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Mais qui est Manuel Lazzari, nouveau crack de la Lazio ?
À 23 ans, il évoluait encore en troisième division italienne, et son nom n'avait pas traversé les frontières de son pays. Aujourd'hui, il est titulaire à la Lazio où il est arrivé en 2019. Et où le milieu de terrain de 27 piges s'est rapidement imposé, grâce à son profil particulier. Focus sur l'itinéraire étrange de Manuel Lazzari, nouveau crack de son club.
S’il voulait que la majorité des amateurs de Serie A tombent amoureux de lui, il aurait difficilement pu faire mieux. Sur la pelouse de l’Atalanta lors de la vingtième journée de Serie A, et alors que sa Lazio mène 1-0 à la dix-neuvième minute de jeu, Manuel Lazzari s’effondre dans la surface de réparation de la Dea. À vitesse réelle, le penalty s’impose. Sauf que le bonhomme, qui a en réalité glissé tout seul au sol, agite ses index pour faire comprendre à l’arbitre qu’il n’y a aucune faute à siffler. Un geste de fair-play spontané, gratuit et qui permet en plus de ne pas gâcher du temps avec un nouvel instant VAR inutile.
Reste que les supporters romains n’ont pas attendu ce moment de classe pour kiffer leur ailier droit. Depuis son énorme performance contre l’ennemi de la Roma (deux passes décisives et impliqué dans le troisième but, pour une victoire 3-0), qui lui a permis d’être élu meilleur joueur de la journée du championnat italien pour la deuxième fois consécutive (après un déplacement déjà réussi à Parme) d’après les médias de son pays, le Monsieur de 27 ans est en effet définitivement devenu le nouveau crack de son club. Une belle récompense pour celui qui est arrivé en 2019 et qui s’est très vite imposé, alors qu’il évoluait encore en troisième division à 23 balais.
De la D4 à l’élite
Rien, en effet, ne prédestinait Lazzari à taper la balle dans l’élite. Auteur d’un parcours poussif comme l’Italie aime en offrir, à l’image de la trajectoire d’un Francesco Caputo, le natif de Valdagno a eu la chance – et le mérite – de grandir en même temps que la SPAL (où il a débarqué en 2013, quand son club de Giacomense a fusionné avec). Titulaire indiscutable pendant six grosses saisons à 30 matchs ou plus, le meilleur latéral droit de Serie B 2016-2017 atteint la première division en 2018 après avoir enchaîné les montées. Les montées au classement, mais aussi dans son couloir : l’année du passage en Serie A, le monsieur adresse pas moins de sept assists. Preuve que s’il aurait pu passer une bonne partie de sa carrière dans l’ombre, le fan de Kaká n’a pas volé sa place dans la lumière.
Surtout, son chemin prend un tournant resplendissant lorsque la Lazio jette son dévolu sur lui. Attaché à son schéma tactique en 3-5-2 (ou 3-5-1-1) dans lequel les postulants (Adam Marušić, Patric ou encore Rômulo) déçoivent, Simone Inzaghi cherche à l’époque un profil spécifique afin de tenir le rôle de piston sur son aile droite. Pour environ quatorze millions d’euros, l’entraîneur attire alors sa recrue dont il a énormément besoin et qui va vite lui donner satisfaction. Infatigable et avalant kilomètre sur kilomètre à une vitesse bien supérieure à la moyenne (il a déjà été flashé à 35 km/h), le petit nouveau apporte un mouvement offensif constant avec des centres et des dribbles à la pelle (il était même le treizième meilleur dribbleur d’Europe en mars 2018, selon Opta). Le tout, en sachant se montrer concentré défensivement et précis dans ses transmissions (85% de passes réussies cette saison, par exemple). Bref, une mobylette qui s’intègre parfaitement – et au bon moment – au convoi organisé par son coach.
Manuel (Lazza)rit
Excellent lors de l’exercice actuel (24 rencontres toutes compétitions confondues, une réalisation et quatre passes dé) malgré un test positif au coronavirus précédé d’un claquage, Lazzari a également connu ses premiers pas avec la sélection en 2018. Étape qu’il considère comme le plus beau moment de sa carrière, avec sa découverte de la C1. De quoi revenir sur son itinéraire insolite, sur Sky Sport Italia : « Passer des terrains de Serie D à ceux de la Ligue des champions, c’est rare. Pour moi, c’est quelque chose d’unique. Je suis content d’avoir atteint ce niveau, de jouer pour une équipe qui se bat pour le Scudetto et qui est en huitièmes de finale de la Ligue des champions. Je repense de temps en temps à mes débuts, ce furent des années difficiles. En particulier dans les ligues inférieures, quand on a parfois envie d’abandonner le foot après un mauvais match. Je ne pouvais vraiment rien demander de plus et j’espère donner l’exemple aux jeunes joueurs qui sont à ma place, car il ne faut jamais abandonner. »
Celui qui porte le numéro 29, en référence à sa date de naissance et à celle de sa sœur, sait aussi qu’il a fait le bon choix pour progresser en signant à la Lazio. « Venir à la Lazio vous fait changer de mentalité, vous voyez immédiatement la différence avec une équipe qui se bat pour le maintien. Vous devez gagner chaque match, que ce soit contre la Juve ou contre Crotone. Par rapport à l’année dernière, j’ai beaucoup grandi sur le plan mental. L’année dernière, j’étais très tendu quand je suis arrivé. Nouvelle équipe, stade incroyable… Il y avait beaucoup d’attentes, n’a-t-il pas caché au micro de Lazio Style Radio, en novembre. Cette année, je me suis débloqué : quand j’entre sur le terrain, je m’amuse. Et si je dois essayer des choses, j’essaye. » Une évolution qui fait plaisir à Inzaghi, et qui pourrait même l’envoyer à l’Euro. Pas si long, le voyage entre la quatrième division et le championnat d’Europe…
Par Florian Cadu