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Mais qui es-tu vraiment, Danilo?
Latéral droit le plus hype du moment, Danilo affole le marché des transferts autant que les couloirs droits portugais et européens. Présentation d'un marathonien hors pair qui, à seulement 23 ans, a déjà le monde entier à ses pieds.
Certains parlent de lui à Manchester ou Liverpool, d’autres le voient au PSG. Carles Rexach, ancien joueur du FC Barcelone et membre de la direction du club catalan, l’envoie lui au Real Madrid. « On (les dirigeants de Porto) m’a dit que le Real Madrid avait déjà bouclé le transfert, même si je ne peux pas en être sûr » , a-t-il déclaré au micro de la chaîne Esport 3. Bref, c’est peu dire que toute l’Europe s’arrache le talentueux Danilo, patron du couloir droit des Dragons et de la Seleção. Pas de quoi prendre le melon. « Je suis concentré sur Porto » , ne cesse-t-il de marteler dans la presse portugaise. On veut bien le croire. C’est que le natif de Bicas est plus du genre à dire les choses en face qu’à pratiquer la langue de bois. C’est peut-être pour cela que tous les entraîneurs qu’il a côtoyés se sont toujours bien entendus avec lui. « Je ne me suis jamais disputé avec l’un d’entre eux et ça ne changera jamais. Quand je suis dans un club, ma priorité, c’est d’honorer le maillot, point » , expliquait-il dans le journal de sa ville natale peu après sa signature à Porto. Chez lui, pas de crises d’égo, même quand Vítor Pereira lui explique après quelques matchs sur le Vieux Continent qu’il serait mieux à droite qu’au milieu de terrain, position fétiche qu’il ne retrouvera sans doute jamais. La critique ? Il l’accepte sans se laisser décourager. « Tu ne peux pas abandonner à la première difficulté venue. Ni la deuxième. Ni la troisième. Ni la quatrième. » Une philosophie admirable qui lui a valu de passer de tout-droit générateur de courants d’air défensifs à celui de latéral droit passeur, buteur et défenseur.
Rigueur et froideur européennes
Avant d’envoyer Daniel Alves et Maicon aux oubliettes et d’affoler le marché des transferts, le Brésilien a dû surmonter pas mal d’obstacles, surtout au moment de débarquer sur le littoral « portuense » . Car si les 13 millions d’euros de son transfert de Santos au FC Porto sont un « motif de fierté plutôt que de pression » , la vie et le jeu à l’européenne lui posent rapidement problème. « C’était difficile de s’adapter au froid. » Dans tous les sens du terme. « À Santos, nous étions une bande de potes vraiment unie, on sortait, on s’éclatait ensemble, alors qu’en Europe, les gens sont plus renfermés, concentrés sur leur famille et leur vie personnelle » (l’interview date de 2012, ndlr). S’il s’éclate moins sur les bords de mer portugais qu’à la périphérie de São Paulo, l’intéressé convient que la rigueur du Vieux Continent est en grande partie responsable de son éclosion, par opposition à l’ « irresponsabilité défensive » du Brasileirão. Trop haut sur le terrain, trop laxiste en défense, trop imprécis dans son positionnement, le latéral droit paye ses lacunes tactiques à ses débuts, mais s’impose quand même très rapidement sur le côté droit, faute de concurrence, mais aussi parce que ses qualités offensives prennent le pas sur tout le reste. Puissance, percussion, habileté à centrer et frappe de mutant : Danilo possède l’arsenal offensif de l’arrière latéral moderne même s’il lui manque un soupçon de virtuosité pour être considéré comme le meilleur à son poste. Ce qui ne saurait tarder. Du moins, il travaille pour.
« Une force de la nature »
Car s’il fallait ranger le (probable ?) futur Merengue dans une case, celle du type qui arrive avant tout le monde à l’entraînement et repart en dernier lui siérait parfaitement. C’est en faisant preuve de professionnalisme qu’il a petit à petit corrigé ses erreurs défensives et atteint un niveau de régularité impressionnant. Tellement impressionnant qu’il est aujourd’hui difficile de le voir traverser un match comme un fantôme, même en le suivant 24h/24. Il est en revanche impossible de ne pas le voir traverser le terrain en long, en large et en travers. Dans une interview accordée récemment au quotidien portugais A Bola, Dunga louait cette « force de la nature » et le comparaît au Maicon des beaux jours. « Il avale les kilomètres les uns après les autres, multiplie les aller-retour, mais dégage constamment une sensation de fraîcheur. » De quoi forcer le respect, d’autant que ses saisons ressemblent davantage à un marathon géant qu’à une vie de footballeur. En 2014-2015, il a déjà disputé 36 rencontres – toutes comme titulaire – et en a terminé 32. « Il fait très attention à son alimentation et fait en sorte d’optimiser au maximum ses temps de récupération » , rapporte Dunga. Dani Carvajal a donc quelques mois pour se mettre à la diète et passer plus de temps à la salle de muscu.
Par William Pereira