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Mais qui est Arne Slot, le potentiel nouveau mage de Liverpool ?
À la recherche du successeur de Jürgen Klopp, Liverpool a semble-t-il jeté son dévolu sur un coach aussi méconnu que prometteur : Arne Slot. Encore adjoint il y a cinq ans, l’entraîneur de Feyenoord a d’abord fait ses classes à Alkmaar avant de faire le grand saut sur la scène nationale. L’heure sera-t-elle désormais au saut dans l’inconnu ?
Le départ annoncé de Jürgen Klopp en fin de saison a ému plus d’un supporter de Liverpool. Il a aussi implicitement provoqué un grand remue-ménage autour du nom de son successeur. Si on a pu entendre de nombreux patronymes circuler, notamment ceux de Xabi Alonso et Rúben Amorim, c’est celui d’Arne Slot qui semble tenir la corde depuis quelques jours. Inconnu au bataillon pour beaucoup il y a encore une semaine, le sosie non officiel de Brad Friedel mérite bien sa présentation, surtout s’il est amené à s’asseoir sur le banc d’Anfield Road lors des prochaines saisons.
→ C’était un bon joueur de deuxième division
Son nom ne vous évoque sûrement pas grand-chose comme coach, mais certainement encore moins comme joueur. S’il a longuement évolué en Eredivisie, avec le Sparta Rotterdam et NAC Breda notamment, c’est surtout en deuxième division qu’il a essentiellement brillé (tiens, déjà un point commun avec Jürgen Klopp), avec son club de cœur, le PEC Zwolle. Double champion de la catégorie, en 2002 et 2012, il a même été élu meilleur joueur du championnat, grâce à une saison à neuf buts et neuf passes décisives, un an avant sa retraite, en 2013. Toujours sous les couleurs de Zwolle, avec qui il aura disputé 176 matchs pour 52 réalisations et 30 passes décisives. Milieu offensif à l’aise ballon au pied, il a même laissé un petit héritage au monde du football avec la « Arne pass » qui consiste à jouer dos au but pour libérer et servir un ailier sur le côté.
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→ Fidèle de Guardiola, mais avec une touche Kloppienne
Pour faire tomber Guardiola et son Manchester City, Liverpool a donc jeté son dévolu sur un de ses énièmes disciples. À cette heure, ni Mikel Arteta, ni Erik ten Hag, ni Roberto De Zerbi, avec des moyens divers, n’ont réussi à faire tomber l’ogre espagnol en championnat. Avec Slot, les Reds pourraient être dirigés par un entraîneur qui s’est beaucoup inspiré du Catalan, et même de Jorge Sampaoli comme il le déclarait avant d’affronter Marseille en 2022. Cependant, il est aussi compatible avec la philosophie de Klopp. Surnommé par la presse locale le « Pep Guardiola néerlandais », il est attentif à ce que son équipe ait le contrôle du ballon, mais évolue cependant dans un 4-2-3-1 qui privilégie un football offensif et très vertical (2,58 buts par match en championnat). Surtout, ses joueurs courent, courent, et courent encore. Sous son crâne lisse, une volonté d’exercer un pressing permanent explique en partie ce constat, qui le rapproche ici grandement de l’actuel locataire du banc d’Anfield. Autant d’éléments, ajoutés au fait que son agente, Rafaela Pimenta, soit dure en affaires, qui font que Liverpool va devoir débourser un peu plus de 10 millions d’euros pour faire venir le Batave sur les bords de la Mersey. Après tout, s’ils voulaient simplement un fan de Guardiola, ils auraient pu prendre Pierre Sage qui, sans ses diplômes d’entraîneur, doit coûter beaucoup moins que 10 patates.
→ Comme Klopp, il arrive auréolé de trophées nationaux
Débarquer à Liverpool sans lettre de recommandation serait certainement suicidaire. Pour le club comme pour le coach nommé. Mais les Reds ont bien fait les choses, puisqu’au-delà d’adopter une démarche de puristes avec un entraîneur néerlandais méconnu, ils ont surtout ciblé un entraîneur victorieux. Pour sa première saison sur le banc du Stadionclub, et malgré un certain scepticisme à son égard lors de son arrivée en provenance de l’AZ Alkmaar, Slot ne s’est pas contenté de prendre ses marques. En amenant son groupe en finale de Ligue Europa Conférence 2022, il a fait frissonner tout un public qui s’est mis à rêver à un quatrième titre européen dans l’histoire du club. Battu par la Roma du pragmatique José Mourinho, il a tout de même conquis l’Eredivisie l’an dernier, avant de remporter la Coupe des Pays-Bas cette saison. Un parcours qui ressemble étrangement à celui de Jürgen Klopp avant d’arriver en Angleterre, puisque ce dernier avait aussi été sacré champion d’Allemagne (2011 et 2012), gagné la Coupe d’Allemagne et perdu une finale de Coupe d’Europe (Ligue des champions 2013).
→ C’est un mordu de football
À l’occasion d’une interview croisée avec Peter Bosz durant la trêve hivernale, Slot a révélé ne jamais se passer de football. Au point que, comme tout fan qui se respecte, il ne s’accorde du répit que quand viennent les trêves internationales. « Lorsque la saison est en cours, je n’arrive à m’éteindre que pendant les week-ends internationaux. Je ne regarde presque jamais les matchs, à moins qu’un de mes joueurs ne fasse ses débuts quelque part », a-t-il ainsi déclaré. Jamais à court d’envie pour visionner et revisionner son équipe, il « regarde presque tous les entraînements de Feyenoord, en partie l’aspect tactique de l’équipe ». Il raconte aussi prendre plaisir à regarder le football des quatre coins du continent et même la Ligue 1. « Quand je regarde l’AZ-PSV à la télé chez moi, en même temps il y a le Paris Saint-Germain contre Lille sur l’iPad », rejoue celui qui dit regarder au moins un match par jour « juste comme un fan ». Si avec ça il ne vient pas avec Benjamin André dans ses valises…
→ Il est un gros producteur d’Oranje
Lancé dans le grand bain sept ans après la fin de sa carrière après des passages chez les jeunes de Zwolle et deux mandats d’adjoint à Cambuur puis Alkmaar, il a pris les rênes de l’équipe première dès 2019 et a saisi sa chance en finissant 2e. Ce, avant d’être renvoyé en décembre 2020 pour avoir fricoté avec Feyenoord. Surtout, à l’image de ceux qui lui ont fait confiance, il n’a pas froid aux yeux, puisqu’il a confié aux médias qu’il souhaitait effectivement rejoindre Liverpool, confirmant de façon formelle les pourparlers avec le club anglais, sans se formaliser sur ce que cela représente de rejoindre un tel club : « Ce n’est un secret pour personne : je veux aller à Liverpool. J’attends maintenant que les clubs parviennent à un accord. Je suis confiant sur le fait que cela se produise. » Une assurance qui se ressent dans son coaching, lui qui n’hésite pas à faire jouer de jeunes pousses. Et ça paye. Entre Alkmaar et Feyenoord, Justin Bijlow, Tyrell Malacia, Lutsharel Geertruida, Mats Wieffer, Quinten Timber, Quilindschy Hartman, Calvin Stengs, Owen Wijndal, Myron Boadu, Teun Koopmeiners et un certain Marco Bizot ont tous connu les joies d’une première sélection avec les Oranje pendant qu’ils évoluaient sous ses ordres.
Par Julien Faure