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Málaga, la crise, quelle crise ?
Au bord du gouffre cet été, Málaga a surpris tout le monde en réalisant deux mois presque parfaits, en championnat comme en C1. Parce que l’union fait la force. Parce qu’on peut bien recruter sans dépenser. Et parce que Pellegrini est un excellent entraîneur, aussi.
Vendre pour payer. Après un an et demi de pétrodollars à gogo, Málaga est brutalement revenu à la réalité espagnole. L’austérité. Le cheikh Al-Thani a coupé l’alimentation, obligeant le club à vendre tout ce qu’il pouvait, histoire de commencer à payer ses salariés. Au lieu d’obtenir des renforts, Pellegrini s’est donc fait piller, et a dû aligner des gamins de 16 ans et des joueurs indésirables quelques semaines plus tôt. La saison galère était annoncée, l’historique qualification en Ligue des champions n’était plus qu’une mauvaise blague qui allait tourner à l’humiliation. Dans les travées de La Rosaleda, on reparlait maintien et survie du club. Mais deux mois plus tard, tous les bookmakers font logiquement de Málaga le favori du choc du groupe C contre le Milan AC. Les Andalous ont baffé les deux autres équipes de la poule, le Zénith et Anderlecht (3-0), et sont bien installés sur le podium de la Liga, où ils ne se sont inclinés qu’une seule fois, de justesse, contre l’Atlético Madrid. Des douze matchs officiels disputés depuis le début de saison, les anciens riches en ont remporté huit, pour trois nuls et une défaite, donc. Étonnant.
La patte Pellegrini
Alors, comment expliquer cette belle surprise, ou ce petit miracle, au choix ? Tout d’abord par une fin de mercato bien gérée. La vague de départ a surtout affecté l’attaque, puisque Pellegrini a perdu ses deux numéros 9, Van Nistelrooy et Rondón. Le Chilien a commencé la saison avec comme seules solutions devant l’Uruguayen Seba Fernandez, sur la liste des transferts, et Fabrice, un Camerounais de 16 ans qui ne comprenait pas grand-chose à ce qui lui arrivait. La qualif’ pour la C1 en poche, Málaga a fait coup double le 31 août en recrutant Saviola, libéré par Benfica, et Santa Cruz, prêté par Manchester City. De quoi autrement préoccuper les défenses rivales. Pour le reste, le mérite revient à Manuel Pellegrini. Recruté pour diriger une équipe de très haut niveau, l’ancien coach du Real Madrid s’est retrouvé à composer avec un effectif réduit. Mais plutôt que de lâcher l’affaire, le Chilien s’est battu pour défendre son projet. « Pendant l’été, on nous a dit de trouver une porte de sortie. Mais le coach nous a assuré qu’on sortirait de cette situation, qu’il fallait s’entraîner parce que laisser tomber était la pire des choses à faire. Dans les moments compliqués, le groupe a été uni autour de lui et aujourd’hui, on en récolte les fruits » , se satisfait Eliseu. En redonnant calme et confiance à un groupe qui lui est aujourd’hui complètement dévoué, Pellegrini est sorti plus fort de cet été chaotique. Son équipe aussi.
Le retour du cheikh
Malgré les incertitudes financières, ce groupe vit bien et a adopté la philosophie du Mister : jeu vers l’avant et culture de la gagne. En deux ans de travail, Pellegrini a imposé son style et posé des bases bien plus solides que ce que l’on pouvait imaginer, capables, contrairement à Bilbao par exemple, de résister à la tempête estivale. Et de convaincre Javier Saviola, très bon depuis son arrivée, de prendre part au projet. « Venir à Málaga était risqué. Je connaissais la situation incertaine du club et beaucoup de gens me disaient de ne pas venir. Mais je savais que j’arrivais dans un club où l’entraîneur est respecté et donne toujours la priorité au football. Pour être honnête, ça dépasse toutes mes attentes » , expliquait l’Argentin dernièrement. Depuis le début de saison, Málaga est un bloc très difficile à franchir. La meilleure défense du championnat. La seule avec celle de Porto encore invaincue en C1. Généreux et solidaires, vertus directement liées à l’unité du groupe, les joueurs sont tirés offensivement par leurs deux leaders techniques, Isco et Joaquín. Le premier, élu « révélation » de la saison dernière par la LFP, impressionne par sa maturité, et le second a retrouvé sa percussion d’antan. Une bonne nouvelle supplémentaire, Julio Baptista a repris part aux entraînements collectifs et devrait être disponible prochainement. Une arme offensive de plus pour Pellegrini. Autre retour, celui d’Al-Thani, qui sera présent ce soir à la Rosaleda pour la première fois depuis cet été. Avec les belles performances du club, on l’avait presque oublié celui-là. La crise aussi, d’ailleurs.
Par Léo Ruiz