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Majorque, bientôt de retour au soleil
Racheté en tout début d’année par Robert Sarver, également patron des Phoenix Suns en NBA, Majorque se surprend à espérer. Actuellement dans les bas-fonds de Liga Adelante, le fanion insulaire entend même les noms d'Alessandro Del Piero et Steve Nash accolés à son organigramme. Pourquoi une telle folie ?
La fiesta, les Baléares connaissent. Entre ses plages et ses clubs, Ibiza, troisième île de l’archipel, reste l’un des centres névralgiques du monde de la fête – et ce, malgré les départs annoncés de Carl Cox et Richie Hawtin. Une tradition locale qui, actuellement, déborde sur sa grande sœur, Majorque, et son club de football. Pourtant, la nouvelle année n’a en rien changé la calamiteuse place du RCD. Pis, dix-huitième à la veille du passage en 2016, il se retrouve aujourd’hui un rang plus bas, à tout juste cinq points du bon dernier. Un poste qui, d’ici quelques mois, lui coûterait une descente dans la très anonyme Segunda Division B. Loin de ce potentiel cauchemar, l’optimisme est de rigueur à l’Iberostar Estadio. Pour cause, depuis le 4 janvier, le club insulaire est rentré dans le giron de Robert Sarver, milliardaire à la tête du groupe Liga ACQ Lagacy Partners LLC. Contre 20 millions d’euros, celui qui dirige également la franchise NBA des Phoenix Suns espère offrir aux supporters locaux un avenir ensoleillé. En attendant, il fait son nécessaire pour les émerveiller. N’est-ce pas, Alessandro et Steve ?
Arizona Dream sur tous les écrans de Majorque
N’en déplaise au romantisme, l’attachement de Robert Sarver aux Baléares reste superficiel. Loin d’être un aficionado invétéré de Majorque, il fait de l’acquisition d’institutions sportives son dada, lui le richissime homme d’affaires. Propriétaire des Phoenix Suns depuis 2004 et un rachat contre la bagatelle de 401 millions de dollars, il se passionne sur le tas pour le football. Ainsi, avant la descente aux enfers des Glasgow Rangers, il espère s’offrir le légendaire club écossais. Une première approche dans le monde du ballon rond qui se solde par un râteau, mais qui ne l’empêche pas de retenter sa chance. Ses yeux se posent alors en Espagne. Pas plus tard qu’en mai dernier, Superdeporte, quotidien valencian, évoque un intérêt de la part de cet Américain pour le modeste fanion de Levante. « Les supporters de Levante pourraient compter dans peu de temps sur un propriétaire qui n’a pas peur de sortir le chéquier pour des transferts à plusieurs zéros » , s’empresse de raconter le canard. Pour la plus grande peine de l’aficion valenciane, son arrivée reste une chimère que vient d’enterrer l’acquisition de Majorque par ce même Robert Sarver.
Le RCD Majorque, qui prépare l’année de son centenaire, appartient alors à Utz Claassen, aux commandes depuis à peine un an, quand le PDG des Suns vient aux nouvelles. La volonté d’augmenter le capital économique du club prend le pas, et le proprio teuton, toujours au conseil d’administration, décide de vendre le club pour une somme de 20,6 millions d’euros. Une vente en forme de secret de Polichinelle, ou presque, puisqu’un mois plus tôt, Javier Tebas, président de la LFP, lâche qu’un « propriétaire d’une franchise NBA investira bientôt à Majorque » . Un spoil qui n’agace en rien l’aficion de Majorque. Toute émoustillée, elle lui ouvre grand les bras et découvre ce qui pourrait être son messie : « Nous avons investi dans l’idée de revenir le plus tôt possible en Liga, même si nous savons que l’argent ne garantit rien. » Enfin, pas tout à fait, puisque sitôt sa prise de contrôle, le nouveau patron sort un chèque de deux millions d’euros pour le mercato hivernal, autrement dit une fortune pour la Liga Adelante et son austérité. Des paroles aux actes, il n’y qu’une American Express bien garnie.
Atlético, MVP et Alessandro
Doté d’une puissance financière extra-large, Robert Sarver doit surtout s’atteler à ne pas développer le syndrome propre à Peter Lim : diriger sans s’entourer. Pour ce, en plus de conserver dans ses rangs l’ancien président, il s’approprie les services de l’ancien avocat de l’Atlético de Madrid, Maheta Molango : « J’adore la mentalité dupartido a partidoplus que tout, car les gens sont fatigués des promesses non tenues. Il faut travailler et travailler pour que ce club retrouve la Liga le plus rapidement possible. » La seconde recrue des offices est, elle, plus joga bonito que fighting spirit. Steve Nash, ancien meneur des Suns et partenaire en affaires de Sarver, se retrouve ainsi avec la double casquette d’actionnaire et de conseiller sportif. Une nouvelle qui, en plus de surprendre son monde, est suivie de deux autres rumeurs improbables. Liés d’amitié avec le double MVP de la NBA, Steve McManaman, ancienne gloire merengue, et Alessandro Del Piero, légende de la Vieille Dame, pourraient rejoindre la direction du RCD Majorque. À défaut d’un onze de rêve sur le pré, il peut aligner la plus belle loge qui soit. Fou.
Par Robin Delorme