- Amical
- France-Écosse (3-0)
Maître Kanté
Préféré à Yohan Cabaye pour remplacer Lassana Diarra au poste de milieu défensif, N'Golo Kanté a soulagé la charnière centrale Rami-Koscielny tout en orientant le jeu des Bleus contre l'Écosse, ce samedi à Metz. Une présence discrète mais rassurante qui devrait faire beaucoup de bien aux hommes de Didier Deschamps à l'approche du match d'ouverture de l'Euro 2016 contre la Roumanie.
Il y a ceux qui ne s’arrêtent pas répondre à la presse après le match. Il y a ceux qui arrivent à s’énerver même après une victoire 3-0 ( « Je vous connais avec vos questions à deux balles et vos gros titres » , s’est emporté Adil Rami après France-Écosse). Il y a ceux, pros, carrés, qui s’arrêtent trois fois : devant les radios, devant la presse écrite et devant les télés. Basta. Et puis il y a N’Golo Kanté, calme, souriant, qui s’arrête à chaque sollicitation et ne part pas avant que la dernière question ne soit posée. Le genre de joueur tellement timide qu’il n’ose pas refuser de parler. Un genre que N’Golo Kanté s’applique à reproduire jusque sur le terrain.
Ce samedi soir, à Metz, Kanté n’a pas fait de vague, mais a réussi l’exploit d’être à la fois le premier attaquant et le cinquième défenseur. Jamais avare d’une petite percée qui fait remonter toute l’équipe ou d’une relance bien placée, le petit gars de Suresnes a surtout épaté son monde en redescendant encore plus bas que ne le faisait Lassana Diarra. À plusieurs reprises, celui qui a détrôné Yohan Cabaye dans le cœur de Didier Deschamps s’est en effet retrouvé au même niveau que les deux défenseurs centraux, et derrière les latéraux. Si la faiblesse de l’Écosse ne permet pas de dire avec certitude si ce positionnement peut résoudre définitivement les soucis défensifs français, il lui aura au moins permis de valider son premier clean sheet de 2016, à six jours du match d’ouverture de l’Euro. Un coup de génie tactique du sélectionneur ?
« En aisance respiratoire »
« Non, je ne lui demande pas particulièrement de rester, a répondu Didier Deschamps en conférence de presse après la rencontre. Il a aussi eu des moments où il s’est retrouvé plus haut, mais j’ai un milieu à trois et je ne veux pas qu’il soit fixe parce que sinon, c’est plus facile à neutraliser pour l’adversaire. Donc il s’est parfois écarté, mais il est dans son registre. À Leicester, il joue milieu défensif, il a quatre joueurs offensifs devant lui. » Avec une petite différence tout de même, révélée par Kanté lui-même après la rencontre : « Didier Deschamps m’a dit de faire la même chose qu’à Leicester, sauf que je serais tout seul. Donc il m’est arrivé de monter un peu, mais pas autant qu’à Leicester. Je n’ai su qu’aujourd’hui (samedi, ndlr) pour ce repositionnement, mais il m’avait déjà fait travailler à ce poste-là à l’entraînement. » Un temps d’adaptation apparemment suffisant pour se transformer en premier rempart blindé capable de faire souffler Rami et Koscielny, peu à l’aise face au Cameroun.
Deschamps le dit lui-même : « Tout paraît facile pour lui. Mais il fait tout en aisance respiratoire. Ce n’est pas évident. J’ai déjà joué à ce poste-là, par moment on peut tirer la langue un peu. Lui, c’est facile. Il fait ce qu’il sait faire, et très bien faire, pour permettre à l’équipe d’être à l’équilibre. » N’Golo Kanté, lui, a le même sourire gêné face aux louanges que lorsqu’on lui demande de quoi sera fait son avenir (on l’annonce à Paris, mais aussi à Chelsea). « J’ai pris du plaisir dans ce match, c’était bien pour prendre mes repères, minimise-t-il. Il y a eu beaucoup de communication avec Paul (Pogba, ndlr) et Blaise (Matuidi), c’est important pour l’adaptation. » Discret, toujours. « Il ne fait pas de bruit, il a toujours le sourire, mais il est là, résume Deschamps. Il n’y a pas d’anxiété, de crainte ou quoi que ce soit. Tout ce qu’il fait est fluide. »
Par Thomas Pitrel, à Metz