- Autres championnats
- Russie
- Mercato
Mais qu’irait bien foutre Valbuena au Dynamo Moscou ?
Si les médias annoncent le transfert comme acté, l'agent Jean-Pierre Bernès dément toujours aussi formellement la nouvelle. Une chose est sûre, c'est chaud bouillant actuellement entre Mathieu Valbuena et le Dynamo Moscou. Et déjà, de nombreux observateurs s'offusquent de ce choix de carrière. Il y a pourtant matière à le défendre.
Découvrir un championnat compétitif
Il ne faut pas se tromper : si le championnat russe reste en dessous des six grands championnats européens occidentaux (Angleterre, Allemagne, Espagne, Italie, France, Portugal, avec une nuance sur l’homogénéité de ce dernier), ce n’est pas non plus comme si Valbuena partait s’enterrer au Qatar ou en Chine, ni même en MLS, la ligue nord-américaine qui monte mais reste d’un niveau sportif encore faible. En Russie, ça joue plutôt bien au ballon et la Premier League locale a gagné en visibilité et en crédibilité auprès des observateurs et acteurs du football (agents, dirigeants, etc.) depuis le passage à une saisonnalité à l’occidentale : début en été, longue trêve hivernale de trois mois, épilogue au printemps. Le championnat russe se joue à 16 équipes et est particulièrement homogène, avec des ambitions de titre plus ou moins avouées pour un bon tiers d’entre elles. La bagarre entre les clubs de la capitale (Dynamo, mais aussi CSKA, Spartak et Lokomotiv) et ceux de province (Zénith, Rubin Kazan, Krasnodar…) n’est pas inintéressante à suivre pour ceux qui veulent bien s’y mettre, même si ça reste un championnat encore largement sous-médiatisé hors des frontières.
Essayer d’écrire l’histoire
Des quatre clubs moscovites en élite, le Dynamo est le seul à n’avoir encore jamais été titré champion national depuis la fin de l’Union soviétique. Son meilleur classement ? Une deuxième place derrière le Spartak en 1994. Son dernier trophée remonte à l’année d’après, avec une victoire en Coupe de Russie. C’était pourtant l’un des meilleurs clubs d’URSS après la Seconde Guerre mondiale, le plus vieux de Russie, celui où jouait notamment l’immense Lev Yachine dans les années 50 et 60. Ces dernières saisons, il s’est globalement stabilisé dans les premières places et espère enfin conquérir un nouveau titre la saison prochaine. Il semble en avoir les moyens, possédant dans son effectif des cadres de la sélection russe (Denisov, Zhirkov…), le meilleur espoir du foot local au poste d’attaquant (Kokorine) et quelques très honnêtes seconds couteaux étrangers (le Brésilo-Hollandais Douglas, l’Équatorien Christian Noboa, l’Allemand Kevin Kurányi, le Hongrois Balázs Dzsudzsák, le Français William Vainqueur, transfuge du Standard de Liège durant l’intersaison…). À la tête de cette équipe, le Roumain Dan Petrescu a été récemment remplacé par un habitué du championnat local, l’ancien entraîneur d’Amkar Perm Stanislav Cherchesov.
Jouer l’Europe, même si c’est la petite
Quatrième de la dernière saison du championnat russe (à 12 points du champion le CSKA), le Dynamo est qualifié pour le troisième tour préliminaire de la Ligue Europa. Il connaît déjà son adversaire, qui sera le club israélien d’Ironi Kiryat Shmona, que Lyon a déjà rencontré par le passé dans cette même compétition. En cas de qualification, il ne lui restera qu’un tour de barrage pour arriver en phase de poules. La petite Coupe d’Europe réussit plutôt bien aux participants russes, avec deux victoires sur la dernière décennie, remportées par le CSKA en 2005 puis le Zénith Saint-Pétersbourg en 2008. La meilleure performance du Dynamo à l’échelle continentale ? Une place de finaliste de la défunte Coupe des coupes en 1972, avec une défaite face aux Rangers.
Vivre la belle vie à Moscou
On ne va pas vous la faire à l’envers, si Valbuena décide d’accepter cette offre, c’est aussi certainement d’abord et avant tout pour l’argent. S’il a bien été contacté par d’autres clubs tels que Valence, Séville ou la Fiorentina, il apparaît que le Dynamo est le mieux placé pour aligner au minimum l’important salaire de 300 000 euros par mois de Petit Vélo à Marseille. Pour signer ailleurs, il aurait certainement dû revoir ses émoluments à la baisse, ce qu’il semble peu chaud à consentir. Le taux d’imposition unique en Russie, à 13 %, est également très favorable aux plus hauts revenus. Allez demander à Gérard Depardieu ce qu’il en pense. Enfin, Valbuena n’irait pas s’installer dans un obscur trou paumé du monde mais tout simplement dans l’actuelle plus grande ville d’Europe, devant Paris et Londres. De quoi jouir d’une bonne vie de pacha alors qu’il va sur ses 30 ans.
Jouer les pionniers et préparer le terrain pour 2018
Vous n’êtes pas sans savoir que la prochaine Coupe du monde aura lieu en Russie dans quatre ans. Qui dit Coupe du monde dit gros investissements en amont pour les villes organisatrices. Si la modeste Arena Khimki, utilisée conjointement par le Dynamo et le CSKA, n’accueillera aucun match du tournoi, Valbuena pourrait tout de même avoir l’occasion de découvrir certaines très belles enceintes actuellement en cours de construction en Russie, notamment la Zénith Arena de Saint-Pétersbourg, dont les travaux ont pris beaucoup de retard. Et qui sait, Mathieu Valbuenovich ne peut-il pas servir d’espion pour Deschamps, en vue de préparer au mieux le prochain Mondial des Bleus sur place dans quatre ans ?
Par Régis Delanoë