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Mais t’attends quoi pour tout casser, William Carvalho ?
Annoncé comme le « Yaya Touré portugais » il y a trois ans, le milieu défensif du Sporting Portugal peine aujourd’hui à donner la pleine mesure de son talent. À tel point, qu’il s’est vu attribuer une place sur le banc pour cet Euro. Se serait-on moqué de nous ?
« Je suis une boussole, je cherche toujours à faciliter les choses. Si je dis que l’équipe doit jouer à droite, elle va à droite. Si je dis qu’elle doit jouer à gauche, elle joue à gauche. » Seul problème, la boussole ne pointe pas toujours au nord depuis deux saisons. Fernando Santos, le sélectionneur portugais l’a bien compris d’ailleurs et lui a pointé la direction du banc pour l’Euro. Pourtant tout le monde le sait, « Sir William » a un potentiel monstre. Arsenal, Manchester United, et maintenant Leicester pensent à recruter la boussole aux grandes aiguilles. Mais malgré toutes ces louanges, le milieu est toujours au Sporting, et laisse les observateurs sur leur faim.
Sir William, trop fainéant pour être roi ?
Il faut dire que le joueur génère pas mal de frustration. Lors de sa première saison en Liga, sa puissance physique, sa technique balle au pied et sa qualité de passe laissaient penser qu’on avait affaire au numéro 6 ultime. Ricardo Moura, qui a coaché la bête pendant six mois au CD Fatima (en troisième division portugaise, ndlr), est de suite tombé sous le charme du gamin : « Il venait tout juste de signer pro avec le Sporting. Quand on nous l’a prêté, on a de suite vu qu’il était au-dessus du lot et il l’a très vite prouvé sur le terrain. Il pouvait jouer partout, devant, en 8, en 6. Je l’ai même fait jouer défenseur central quand les titulaires étaient blessés et il a toujours été impeccable. »
Pourtant, c’est sa nonchalance qui se remarque sur le terrain depuis quelque temps. Le milieu ne va au charbon que sporadiquement, joue un peu trop « facile » et perd des ballons bêtement. En 2014, certains supporters s’agaçaient aussi de voir un petit embonpoint apparaître sous le maillot vert et blanc. De quoi énerver son ancien coach : « C’est complètement faux ! William est un excellent professionnel ! Déjà chez nous, il passait beaucoup de temps à la salle de musculation pour se renforcer ! C’est vrai qu’il est encore un peu lent dans ses mouvements, mais ce n’est pas par manque de volonté. Ça fait partie de sa personnalité, c’est quelqu’un de très tranquille, jamais stressé. Mais il va progresser dans ce domaine-là. »
Danilo, rival encombrant
Son immense performance lors de l’Euro U21 et l’arrivée de Jorge Jesus au Sporting, formateur reconnu, laissaient présager un come-back fulgurant l’été dernier. Mais deux événements vont l’en empêcher. Carvalho revient de l’Euro avec une fracture de stress et manque la préparation estivale ainsi que le début du championnat. Et dans le même temps, le FC Porto signe Danilo Pereira. Une sentinelle classique. Ultra solide, mais bien moins doué techniquement, ses performances font ressortir les mauvais côtés du jeu de son rival. « Danilo est un joueur plus puissant, plus agressif. Avec sa lourde blessure, William a perdu en intensité physique et on sent une certaine appréhension dans ses duels. Il faut aussi qu’il travaille son jeu de tête pour devenir plus complet » , résume Ricardo Moura. Résultat, le jeune Sportinguista repart de zéro physiquement, tandis que le Portista s’impose comme le patron de son équipe. En forme lors des derniers matchs de la saison, le gamin n’a pas lâché l’affaire et sait que la saison prochaine sera décisive pour la suite de sa carrière. Histoire de ne pas rejoindre la liste interminable des éternels espoirs portugais.
Par Alexandre de Castro