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Mais qui est donc ce Munir ?
À 18 ans et 357 jours, Munir El Haddadi est devenu le troisième plus jeune buteur de l'histoire du Barça. Une statistique qui cache un talent tout aussi précoce que merveilleux. Depuis son arrivée au club catalan en 2011, il n'a cessé de progresser. Jusqu'où ?
Majadahonda, commune de la périphérie madrilène, est connue pour abriter le centre d’entraînement de l’Atlético de Madrid. Son club, le Rayo de Majadahonda, est une des filiales officieuses des Colchoneros. C’est là-bas qu’à l’été 2010, Munir El Haddadi est envoyé en prêt par l’Atlético. Il n’y reviendra jamais. Cette jeune pépite, natif d’El Escorial, toujours dans la banlieue de la capitale, d’un père marocain et d’une mère espagnole, envoie du lourd en quelques mois. 32 buts en 29 rencontres, et un intérêt grandissant des mastodontes d’outre-Manche et d’Espagne. Le Barça, prévenu par l’un de ses scouts de la région, décide alors d’envoyer un technicien de la Masia. García Pimienta débarque au mois d’avril et assiste au match de cadets entre Brunete et le Rayo Majadahonda. Il en partira avec quelques solides certitudes. Munir El Haddadi vient d’inscrire un triplé « parfait » – du droit, du gauche et de la tête – et file quelques semaines plus tard à la Masia. Depuis dimanche, et l’ouverture de la Liga, ce même Munir affole la nébuleuse catalane. Auteur de son premier but officiel pour sa première apparition sous la liquette des grands, il est peut-être le nouveau crack qu’attendait la Cantera barcelonaise.
Déjà une Ligue des champions
En l’espace de 64 minutes sur le pré, Munir El Haddadi a trusté deux podiums de l’histoire du Mes que. En plus d’être devenu le troisième joueur madrilène à débuter avec le Barça, il en est également le troisième plus jeune buteur – derrière Bojan et Messi. Sa réalisation, d’un subtil extérieur, en dit long sur son talent. Un talent qui est couvé depuis l’été 2011, date de son arrivée. Sans griller les échelons, il s’impose comme la valeur sûre de sa génération. À coups de buts, forcément. Et de gestes fantastiques. Mieux, Munir choisit bien ses matchs. L’an dernier, pour la finale de l’UEFA Youth League (la Ligue des champions U19), il met à terre Benfica. Deux coups de boutoir, dont un depuis le milieu de terrain, suffiront à offrir le titre au Barça (3-0). Histoire de marquer de son empreinte cette compétition, il en termine meilleur buteur (11 réalisations) et meilleur passeur (5 passes). Entre-temps, il fait ses débuts avec le Barça B, signe son premier contrat professionnel et plante quatre buts pour autant de titularisations avec la réserve.
De cette croissance linéaire devaient forcément découler des débuts avec les grands. En ancien coach du Barça B, Luis Enrique puise parmi les meilleurs éléments de la Masia. Sitôt en place, il décide donc d’intégrer le jeune Munir à sa pré-saison. Le résultat, une réussite. Sur l’aile gauche, il apporte percussion, rapidité et technique. Et des buts, forcément. En deux doublés face à Helsinki puis face à Leon, il prend des galons dans la hiérarchie des doublures de la MSN – Messi, Suárez, Neymar. Tant et si bien qu’il pousse vers la sortie l’un des autres grands espoirs du club, Gerard Deulofeu, prêté jusqu’à la fin de saison au FC Séville. Autre signe de son intégration à la vitesse de l’éclair, il est titulaire pour l’ouverture du championnat. À la pause, suite à l’expulsion de Mascherano, il reste sur le pré. Luis Enrique préfère alors sacrifier son comparse Rafinha, remplacé par le central Bartra. Un choix payant puisqu’à la 46e minute, à la retombée d’une ouverture de Rakitić, il trompe le portier d’Elche d’un extérieur sans contrôle. Du grand art.
« Munir brûle les étapes »
Ses débuts en fanfare appellent forcément une certaine hystérie de la presse locale. « Une étoile est née » , « Superbe but du jeune Munir » : Mundo Deportivo et Sport sont ravis, le public barcelonais également. Une attente et des promesses que tente de calmer Luis Enrique : « Munir brûle les étapes avec une vitesse difficile à gérer, mais il nous offre beaucoup d’options. Il a de la personnalité et il nous aide, comme nous aiderons d’autres joueurs de la réserve. » Pourtant, Eusébio Sacristán, entraîneur du Barça B, semble s’être déjà fait une raison. « D’un côté, cela nous rend très heureux (que Munir évolue en équipe première, ndlr). D’un autre côté, cela nous laisse à penser que cela sera compliqué de pouvoir compter sur lui » , regrettait-il à demi-mot samedi dernier, avant le récital du jeune prodige. Un crack qui tente de garder la tête froide, les yeux en face des trous, puisque « personne ne connaît le futur » . Lui préfère s’éclater et jouer avec Messi, son idole. À ce rythme, et avec les absences de Neymar et Suárez, il devrait pouvoir continuer à goûter aux joies de l’équipe première. Malgré cette vilaine coupe de cheveux.
Son but en finale de l’UEFA Youth League :
Par Robin Delorme, à Madrid