraîneur a d’ailleurs du mal à limiter ses reproches quand cette situation intervient. Ainsi, après l’horrible rencontre Marseille-Bordeaux d’octobre dernier (0-0), Gourvennec avait sévèrement pointé du doigt la mauvaise prestation de son poulain en conférence de presse : « Un garçon comme Malcom, qui a un talent incroyable, a trop de pertes de balle. Ce n’est pas une question de qualité de joueur, mais de se faire plus confiance, d’être plus impliqué, plus juste pour que les ballons dans les trente derniers mètres soient payants. C’est technique, mais aussi mental. »
De là à envisager la vente du garçon qui est assez courtisé et que l’Olympique de Marseille avait loupé en fin d’année 2014 ? Non, bien sûr que non. Les dirigeants bordelais, qui ont fixé le prix de leur bijou à vingt millions d’euros, sont trop intelligents pour lâcher si tôt un élément qui n’a besoin que de temps pour mûrir. Ça aussi, Gourvennec l’a bien fait comprendre dans les colonnes du Parisienle mois dernier : « Quand Malcom est bon, l’équipe l’est aussi. C’est un joueur différent, sérieux, très à l’aise techniquement et qui voit très bien le jeu. Cet été, il a effectué sa première préparation en Europe et il a enchaîné par un très gros début de saison. Il a ensuite été freiné par sa fissure au tibia lors du match à Lyon et il a joué blessé. Il est encore jeune, il manque d’expérience et cela explique qu’il soit encore irrégulier, notamment sur le plan mental. Or, Bordeaux a besoin de lui à son meilleur niveau, car il a un talent incroyable. » Reste à réaliser une carrière à la hauteur de ce talent.
Par Florian Cadu