- Coupe du monde des clubs – Cruz Azul/Western Sydney Wanderers
Mais qui êtes-vous, les Western Sydney Wanderers ?
Le récent vainqueur de la Ligue des champions asiatique est australien et se nomme Western Sydney Wanderers. Un club atypique, tout récemment constitué, mais qui bénéficie déjà d'une bonne base de supporters, lesquels ont été mis à contribution lors de sa création. Il affronte les Mexicains de Cruz Azul ce soir pour son entrée en lice lors du Mondial des clubs.
Pour remonter aux origines du club, inutile de sortir de vieux grimoires, un bon en arrière d’à peine deux ans suffit. Au printemps 2012, la A-League, le championnat de foot local qui fonctionne à la nord-américaine avec ligue fermée et système de franchises, doit subir la défection de l’une d’elles, Gold Coast United. Il faut vite la remplacer sous peine de se trouver avec un chiffre impair et une impression un poil casse-gueule. Déjà que le foot a du mal à s’implanter là-bas, si en plus il y a un manque de clarté… Une nouvelle franchise doit donc être créée et il apparaît vite évident qu’elle doit voir le jour dans la banlieue ouest de Sydney. En 2004, lorsqu’une première franchise était apparue en ville au moment de la création de la A-League, elle devait déjà s’implanter dans ce secteur, où la population s’était enthousiasmée de l’initiative. Mais un peu au dernier moment, cette première franchise, le FC Sydney, avait déménagé à l’est de la ville, décidant de disputer ses matchs à domicile dans le grand Allianz Stadium. Les habitants de l’Ouest s’étaient sentis légitimement trahis par ce choix et n’avaient pas abandonné l’idée d’avoir un jour leur équipe pro de foot eux aussi. Ils en ont donc eu la possibilité dès 2012.
Wanderers, par vote des internautes
Problème : aucun investisseur important ne se manifeste pour mettre des sous dans le projet. La Fédération décide alors de prendre elle-même la charge de cette création, se faisant aider par le gouvernement australien qui décide d’accorder une subvention exceptionnelle de 4 millions de dollars. Quelques personnalités du coin, dont les internationaux Tim Cahill et Scott Chipperfield, apportent également leur soutien. Mais le plus original dans l’histoire est que la population de la banlieue ouest de Sydney est aussi mise à contribution. Comment ? Un vote est mis en place sur le site de la Ligue, et les internautes peuvent donner leur préférence sur le nom du club, ses couleurs, le choix de l’entraîneur et même le style de jeu ! Plusieurs milliers de personnes y répondent et le nom de « Wanderers » prend vite le dessus par rapport aux autres possibilités : Athletic, Strikers, Wolves et Rangers. Ce terme fait référence au premier match de football qui aurait eu lieu en Australie en 1880 entre l’équipe de la King’s School et une formation du quartier de Parramatta, dans la banlieue ouest, qui se faisait appeler les Wanderers. Les supporters décident aussi d’adopter le maillot aux rayures rouge et noir et d’accorder leur confiance à l’ex-international Tony Popović pour être l’entraîneur. Les bases sont posées.
Deux saisons et demie, trois finales
L’effectif est constitué en quelques semaines seulement. Michael Ballack est approché pour en devenir la tête de gondole, mais finit par décliner, préférant annoncer sa retraite. Pas grave, le rôle revient au Japonais Shinji Ono, qui s’acquittera parfaitement de sa tâche jusqu’à son retour au pays il y a quelques mois. Sans autres stars ni noms ronflants, l’équipe formée par Tony Popović, qui n’avait même pas assez de monde sous contrat pour faire une opposition à cinq contre cinq lors du premier entraînement, ne met pas longtemps à trouver ses repères et termine en tête de la saison régulière dès sa première saison 2012/2013 ! Le titre lui échappe néanmoins lors de la grande finale de fin de saison avec une défaite 0-2 subie face à Central Coast Mariners. En 2013/2014, le scénario est quasi identique avec une deuxième place à l’issue de la saison régulière et encore une défaite en finale, 1-2, cette fois face à Brisbane Roar. Des résultats qui permettent aux Wanderers d’asseoir leur popularité à Western Sydney : le modeste stade Parramatta, à peine plus de 20 000 places, est souvent très largement garni, pour l’une des ambiances les plus réputées de la A-League. Les matchs les plus attendus de la saison sont bien entendus les derbys face au FC Sydney, avec une rivalité certes récente, mais qui trouve racine dans les conditions de création des deux clubs. Le FC Sydney est en plus une cible facile, avec son gros stade qu’il peine à remplir et ses performances en demi-teinte malgré l’apport lors des deux dernières saisons de sa grande star Alessandro Del Piero.
Les héros de Riyad
Et puis donc il y a eu en 2014 cet inattendu parcours en Ligue des champions asiatique, qui s’est conclue par une victoire en finale. Ce titre est une première pour le football australien depuis qu’il a intégré la zone Asie. En 2008, Adelaïde était lui aussi allé jusqu’en finale, mais avait dû s’incliner face aux Japonais de Gamba Osaka. Les Wanderers ont mérité les honneurs, avec un parcours difficile qui les a vus éliminer les champions japonais de Sanfrecce Hiroshima, le tenant du titre chinois Guangzhou Evergrande (entraîné par Marcello Lippi), les expérimentés Sud-Coréens du FC Séoul et enfin les Saoudiens d’Al-Hilal, grands favoris de la finale. Après une victoire 1-0 acquise lors du match aller à Sydney, la bande à Popović a livré une prestation héroïque à Riyad, dans une ambiance bouillante et avec une performance exceptionnelle de son gardien vétéran Ante Čović, lequel est parvenu à préserver le 0-0.
C’est grâce à ce titre continental que Western Sydney Wanderers figure au casting de cette Coupe du monde des clubs. Bien sûr, ces matchs internationaux ont éreinté un effectif qui a complètement mis de côté le championnat domestique : l’équipe est bonne dernière du classement et n’a pas encore remporté un match depuis le début de saison, après neuf journées ! Pas grave, la A-League étant fermée, il n’y a pas de crainte de relégation. La joyeuse troupe australienne peut donc profiter sans crainte de ce quart de finale face aux Mexicains de Cruz Azul, avec la folle perspective, pour le vainqueur de cette confrontation, d’affronter le grand Real Madrid au tour suivant. Et ça, le FC Sydney ne peut pas en dire autant.
Par Régis Delanoë