- Italie
- Serie A 2012-13
Mais qui êtes-vous, les promus de Serie A ?
La Serie A reprendra dans trois semaines. S’il est encore difficile de savoir si toutes les équipes débuteront avec le même nombre de points, on sait, en tous cas, que trois nouvelles équipes s’invitent sur la ligne de départ.
Pescara
L’équipe que l’on n’attendait pas. L’an dernier, Pescara a créé la sensation en Serie B, en terminant tout simplement à la première place du classement. Aucun doute à avoir là-dessus, le grand artificier de cette saison folle, c’est Zdenek Zeman. Le coach a inculqué sa mentalité aux joueurs de Pescara, misant quasi-essentiellement sur de jeunes joueurs italiens. Au final, son équipe a explosé les compteurs, avec 90 buts marqués en championnat, un score ahurissant sachant que lors des années précédentes, la meilleure attaque de Serie B surfait toujours sur une moyenne de 66-67 buts. Néanmoins, pendant l’été, Pescara a totalement été remanié. Pour leur première montée en Serie A depuis 19 ans, les Delfini ont tout changé. Exit le coach, Zeman, parti à la Roma, et exit aussi les trois joueurs qui ont transcendé le club vers la montée : Verratti (PSG), Insigne (Napoli) et Immobile (Genoa). Nouvel entraîneur, nouveaux joueurs, la stratégie des dirigeants peut laisser perplexe. Une équipe comme Novara, qui avait chamboulé son équipe à l’intersaison après sa montée en Serie A, peut témoigner qu’il vaut parfois mieux conserver un effectif qui se connaît déjà…
Le coach : De Giovanni Stroppa, on sait surtout qu’il va être le seul entraîneur à découvrir cette saison la Serie A. L’ancien joueur de la Lazio, de Piacenza et du Milan AC, ne compte sur son CV d’entraîneur qu’une expérience chez les jeunes du Milan AC, et une saison sur le banc de Sudtirol-Alto Adige, qui a terminé 7e de Lega Pro 1. En tant que coach, donc, il a tout à prouver. Alors, les chocottes ? Même pas. « Je ne suis pas effrayé, au contraire, j’espère que Pescara aura son mot à dire, même si nous ne devrons jamais oublier que pour obtenir des résultats, nous devrons souffrir » a-t-il assuré. Souffrir pour être beau. Souffrir pour ne pas se rétamer, surtout.
Le joueur à suivre : On aurait bien eu envie de dire Marco Verratti, mais il s’est tiré. On aurait bien eu envie de dire Lorenzo Insigne, mais il s’est tiré aussi. Du coup, à Pescara, le joueur à suivre, ce sera peut-être Vladimir Weiss. Arrivé de l’Espanyol Barcelone, où il était prêté, le joueur de Manchester City a choisi le promu abruzzese pour intégrer la Serie A. Âgé de 22 ans, il est considéré en Slovaquie comme l’un des cracks de l’équipe nationale, presque au même titre (on a dit « presque », hein) que Marek Hamsik. Par contre, que les tifosi de Pescara ne soient pas déçus : Vladimir Weiss n’a pas pour habitude de porter la crête.
Ce que vous ne saviez pas (ou que vous avez oublié) : Pescara n’a disputé que cinq championnats de Serie A, en 1977-78, 1979-80, 1987-88, 1988-89 et 1992-93. Pourtant, le club biancoazzurro a eu le temps d’héberger sous ses couleurs quelques illustres joueurs, aujourd’hui entraîneurs. Parmi eux : Massimiliano Allegri, Gianpiero Gasperini, Walter Mazzarri et surtout… Dunga. Le champion du monde 1994 a joué là-bas lors de la saison 1992-93. 23 matches, 3 buts. Merci d’être passé.
Torino
Enfin. Revoilà le Torino. Après trois saisons passées au purgatoire, l’autre équipe de Turin fait son grand retour parmi l’élite. Après deux premières années compliquées, les Granata ont disputé un championnat quasi-parfait, ne quittant jamais le podium. Comme pour Zeman à Pescara, grand mérite revient à l’entraîneur, Giampiero Ventura, qui a su imposer l’austérité dans cette équipe qui avait souvent pris la mauvaise habitude de partir dans tous les sens. Le vieux briscard est parvenu à construire une équipe faite de jeunes joueurs et d’éléments plus expérimentés. Le tout en s’appuyant sur quelques hommes forts qui connaissent bien la maison, comme Angelo Ogbonna ou Rolando Bianchi. Contrairement à Pescara, qui a finalement devancé le Toro de deux points au classement, la formation turinoise a gardé pratiquement tous ses éléments, et a intelligemment renforcé toutes les lignes, à commencer par le gardien de but avec l’arrivée de Jean-François Gillet. Et puis, le retour du Torino en Serie A, c’est surtout le retour du derby de Turin, qui n’a plus eu lieu depuis le 7 mars 2009. C’est peu dire que les tifosi de la Juve attendent de pied ferme leurs cousins au Juventus Stadium.
Le coach : Oui, Giampiero Ventura est ce que l’on peut appeler « un ancien ». Dans sa carrière, le coach de 64 ans a entraîné pas moins de 18 équipes. Son palmarès ? Deux championnats interrégionaux avec Entella et la Pistoiese, et un championnat de Serie C1 avec Lecce. En gros, Ventura est un homme qui obtient des promotions, comme il a su le faire avec le Torino. Désormais, il va avoir la dure tâche de réinstaller le Torino dans le panorama de la Serie A. Celui qui dit « entraîner par libido » va devoir faire au moins aussi bien que lors de sa première saison post-remontée avec Bari, en 2009-10, où il avait terminé 9ème.
Le joueur à suivre : On le suit depuis déjà quelques saisons, mais il va devoir cette saison prouver qu’il mérite d’avoir été, pendant deux ans, « le joueur de Serie B convoqué par Cesare Prandelli » . Ogbonna, ailier gauche inépuisable du Toro (74 matches de championnat sur les deux dernières années), va redécouvrir la Serie A avec trois ans de maturité en plus. Lorsqu’il l’a quittée, il avait 21 ans et était remplaçant. Il est désormais le titulaire indiscutable de l’équipe, convoité par l’Inter et le Milan AC. Une bonne pression en plus, donc.
Ce que vous ne saviez pas (ou que vous avez oublié) : On ne va pas reparler de la tragédie de Superga et du Grande Torino. On connaît déjà l’histoire. Ce que l’on sait moins, en revanche, c’est qu’en 1909, le Torino et la Juventus ont été réunis sous un seul et même maillot. A l’époque, le FC Torino est né de la fusion entre l’Internazionale Torino et le FC Torinese. A l’occasion d’un tournoi baptisé Trofeo Sir Thomas Lipton, le Torino et le FCB Juventus fusionnent pour créer le Torino XI. Le trophée est remporté par les Anglais de West Auckland. Le Torino XI termine 3ème. Sur quatre…
Sampdoria
Que la Sampdoria soit aujourd’hui sur la ligne de départ de la Serie A relève presque du miracle. Reléguée l’an dernier en Serie B (au terme d’une deuxième partie de saison 2010-11 catastrophique), la Samp s’est retrouvée, à un certain point de la saison, à la 11ème place de deuxième division. La remontée semblait impossible. Mais l’équipe de Beppe Iachini, l’homme du costard-casquette, a mis le turbo et réalisé une fin de saison en boulet de canon. Arrivée à la 6ème position (dernière place qualificative pour les play-offs), la Samp a réalisé des barrages parfaits, en se défaisant d’abord de Sassuolo, puis en battant Varese en finale. Et hop, un an après, revoilà l’équipe qui arbore le plus beau maillot du monde parmi l’élite. L’objectif des dirigeants est clair : ne plus jamais revivre un tel enfer. Les supporters rêvaient même du retour de la paire Pazzini-Cassano, qui avait emmené l’équipe génoise au tour préliminaire de la Ligue des Champions il y a deux ans. Pour le moment, ce rêve stagne un peu. Mais qu’importe. Être là, aux côtés des grandes équipes, est déjà un beau cadeau.
Le coach : Sa nomination a été une jolie surprise. Après avoir entraîné l’équipe d’Italie Espoirs, Ciro Ferrara s’assoit sur le banc de la Samporia. L’ancien défenseur de la Juventus ne compte pour le moment qu’une seule autre expérience sur un banc de touche. C’était justement à la Juventus, de mai 2009 à décembre 2010. Le bon Ciro avait finalement été viré après une défaite contre l’Inter en Coupe d’Italie et remplacé par Alberto Zaccheroni. Ce coup-ci, il débarque à la Samp avec un nouveau statut : celui d’un entraîneur ambitieux, qui va découvrir la maison génoise. Pas le droit de se planter.
Le joueur à suivre : Demi-finale aller des play-offs. Un but. Demi-finale retour des play-offs. Un but. Finale aller des play-offs. Un but. Finale retour des play-offs. Un but. Oui : Nicola Pozzi est clairement l’homme décisif de la Samp’ pour la remontée en Serie A. Déjà auteur de 17 buts en championnat, le jeune Italien, qui a remplacé Pazzini sur le front de l’attaque de la Sampdoria, ne demande plus qu’à exploser en Serie A. A 26 ans, on aurait même envie de dire qu’il pourrait se faire une petite place en Nazionale, tiens.
Ce que vous ne saviez pas (ou que vous avez oublié) : La Sampdoria est l’une des seules équipes en Italie (la seule ?) qui porte dans son blase le nom d’une véritable personne. En effet, Andrea D’Oria a été un homme politique italien de la République de Gênes dans les années 1500. Il a donné son nom à la Società Andrea Doria, qui a fusionné en 1946 avec la Sampierdarenese. Un peu comme si le PSG s’était appelé le Paris Saint-Hechter. Bah quoi ?
Eric Maggiori